Samedi en début d'après-midi, la Garde républicaine a bombardé les abords de la place du Changement, épicentre de la contestation à Sanaa, faisant 11 morts et 112 blessés parmi les soldats dissidents, a déclaré à l'AFP un porte-parole des militaires dissidents.
Cette attaque de la Garde républicaine, corps d'élite de l'armée yéménite commandé par un fils de Ali Abdallah Saleh, a visé un camp de la première division blindée du général Ali Mohsen al-Ahmar, rallié à la contestation, située près de la place du Changement.
Selon le porte-parole des soldats dissidents, une soixantaine d'obus sont tombés sur la camp. L'attaque est survenue alors que des centaines de milliers de manifestants, rassemblés sur la place du Changement, commençaient à défiler dans les rues avoisinantes.
Plus de 170 morts cette semaine
Dressant un bilan des violences pour la seule journée de samedi, le comité d'organisation des protestataires a fait état de nombreux décès: "Au moins 40 personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées samedi" dans divers quartiers de la capitale, y compris la place du Changement, a déclaré un membre du comité d'organisation.
En outre, un passant a été tué vendredi soir dans des combats entre hommes armés de tribus rivales à Al-Hassaba, un quartier du nord de Sanaa, a-t-on appris samedi auprès de sa famille. Et dans la nuit, 17 personnes ont été tuées et 55 blessées dans une attaque de l'armée contre la place du Changement, selon des sources médicales.
Ces attaques portent à 173 le nombre des personnes tuées depuis le déclenchement d'une vague de violences dimanche 18 septembre dans la capitale, selon un décompte de l'AFP. A Taëz (270 km au sud-ouest de Sanaa), les forces loyalistes, soutenues par des chars, ont bombardé la place de la Liberté, foyer de la contestation, et un quartier du nord-ouest de la ville, sans faire de victime, ont indiqué des témoins.
afp/sbo
Une "trêve" qui déclenche des combats
Alors qu'il avait autorisé son vice-président à négocier une sortie de crise, Ali Abdallah Saleh est revenu vendredi à Sanaa, après plus de trois mois de soins et de convalescence en Arabie saoudite à la suite d'une attaque contre son palais le 3 juin dans la capitale yéménite.
Le président a appelé à une trêve dans les combats entre les militaires qui lui sont fidèles, en particulier la Garde républicaine et la première division blindée, mais les combats ont repris avec encore plus d'intensité depuis vendredi soir.
"Je suis venu un rameau d'olivier à la main", a encore affirmé le président, dont le fils aîné, Ahmed, commande la garde républicaine, fer de lance des troupes engagées dans les combats contre ses adversaires.
Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978 et accusé de corruption et de népotisme, est confronté depuis janvier à un mouvement de contestation populaire dans les principales villes du Yémen.
Les monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont pressé samedi le président yéménite de signer "immédiatement" leur plan de sortie de crise, qui prévoit sa démission en échange d'une immunité. Les Etats-Unis et la France avaient lancé vendredi des appels similaires.