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Sept ans de prison pour Ioulia Timochenko

En Ukraine, l'ex-premier ministre Ioulia Timochenko comparaît pour "abus de pouvoir" (ici, à la Cour de Kiev, le 30 septembre dernier). [Aleksandr Prokopenko]
En Ukraine, l'ex-premier ministre Ioulia Timochenko comparaît pour "abus de pouvoir" (ici, à la Cour de Kiev, le 30 septembre dernier). - [Aleksandr Prokopenko]
L'ex-Premier ministre ukrainienne Ioulia Timochenko, jugée pour "abus de pouvoir", a été condamnée à sept ans de prison. Elle a abusé de son autorité "à des fins criminelles" quand elle était Premier ministre, a affirmé mardi un juge à l'issue d'un procès controversé et très critiqué en Occident.

"En janvier 2009, Ioulia Timochenko, alors Premier ministre, (...) a usé de son autorité et de ses prérogatives légales à des fins criminelles, commettant des actes qui outrepassaient clairement ses droits et son autorité", a affirmé le magistrat Rodion Kireev.

Le juge a finalement formellement prononcé la culpabilité de l'opposante et l'a condamnée à sept ans de détention pour abus de pouvoir, pour avoir ordonné en 2009 la conclusion d'un accord gazier avec la Russie, désormais jugé contraire aux intérêts de l'Etat.

200 millions de dollars à rembourser

Ioulia Timochenko a aussi été condamnée à verser quelque 200 millions de dollars à l'entreprise publique des hydrocarbures Naftogaz pour rembourser les pertes occasionnées alors qu'elle était Premier ministre, a annoncé le tribunal de Kiev.

"Le tribunal a décidé de satisfaire la plainte de l'entreprise nationale Naftogaz et ordonne à Timochenko I.V. de rembourser les pertes de cette compagnie à hauteur de 1,516 milliard de hryvnia" (soit environ 200 millions de dollars), a déclaré le juge Rodion Kireev.

Recours devant la Cour européenne

Après l'annonce du jugement, l'opposante a indiqué qu'elle contesterait le jugement devant la justice européenne et a appelé à lutter contre l'"autoritarisme" en Ukraine. "Nous allons nous battre pour défendre notre réputation devant les instances européennes. Nous devons être forts et protéger l'Ukraine de l'autoritarisme et de l'absence de liberté", a-t-elle déclaré.

Pressions vaines de l'Europe

L'Union européenne a fait pression ces dernières semaines sur Kiev, jugeant les accusations contre Ioulia Timochenko douteuses et prévenant qu'une condamnation risquait de retarder la signature d'un accord d'association entre l'Ukraine et l'UE souhaité par le président Viktor Ianoukovitch.

Ioulia Timochenko a de son côté vertement attaqué mardi le chef de l'Etat, accusant ce dernier d'avoir orchestré ces poursuites afin de se débarrasser d'une redoutable adversaire politique. "Le procès et ce jugement ont été commandités par Ianoukovitch et montrent la faiblesse du pouvoir", a-t-elle affirmé lors d'une interruption d'audience.

agences/eai/olhor

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L'UE menace l'Ukraine "d'importantes conséquences"

L'Union européenne a menacé mardi l'Ukraine d'importantes "conséquences" si l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko ne bénéficie pas d'une procédure d'appel équitable après sa condamnation. Elle a évoqué notamment la "conclusion" d'un accord bilatéral avec Kiev.

L'UE est "profondément déçue" après la condamnation de l'ancienne Premier ministre ukrainienne à sept ans de prison et 200 millions de dollars de dommages, après un procès "qui n'a pas respecté les normes internationales en matière de procédures équitables, transparentes et indépendantes", a souligné la cheffe de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

"La façon dont les autorités ukrainiennes vont respecter d'une manière générale les valeurs universelles et l'Etat de droit, et spécifiquement la façon dont elle vont gérer ces cas risque d'avoir d'importantes conséquences pour les relations bilatérales UE-Ukraine, y compris la conclusion de l'accord d'association, notre dialogue politique et notre coopération de manière plus large", indique encore l'UE.

Les négociations en vue d'un accord d'association UE-Ukraine, comprenant un important volet commercial, sont entrées dans leur phase finale et pourraient déboucher théoriquement sur une signature en décembre. Lundi, les ministres européens des Affaires étrangères avaient décidé de poursuivre quoi qu'il arrive les négociations d'un point de vue technique, indépendamment de la question plus politique de les conclure officiellement par une signature.

La Russie dénonce un procès "anti-russe"

La Russie a dénoncé mardi le caractère "manifestement anti-russe" du procès de l'ex-Premier ministre ukrainien, Ioulia Timochenko, condamnée en Ukraine à sept ans de prison pour abus de pouvoir dans la conclusion de contrats gaziers avec Moscou.

"Nous ne pouvons pas ne pas souligner le caractère manifestement anti-russe de toute cette affaire", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

"En accusant Ioulia Timochenko d'abus de pouvoir lors de la conclusion de contrats de livraison de gaz russe en 2009, le tribunal Petcherski a ignoré le fait que ces accords ont été conclus en toute conformité avec la législation russe, ukrainienne et internationale", a souligné le ministère.

"En substance, Ioulia Timochenko a été jugée pour des accords juridiquement contraignants entre Gazprom et Naftogaz qui sont en vigueur et que personne n'a invalidés", selon la même source. "Les accords doivent être mis en oeuvre", conclut la diplomatie russe.