PJ de Lyon: le procureur genevois s'exprime

En charge du volet suisse de l'affaire de corruption qui secoue la police judiciaire de Lyon, le procureur genevois Jean-Bernard Schmid a indiqué à la TSR lundi que l'enquête - après les perquisitions menées jeudi dernier - se poursuivait sur demande de la France en territoire suisse et que les éléments recueillis étaient transmis régulièrement à la justice de l'Hexagone.

Payés par des trafiquants?

Quant aux hypothèses qui peuvent être avancées à ce stade et qu'il incombera à la justice française d'établir, le procureur genevois évoque celles de "corruption active et passive du commissaire Neyret et de personnes de son entourage. Ce qui signifie que la justice française soupçonne un certain nombre de policiers d'avoir reçu des rémunérations de la part de trafiquants de stupéfiants ou de personnes liées au grand banditisme pour ne pas faire leur travail - fermer les yeux sur une livraison de stupéfiants par exemple. Et non seulement d'avoir rémunéré des intermédiaires", conclut Jean-Bernard Schmid.

L'interview du procureur Jean-Bernard Schmid (par Agathe Duparc et Marc Allgöwer):

Mise en examen en France

Côté français, l'enquête a pris un nouveau tournant lundi, avec la mise en examen du numéro 2 de la police judiciaire de Lyon, Michel Neyret. Le policier doit être présenté à un juge des libertés et de la détention qui devra statuer sur son éventuelle incarcération provisoire. Le parquet de Paris a pris des réquisitions de mandat de dépôt. "Il s'est expliqué clairement sur son métier, un métier dont il est très fier", a déclaré son avocate, Me Aurélie Sauvayre, ajoutant que son client était "combatif" et qu'il s'était battu toute sa carrière contre "la criminalité organisée".

Interpellé jeudi dernier, Michel Neyret a été interrogé durant 96 heures en garde à vue. Une autre personne, Michel Zaragoza, présenté comme proche du milieu lyonnais et interpellé également jeudi, doit être présentée au magistrat instructeur. Sa garde à vue s'est déroulée depuis vendredi aux urgences médico-judiciaires où il a été placé en raison de problèmes de santé.

Important trafic

En mai dernier, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour "trafic d'influence", "corruption passive et active" et "association de malfaiteurs" en marge d'une importante affaire de trafic de stupéfiants dans laquelle apparaissait des policiers. Cinq autres fonctionnaires de police sont encore en garde à vue: le chef de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) de Lyon, celui de l'antenne grenobloise et son adjoint, interpellés vendredi, et deux policiers de la brigade des stupéfiants de Lyon, arrêtés samedi et dimanche, a-t-on précisé de source judiciaire (lire:  Trafic de drogue ).

Soupçons

Trois d'entre eux pourraient être présentés mardi aux deux juges d'instruction saisis de ce dossier. L'épouse de Michel Neyret ainsi qu'un membre présumé du milieu lyonnais ont été mis en examen samedi. Mme Neyret a été remise en liberté sous contrôle judiciaire, mais pas l'homme dont l'identité n'a pas été dévoilée.

Agé de 55 ans, Michel Neyret est soupçonné d'avoir donné des informations confidentielles sur des opérations policières ou extraites de fichiers à des membres du grand banditisme, selon une source proche de l'enquête (lire:  Corruption). Il est aussi soupçonné d'avoir détourné des scellés pour rémunérer des indicateurs.

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