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Russie: Poutine et Medvedev permuteront en 2012

Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev s'apprêtent à échanger leurs sièges encore une fois. [RIA Novosti - Yekaterina Shtukina]
Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev s'apprêtent à échanger leurs sièges encore une fois. - [RIA Novosti - Yekaterina Shtukina]
L'homme fort de la Russie et Premier ministre, Vladimir Poutine, a annoncé samedi sa volonté de revenir au Kremlin après la présidentielle de mars 2012, et le président actuel, Dmitri Medvedev, s'effaçant devant son mentor, est appelé à devenir chef du gouvernement.

Dmitri Medvedev a dit qu'il laissait la candidature à la présidence à Vladimir Poutine et qu'il acceptait de diriger la liste du parti au pouvoir Russie unie aux législatives du 4 décembre pour ensuite "travailler activement" au gouvernement après la présidentielle, lors d'un congrès à Moscou de cette formation.

"Considérant qu'il m'a été offert de diriger la liste du parti (Russie unie) et, qu'en cas de succès, le fait que je sois prêt à travailler activement au gouvernement, je pense qu'il serait bon que le congrès soutienne la candidature du chef du parti, Vladimir Poutine, au poste de président du pays", a déclaré Dmitri  Medvedev, lors du congrès de Russie unie.

Vers un 3e et un 4e mandat

Vladimir Poutine, président pendant deux mandats (2000-2008), avait alors désigné Dmitri Medvedev pour lui succéder au Kremlin faute de pouvoir se présenter en 2008 pour un troisième mandat consécutif. Il est cependant libre d'être candidat en 2012.

Par ailleurs, une réforme constitutionnelle adoptée en 2008 a prolongé la durée du mandat présidentiel de quatre à six ans à partir de 2012. Théoriquement, Vladimir Poutine, 58 ans, pourra donc se représenter en 2018 et rester au pouvoir jusqu'en 2024.

"C'est un grand honneur", a déclaré l'actuel Premier ministre, avant de proposer Dmitri Medvedev pour lui succéder à la tête du gouvernement. "Je suis sûr que Russie unie va gagner (les législatives) et que sur la base de ce soutien populaire, Dmitri Anatolevitch pourra créer une équipe nouvelle, jeune, efficace et énergique et diriger le gouvernement de la Russie", a souligné Vladimir Poutine.

Un accord de longue date

Les deux hommes s'exprimaient devant quelque 11'000 militants du parti Russie unie, réunis au palais des sports Loujniki de Moscou. La foule a accueilli l'annonce de la candidature de Vladimir Poutine, un ancien officier du KGB de 58 ans, par un tonnerre d'applaudissements.

"Ce que nous offrons au Congrès est une décision mûrement réfléchie", a déclaré Dmitri Medvedev. "J'insiste sur une chose: nous avons toujours dit la vérité. Finalement, le plus important, c'est vous, le peuple russe, qui choisissez. Nous savons que nous nous présentons devant les électeurs pour gagner", a-t-il dit.

Quelques minutes plus tôt, Vladimir Poutine avait révélé que le président et lui étaient depuis "longtemps" d'accord quant aux rôles de chacun après les élections. "Je veux le dire clairement, l'accord sur ce qui doit être fait et par qui, nous l'avons trouvé il y a longtemps, il y a plusieurs années", a déclaré Vladimir Poutine avant l'annonce de sa candidature.

Dmitri Medvedev, un juriste de 46 ans, avait, lui, laissé entendre à plusieurs reprises qu'il ne se présenterait pas face à son mentor, à qui il doit toute sa carrière politique. En près de quatre ans à la présidence, il ne s'est jamais opposé à Vladimir Poutine, démentant systématiquement les rumeurs sur l'existence de tensions entre eux.

afp/sbo

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Poutine, une main de fer au pouvoir

Nommé Premier ministre en août 1999, Vladimir Poutine dirige de facto la Russie depuis 2000 et la démission du premier président russe, Boris Eltsine, miné par la maladie et l'alcool.

Homme à poigne, il est accusé par ses détracteurs d'avoir mis en place un système politique sur-mesure, s'attaquant à la liberté de la presse et réduisant à un rôle insignifiant l'opposition.

Il est aussi très critiqué en raison de la sanglante seconde guerre de Tchétchénie.

Les opposants ont d'ailleurs dénoncé le retour annoncé au Kremlin de Vladimir Poutine. "C'est un scénario catastrophique pour la Russie", a jugé Boris Nemtsov, un ex-vice Premier ministre de Boris Eltsine, dont le parti d'opposition Parnas n'a pas été enregistré par les autorités russes cette année.