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Primaire socialiste: Hollande et Aubry face à face

Le débat entre les deux finalistes a parfois été vif mais toujours courtois. [Patrick Kovarik]
Le débat entre les deux finalistes a parfois été vif mais toujours courtois. - [Patrick Kovarik]
Un grand débat télévisuel a opposé mercredi soir les deux finalistes pour la primaire socialiste française. François Hollande et Martine Aubry ont surtout cherché à afficher des différences de personnalité, parfois plutôt vivement, faute de vraies divergences de fond, avant le second tour dimanche.

Pendant une heure et demie, François Hollande et Martine Aubry, qui aspirent l'un et l'autre à représenter la gauche modérée à l'élection présidentielle d'avril 2012 face à Nicolas Sarkozy, ont tenté de montrer leurs différences de tempérament, sans franchir de ligne jaune dans cet exercice inédit jusqu'ici maîtrisé par les socialistes.

Devancée de 9 points par François Hollande au premier tour (39% contre 30%) où plus de 2,6 millions d'électeurs de gauche se sont déplacés, Martine Aubry s'est montrée la plus agressive, insistant sur "l'importance de l'expérience" (elle fut numéro deux du gouvernement de Lionel Jospin entre 1997 et 2000 alors que son rival n'a jamais été ministre) et sa "constance".

Peu d'atomes crochus

Martine Aubry a parfois égratigné son adversaire: "François Hollande a changé de position sur certains points. Il a le droit, il faut que les Français le sachent", a-t-elle attaqué, en plaidant de nouveau pour une "gauche forte". Souvent attaqué par le camp Aubry pour sa "mollesse" supposée, François Hollande a répliqué qu'il ne voulait pas d'une "gauche dure". "On sort de cinq ans d'une présidence brutale. Nous serions, nous, une candidature sectaire? Je ne le veux pas. Je pense que le pays a besoin d'être apaisé", a-t-il lancé.

Les deux rivaux, qui ont grandi en politique à l'ombre de Jacques Delors, l'ancien président de la Commission européenne et père de Martine Aubry, ont certes promis de se soutenir mutuellement après le second tour mais ont eu du mal à cacher leur peu d'atomes crochus

"On a toujours eu avec François des relations amicales et franches", a-t-elle dit assez sèchement. François Hollande a poursuivi sans enthousiasme : "Je connais Martine depuis longtemps, nous avons toujours veillé à avoir du respect". Ils ont semblé exclure de devenir le Premier ministre de l'autre.

Accord sur la plupart des questions

En revanche, sur le fond, au terme d'un débat parfois technique, ce sont souvent les convergences qui sont apparues sur la réduction des déficits, la réforme fiscale, l'aide à la Grèce, le droit de vote des immigrés aux élections locales ou les négociations d'adhésion de la Turquie. Si Martine Aubry a tenté de créer des différences sur le rythme du désendettement ou le recrutement de professeurs, elles sont apparues un peu artificielles.

Pour le politologue, Jérôme Sainte-Marie, de l'institut CSA, "le débat a montré qu'on est plus dans un changement de personnes". Les deux ont "montré une grande connaissance et une grande compétence sur les dossiers abordés".

Arnaud Montebourg ne tranche pas

Arnaud Montebourg donnera peut-être une consigne de vote après le débat de mercredi. [Thomas Coex]
Arnaud Montebourg donnera peut-être une consigne de vote après le débat de mercredi. [Thomas Coex]

Le duel était particulier scruté pour les ouvertures que feraient les candidats aux électeurs d'Arnaud Montebourg, résolument à gauche et chantre de la démondialisation, dont le score (17%) a constitué la véritable surprise de ce scrutin inédit. Arnaud Montebourg avait demandé que les deux candidats lui fassent des réponses dans quatre domaines: contrôle du système financier, protectionnisme industriel, instauration d'une République moins présidentielle et lutte contre la corruption.

Les deux candidats lui ont apporté des réponses assez similaires, se déclarant favorables à une entrée de l'Etat au conseil d'administration des banques. Tous deux ont refusé de reprendre le mot protectionnisme: Mme Aubry a parlé des "dégâts du libre échange", d'"une régulation de la mondialisation" et plaidé pour le "juste échange". François Hollande s'est dit favorable à "l'économie ouverte, pas l'économie offerte".

Un proche d'Arnaud Montebourg a déclaré que le député ancré très à gauche ne donnera pas de consignes formelles de vote. Selon un sondage du Figaro, les électeurs d'Arnaud Montebourg se reporteraient de façon presque égale entre les deux finalistes: 45% pour François Hollande, 48% pour Martine Aubry.

afp/boi

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Des soutiens pour François Hollande

Avant le débat, François Hollande avait reçu le soutien crucial de Ségolène Royal, candidate malheureuse en 2002, qui n'avait rassemblé que 7% des voix au premier tour.

Ségolène Royal a appelé à "amplifier l'avance" de son ancien compagnon et père de ses quatre enfants. Celui-ci a salué "l'élégance et la responsabilité" de son ex-compagne.

François Hollande avait aussi reçu le soutien de Manuel Valls et Jean-Michel Baylet, 5,6 et 0,6% des voix au premier tour.

Martine Aubry demande l'appui des femmes et des jeunes

Martine Aubry a lancé mercredi soir un appel aux jeunes et aux femmes à voter pour elle lors du second tour des primaires socialistes.

En clôture du débat télévisé, la maire de Lille s'est adressée aux jeunes. "Préparez votre avenir et votez pour celle qui défend vraiment le changement profond et qui vous fait confiance", leur a-t-elle dit.

Puis elle a exhorté les électrices à voter pour "une femme présidente de la République dont la première mesure sera de faire voter cette loi sur l'égalité salariale hommes/femmes".

Elle a ajouté que cet argument convaincrait probablement aussi les "hommes de gauche qui sont pour l'égalité".

François Hollande s'est d'ailleurs dit attaché à l'égalité, suscitant une boutade de son adversaire: "Tu es pour qu'une femme soit présidente de la République!".