"Je veux rendre grâce à Dieu pour nous avoir protégés et nous avoir permis de tous sortir sains et saufs", a déclaré l'un des mineurs, Omar Reygadas, dans une brève allocution aux abords de la mine San Jose, dans le désert d'Atacama, dans le nord du Chili.
"Nous n'aurons jamais le temps de remercier tout le monde pour ces prières, ces larmes versées pour nous à travers le monde", a ajouté le mineur au nom de ses compagnons, dont 17 seulement sur les 33 assistaient à la messe en plein air.
La mine est fermée
Devenue il y a un an exactement une vraie ville dans le désert avec ses 3500 membres des familles ou amis des mineurs, sauveteurs, ingénieurs, journalistes, la mine fermée est aujourd'hui un endroit vide et poussiéreux, battu par les vents.
Le puits de secours de 622 mètres de profondeur et de 66 cm de diamètre, par lequel les 33 mineurs ont été treuillés, un à un, en une merveille d'ingénierie et d'exécution, est recouvert d'une chape de béton. L'accès à la mine de cuivre est barré d'une grande grille. "Danger", est-il écrit sur une pancarte.
La première pierre d'un monument, baptisé "Espoir" et dédié à leur sauvetage, a été posée jeudi. Etaient présents des ingénieurs, des sauveteurs, un ministre, qui furent les héros du sauvetage du 13 octobre, réalisé sans accroc en moins de 22 heures. Et suivi en direct, les yeux humides, par des centaines de millions de téléspectateurs dans le monde.
Dur retour à la normale
Un an après, sept des "33" demeurent en arrêt maladie, la majorité est sans emploi stable, même si certains ont bien réussi leur reconversion, donnent des conférences-causeries par exemple. Une poignée retravaillent même dans une mine. Un est retourné à l'université. Un autre, le plus sollicité médiatiquement, sort d'une cure de désintoxication de l'alcool. Un autre enfin vient d'être arrêté pour violence familiale.
"Les premiers mois ont été difficiles, mais nous sommes en train de retrouver le rythme de vie que nous avions autrefois. La mine aujourd'hui est déserte, et cela rend nostalgique. Et nous ne sommes pas tous ici, cela fait de la peine", a confié Dario Segovia, 49 ans, qui vend aujourd'hui des fruits sur les marchés. "J'ai bien réfléchi. Cela été difficile, mais j'y suis arrivé, avec l'appui de ma famille", a expliqué Jose Ojeda, un autre des "33", qui avait été l'un des plus affectés psychologiquement par le calvaire de 69 jours sous terre, consécutif à un éboulement.
Des divergences d'opinion
Les interviews-sensations, parfois payantes, accordées par certains d'entre eux ne sont pas au goût de tous. "Cela agace que des gens, peut-être pour de l'argent, parlent de choses qui ne correspondent pas à la réalité, et cela nuit", a déclaré Franklin Lobos, 54 ans, l'un des "33", un ancien footballeur professionnel revenu à sa passion et aujourd'hui entraîneur de jeunes.
"En bas, il n'y a jamais eu de cannibalisme, de drogue, d'alcool", a lancé Franklin Lobos, faisant allusion à la récente interview d'un compagnon, suggérant que manger l'un d'entre eux avait été envisagé, notamment dans les 17 premiers jours, les plus désespérés, avant que les mineurs ne soient découverts en vie.
Financièrement aussi, la situation se règle peu à peu. Le groupe San Esteban, propriétaire de San Jose, poursuivi pour l'accident, est parvenu à un accord avec l'Etat chilien pour régler 25% de la facture du "sauvetage du siècle", qui avait atteint 22 millions de dollars.
afp/boi
Chronologie des événements
5 août 2010: trente-trois mineurs sont bloqués dans la mine d'or et de cuivre de San José (800 km au nord de Santiago), après un éboulement.
22 août 2010: les mineurs sont découverts vivants par une sonde souterraine. Ils font remonter un message sur un bout de papier: "Nous allons bien, les 33, dans le refuge".
26 août 2010: la télévision diffuse les premières images des 33 hommes, montrant leur organisation sous terre.
29 août 2010: premiers dialogues par radio-téléphone avec les proches et message du pape. Plus de 60 sondes de ravitaillement acheminées en une semaine.
30 août 2010: début du percement d'un puits de secours de 30 cm de large par une excavatrice.
18 septembre 2010: la foreuse T-130 atteint les mineurs pour les ravitailler, mais doit encore élargir le conduit pour les extraire.
9 octobre 2010: jonction, à 622 mètres de profondeur, entre le puits de secours élargi et les mineurs.
13 octobre 2010: à minuit, heure locale, le premier des 33 mineurs, Florencio Avalos, est remonté sain et sauf à la surface. Dans la journée, ses compagnons sont hissés un à un du puits, par une nacelle. A 22 heures, Luis Urzua, le dernier des "33" est remonté à la surface. Célébrations de joie au Chili et dans le monde.
19 octobre 2010: après plusieurs jours d'examens médicaux complets pour tous, le dernier des 33 mineurs, Victor Zamora, est autorisé à quitter l'hôpital de Copiapo (nord) et à retrouver sa famille.
19 décembre 2010: les 33 créent une société anonyme pour protéger et exploiter leurs droits intellectuels et leur image.
16 juillet 2011: 31 des "33" poursuivent l'Etat chilien pour négligence, mettent en cause le Service national de géologie et des mines et réclament un demi-million de dollars d'indemnités.
30 août 2011: 14 des mineurs, les plus âgés et ceux souffrant de séquelles physiques et psychologiques, se voient octroyer une pension spéciale mensuelle de 250'000 pesos (538 dollars) par l'Etat, une de leurs revendications. Le cas des autres reste à l'étude.