Hollande veut "rassembler" contre Nicolas Sarkozy

Lorsqu'il se déclare le 31 mars depuis son fief de Tulle, préfecture de 15'000 habitants de la Corrèze, les ténors socialistes ont alors le regard tourné à 6000 kilomètres de là vers Washington, rivés au moindre signe de Dominique Strauss-Kahn, patron du FMI, qui caracole en tête des sondages.

Mais François Hollande, qui sillonne la France depuis déjà des mois, n'en a cure. "Quand on considère qu'on est la personne qui peut changer le pays, on ne discute pas de savoir si un autre peut avoir la même ambition", disait dès septembre 2010 celui qui a été désigné dimanche candidat socialiste à la présidentielle de 2012 en France.

A 57 ans, l'ex-numéro un du PS, aminci et débarrassé d'un physique tout en rondeurs qui lui avait valu le qualificatif peu flatteur de "Flanby" (un flan au caramel prisé des enfants), est déterminé à aller jusqu'au bout.

Cette ténacité lui permettra de s'engouffrer dans le vide créé par l'arrestation à New York le 14 mai de DSK, dont il récupère très vite la place de favori.

Un "président normal"

Voyant dans les primaires un "tour préliminaire" de la présidentielle, il répète que son devoir est "de rassembler les socialistes, puis la gauche et enfin les Français", dans la filiation de François Mitterrand dont il imite les postures en meeting. Sur les estrades, ce fin orateur, affable et souriant, fait mouche par son humour acéré dont il a fait un atout tout au long de sa carrière.

Assurant que "le prochain chef de l'Etat doit être l'inverse de Nicolas Sarkozy", il prône un "président normal", lui qui circule dans Paris en scooter, à l'inverse du style "bling-bling" des débuts de "l'hyperprésident".

Social-démocrate assumé, à l'aise sur les questions économiques, il concentre ses propositions sur "l'essentiel": l'emploi des jeunes, la justice fiscale, l'éducation et le sérieux budgétaire face à la crise de la dette.

"Un parti en miettes"

Ce destin présidentiel semblait pourtant impossible lorsqu'il quitte la tête du Parti socialiste fin 2008, au bout de onze ans. Il laisse un bilan décevant: si le parti a gagné au niveau local, il a perdu les présidentielles de 2002 et 2007.

Sa rivale dans la primaire, Martine Aubry, qui lui a succédé à la tête du parti en 2008, lui reprochera d'avoir laissé "un parti en miettes". Elle l'accusera d'incarner une "gauche molle", incapable de trancher. Lui répète qu'il veut "rassembler", porté par des sondages le désignant comme le plus apte à battre Nicolas Sarkozy grâce à l'apport de voix du centre.

Ce rassemblement, il le réussit déjà en obtenant le soutien de tous les éliminés du premier tour de la primaire, y compris celui crucial de son ex-compagne Ségolène Royal, mère de ses quatre enfants, qui avait pourtant stigmatisé son "inaction" en 30 ans de vie politique.

"Pas prêt" en 2007

Dès 1981, dans la foulée de l'élection de François Mitterrand, François Hollande, fils d'un médecin proche de l'extrême droite et d'une assistante sociale, ira défier à 26 ans aux législatives Jacques Chirac en Corrèze. Au PS, François Hollande sera un fidèle de Jacques Delors jusqu'à son renoncement présidentiel de 1995. Puis il suit Lionel Jospin qui lui confie les clés du parti en 1997 quand il devient Premier ministre.

En 2007, certains le poussent à se présenter à la présidentielle comme patron du PS. Mais il "ne sent pas prêt" et Ségolène Royal s'est déjà imposée dans les sondages. Il la soutiendra sans enthousiasme. Le couple est déjà séparé, rupture qui sera officialisée peu après la défaite de Ségolène Royal. Depuis, François Hollande vit avec la journaliste politique Valérie Trierweiler.

ats/vkiss