François Hollande, 57 ans, qui souhaite incarner la rigueur de gauche, a remporté 39% des voix, selon les premiers résultats publiés par le PS après dépouillement de 1,3 million de suffrages alors qu'environ deux millions de votants ont participé au scrutin.
Il a devancé Martine Aubry, 61 ans, chef du PS, qui durant la campagne a davantage mis en avant son ancrage dans la gauche traditionnelle.
Martine Aubry a obtenu 30% des suffrages lors du premier tour de cette primaire inédite en France, au cours de laquelle tous les Français se reconnaissant des valeurs de gauche pouvaient voter moyennant une contribution d'un euro.
Ségolène Royal battue
L'écart entre les deux finalistes est moins important que ne l'avaient prévu les sondages. Et il était difficile de prévoir dimanche qui sera désigné pour affronter le candidat de la droite au printemps prochain, très probablement Nicolas Sarkozy.
Grande perdante, Ségolène Royal, 58 ans, qui avait représenté le PS pour affronter Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007, est arrivée quatrième (7%), derrière Arnaud Montebourg, 48 ans, représentant de la gauche du parti (17%). Ce candidat, qui prône la démondialisation et un protectionnisme européen, a créé la sensation de ce premier tour.
Viennent ensuite, Manuel Valls, 49 ans, à la droite du PS (5%) et Jean-Michel Baylet, 64 ans, président du petit parti des Radicaux de gauche (autour de 1%).
Pour le second tour dimanche prochain, François Hollande devrait bénéficier du report des électeurs de Manuel Valls, Martine Aubry de ceux d'Arnaud Montebourg. La grande inconnue sera la décision de Ségolène Royal, qui est aussi l'ancienne compagne de François Hollande et qu'elle n'a pas ménagé pendant la campagne. (Lire: Primaire socialiste)
Forte mobilisation
Le taux de participation pour ce scrutin devrait approcher les deux millions de votants. Le PS, qui en avait espéré au moins un million, a parlé d'un "grand succès". "C'est une immense victoire (...) pour la démocratie, les citoyens, les Français" qui va apporter une "immense légitimité" au candidat que les électeurs de gauche choisiront pour les représenter à la présidentielle, a déclaré le patron par intérim du PS Harlem Désir. "Le PS est prêt pour le grand rendez-vous de 2012", a-t-il ajouté.
Les électeurs de gauche ont été très nombreux dans les bureaux de vote, enthousiasmés de participer à cette primaire. "C'est génial de pouvoir choisir le candidat d'un parti dont on est proche, c'est un privilège: enfin on prend en compte le citoyen", s'est réjouie Valérie Halin. Cette forte participation, "c'est une manière pour nous de dire: on existe, ne nous prenez pas pour des moutons".
Dans cette course à l'investiture socialiste, François Hollande a bénéficié de la mise hors jeu de l'ex-dirigeant du FMI Dominique Strauss-Kahn, favori des sondages jusqu'à sa mise en cause (désormais abandonnée au pénal) pour crime sexuel contre une femme de chambre à New York.
Entré en campagne dès 2010, le député de Corrèze (centre) qui n'a jamais eu d'expérience ministérielle, a opéré une véritable mue pour se présidentialiser. Longtemps qualifié d'apparatchik pour avoir passé 11 ans à la tête du parti et souvent qualifié de "mou" parce que réputé très consensuel, François Hollande a tout fait pour se donner une image dynamique - il a perdu 11 kg - et crédible face à la crise économique.
Une de ses premières mesures s'il est élu président sera de mener une réforme fiscale, a-t-il répété. Martine Aubry, qui avait conclu un pacte avec DSK selon lequel le mieux placé se présenterait, est entrée tardivement en campagne apparaissant aux yeux de certains comme une candidate par défaut. Mais la maire de Lille (nord), qui a pris la tête du PS en 2008, a mis en avant son expérience d'ancien ministre et déclaré vouloir être "la présidente du redressement de la France".
agences/lan
Des primaires "à l'américaine"
Les socialistes français inaugurent dimanche un mode de désignation inédit pour leur candidat à l'élection présidentielle du printemps prochain: une primaire à l'américaine ouverte à tous les électeurs se reconnaissant dans les valeurs de la gauche.
Pour voter lors du premier tour et lors du second tour, le dimanche suivant, il faudra seulement être inscrit sur les listes électorales nationales. En fonction de leur lieu de résidence, les électeurs potentiels pourront trouver la localisation de leur bureau de vote sur le site internet dédié aux primaires socialistes.
Chaque électeur devra verser une contribution modique d'un euro et signer une charte dans laquelle il dira adhérer aux valeurs de la gauche: "Je me reconnais dans les valeurs de la gauche et de la République, dans le projet d'une société de liberté, d'égalité, de fraternité, de laïcité, de justice et de progrès solidaire."
En 2006, lorsque Ségolène Royal avait été désignée pour affronter Nicolas Sarkozy à l'élection de 2007, seuls les adhérents du Parti socialiste pouvaient voter.
Cette fois-ci, tous les électeurs en auront la possibilité, ce qui fait de la participation au scrutin une grande inconnue. Les responsables socialistes espèrent plus d'un million d'électeurs, pour insuffler une dynamique à leur candidat.
Les Français de Suisse romande ont aussi voté
444 personnes sont venues déposer un bulletin de vote. C'est un succès", a indiqué dimanche le responsable du bureau, Louis Lepioufle.
Au total, 88'000 Français sont inscrits dans les cantons dépendants du consulat français à Genève.
Les Français de Suisse alémanique devaient eux voter par correspondance.