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Trafic d'organes au Kosovo: le procès a débuté

Les receveurs d'organes payaient jusqu'à 100'000 euros. [Visar Kryeziu]
Les receveurs d'organes payaient jusqu'à 100'000 euros. - [Visar Kryeziu]
Sept personnes, pour la plupart des médecins, ont comparu mardi devant un tribunal au Kosovo, a annoncé la Mission européenne de justice au Kosovo (Eulex). Elles sont accusées d'avoir participé à un trafic et des transplantations illégales d'organes dans une clinique de Pristina.

Les sept inculpés sont accusés "d'un ou davantage (délits) de trafics de personnes, criminalité organisée, exercice illégal de l'activité médicale et d'avoir outrepassé leurs fonctions", a précisé Eulex dans un communiqué. Ils ont tous plaidé non coupables, selon la même source.

Le tribunal est composé de deux juges européens et d'un juge kosovar. L'énoncé des charges contre les prévenus a été lu par le Procureur européen Jonathan Ratel. Un témoin protégé est attendu mercredi devant le tribunal, a précisé Eulex.

Transplantations interdites

L'établissement visé est la clinique Medicus à Pristina, qui avait été fermée en 2008 à la suite d'une enquête policière. Des enquêteurs avaient été alertés par le malaise à l'aéroport de Pristina d'un ressortissant turc, dont un rein venait d'être transplanté à la clinique Medicus sur un ressortissant israélien.

Parmi les accusés figurent l'ancien secrétaire kosovar de la Santé, Ilir Rrecaj. Il avait fourni une licence à la clinique alors que la loi au Kosovo interdit les transplantations d'organes. Autre accusé, l'urologue Lutfi Dervishi. Ce praticien de renom à l'hôpital de l'université de Pristina aurait mis au point les activités illégales de la clinique. Son fils, propriétaire de la clinique située en banlieue de Pristina, a également été inculpé.

"Dr Frankenstein"

Selon l'acte d'accusation, les victimes qui donnaient leurs organes étaient recrutées dans des régions déshéritées de l'Europe orientale et d'Asie centrale. Ils se voyaient promettre quelque 15'000 euros, alors que les receveurs devaient payer chacun jusqu'à 100'000 euros.

Un médecin turc, le Dr Yusuf Ercin Sönmez, surnommé le "Dr Frankenstein" turc par la presse de son pays, est également mis en cause dans l'affaire de la clinique Medicus. Un procureur turc a réclamé la semaine dernière jusqu'à 171 ans de prison à son encontre pour avoir procédé à au moins onze ablations de reins sur des patients à la clinique Medicus. Ces organes étaient pour la plupart destinés à des malades souffrant d'insuffisance rénale en Israël.

Intermédiaire israélien

Un ressortissant israélien, Moshe Harel, est en outre visé. Il aurait servi d'intermédiaire entre donneurs et receveurs. Le procureur turc a également requis à son encontre 171 ans. Interpol a émis un mandat d'arrêt international à l'encontre des deux hommes.

Rapport du Suisse Dick Marti

Dans un rapport publié en décembre 2010, le parlementaire tessinois Dick Marty avait établi un parallèle avec le "cas contemporain" de la clinique Medicus. Son rapport pour le compte du Conseil de l'Europe était consacré à un trafic d'organes présumé perpétré par les maquisards kosovars albanais pendant la guerre contre Belgrade, en 1998-1999.

agences/olhor

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