Selon Amnesty International, les diplomates filment et photographient les opposants qui manifestent depuis des mois devant des ambassades de Syrie en soutien au mouvement de contestation contre le régime du président Bachar al-Assad.
Dans certains cas, précise encore AI, des manifestants ont été directement menacés tandis que les membres de leur famille vivant toujours en Syrie ont été harcelés par les services de sécurité. L'organisation évoque même des arrestations, des actes de torture et des disparitions parmi les proches d'exilés.
Pour Neil Sammonds, spécialiste de la Syrie pour AI, "le régime semble mener une campagne systématique, parfois violente, pour intimider des Syriens à l'étranger et les réduire au silence. C'est une preuve de plus que le gouvernement (syrien) ne tolérera aucune forme de dissidence légitime et qu'il est prêt à aller très loin pour museler ceux qui le défient publiquement", a-t-il expliqué.
Intimidations directes
Menaces téléphoniques, messages via courrier électronique ou sur Facebook: AI dit avoir réuni des informations concernant plus de trente militants syriens en exil dans huit pays (Allemagne, Canada, Chili, Espagne, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Suède) qui ont été soumis à des formes d'intimidation directe.
Naima Darwish, une Syrienne vivant au Chili qui a créé un groupe de contestation sur Facebook, explique elle qu'un représentant de l'ambassade syrienne l'a contactée pour l'avertir qu'elle serait interdite de séjour en Syrie si elle continuait. En France, le quotidien "Le Monde" fait état dans son édition de mardi d'agressions d'activistes syriens à Paris.
Mater la révolte
Sur le terrain, en Syrie, l'armée tentait lundi d'écraser un début de révolte armée dans la région de Homs après six mois de manifestations contre le régime du président al-Assad. Les opérations militaires se concentreraient sur la ville de Talbisseh, dans la banlieue nord de Homs, selon des activistes locaux.
Trois soldats et un civil ont d'ailleurs été tués dans des affrontements mardi entre les forces syriennes et des déserteurs de l'armée dans la région de Jabal al-Zaouiya (nord-ouest de la Syrie), a annoncé l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme, basé à Londres.
Des violences ont été signalées en plusieurs endroits du pays, mais le gros des combats s'est déroulé dans la région de Jabal al-Zaouiya, qui est régulièrement le théâtre d'affrontements depuis des mois. L'Observatoire pour les droits de l'homme a également annoncé que le militant communiste Mustafa Ahmad avait été tué lundi soir par des hommes armés à Homs (centre), dernière en date d'une série d'exécutions ciblées de personnalités de la société civile perpétrées depuis une semaine, essentiellement dans la province de Homs.
Les pays occidentaux vont s'efforcer, eux, de faire adopter mardi au Conseil de sécurité de l'ONU une résolution afin de condamner la répression du régime syrien, malgré la menace d'un veto russe. (Lire ci-contre)
agences/olhor
LE CAS D'UN MILITANT A GENEVE
Un militant opposé au régime de Bachar al-Assad dit avoir été victime d'intimidations à Genève alors qu'il préparait un dossier sur la situation en Syrie pour le Conseil des droits de l'homme. Le 29 septembre, "le jour avant la réunion, ma voiture a été cambriolée. Mon ordinateur portable, mon GPS, un dossier de 45 pages ainsi que trois DVD sur la situation en Syrie ont été volés", a indiqué mardi à l'ats le fondateur du Collectif Jasmin, Shady Ammane, confirmant une information parue dans "Le Temps".
Son pot d'échappement avait par ailleurs été bouché par du papier et du mastic, provoquant une très forte détonation lorsque ce Suisse d'origine syrienne a allumé son moteur. "J'ai immédiatement déposé plainte auprès de la police", a-t-il déclaré. Une plainte qui s'ajoute à celle déposée il y a quelques semaines suite à des téléphones anonymes et des visites étranges à son domicile. Son cas n'est pas isolé.
La Russie toujours opposée à une résolution de l'ONU
La Russie a jugé mardi "inacceptable" la dernière version du projet de résolution des Occidentaux au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression en Syrie, malgré le retrait d'une référence directe à des sanctions.
Dans ce projet de résolution, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et le Portugal ont préféré parler de "mesures ciblées" plutôt que de "sanctions", afin de rallier les autres pays du Conseil de sécurité.
Ce projet, qui a fait l'objet d'intenses consultations ces derniers jours, est "malheureusement loin de nous satisfaire et toutes nos inquiétudes n'ont pas été prises en compte", a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, à l'agence Interfax. "C'est pourquoi le texte que les Occidentaux s'apprêtent à mettre au vote est inacceptable pour nous".
Guennadi Gatilov a souligné que Moscou souhaitait une résolution mettant l'accent sur la nécessité du dialogue politique en Syrie et que la pression soit mise aussi bien sur l'opposition que sur le régime du président Bachar al-Assad.
La Russie, pays allié de la Syrie et membre permanent du Conseil de sécurité, a bloqué ces dernières semaines tout projet prévoyant des sanctions contre le régime de Bachar al-Assad.
Entre-temps sur le terrain, la répression, qui a fait depuis la mi-mars plus de 2.700 morts selon l'ONU, a fait de nouvelles victimes à travers la Syrie.
Désertion d'un colonel syrien
Un colonel syrien a déserté en Turquie et a appelé à l'unité face au régime du président Bachar al-Assad, a annoncé l'agence de presse turque Anatolie. "Les forces d'opposition en Syrie devraient s'unir et resserrer les rangs jusqu'à ce que le régime s'effondre", a déclaré le colonel Riad al Asaad (bien Asaad), qui a trouvé refuge en Turquie, a précisé l'agence Anatolie.
Le colonel a décidé de déserter après la répression contre les manifestants anti-gouvernementaux et a formé une force d'opposition armée appelée "L'armée libre de Syrie", a précisé l'agence turque. Environ 7'500 Syriens ont fui la répression dans leur pays et trouvé refuge dans le sud de la Turquie.