Cette déclaration reste en deçà des exigences du gouvernement espagnol, qui ne participait pas à la conférence et ne cesse de réclamer la dissolution pure et simple de l'ETA, très affaiblie et qui n'a plus commis d'attentat sur le sol espagnol depuis août 2009. "Le gouvernement réaffirme que ce que doit faire le groupe terroriste ETA est abandonner définitivement la violence, un point c'est tout", a déclaré lundi soir le porte-parole du gouvernement socialiste, José Blanco.
Le texte final de la conférence appelle l'ETA à faire "une déclaration publique d'arrêt définitif de l'activité armée" et à demander un "dialogue avec les gouvernements espagnol et français". "Si une telle déclaration est faite, nous demandons aux gouvernements espagnol et français de bien l'accueillir" et d'"accepter d'engager un dialogue", ajoute le texte lu par l'ancien Premier ministre irlandais Bertie Ahern. "En troisième lieu, nous demandons que soient faits des pas importants pour avancer vers la réconciliation, reconnaître, accorder des compensations et assister toutes les victimes", est-il écrit dans le communiqué.
Cette conférence associant des personnalités étrangères, dont l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan et le président du parti nationaliste nord-irlandais Sinn Fein Gerry Adams, ainsi que des acteurs politiques basques avait pour but de progresser vers un règlement du conflit.
Trêve de l'ETA depuis janvier
Selon un responsable du parti nationaliste basque PNV, l'ETA, qui observe une trêve depuis janvier, a déjà pris "une décision finale" sur l'arrêt définitif de la violence et pourrait l'annoncer dès cette semaine. Plusieurs observateurs parlaient cependant lundi soir d'une déclaration a minima. "On attendait un peu plus de cette conférence", a commenté Gorka Landaburu, directeur la revue "Cambio 16". "Qu'elle demande à l'ETA de cesser définitivement toute activité armée, c'est normal (...) Mais l'ETA ne va pas annoncer sa dissolution ni dans les prochains jours, ni dans les prochaines semaines".
Plus de 50 ans de violence
"Nous croyons qu'il est possible aujourd'hui de mettre fin à plus de 50 ans de violence et de parvenir à une paix juste et durable", avait auparavant déclaré Bertie Ahern. Cette conférence constitue "une étape très, très significative", avait souligné avant la réunion Gerry Adams, rappelant qu'un certain nombre de "faux espoirs" ont jalonné le conflit basque. Il a toutefois estimé que l'ETA comme le gouvernement espagnol devaient répondre "de manière significative" et s'engager sur la voie du dialogue.
L'exemple de l'IRA
A la réunion participaient également l'ancien chef de cabinet de l'ex-Premier ministre britannique Tony Blair, Jonathan Powell, très impliqué dans le processus de paix qui a mis fin à la lutte armée de l'IRA en 2005, l'ancien ministre français de l'Intérieur, Pierre Joxe, et l'ex-Premier ministre norvégien Gro Harlem Brundtland.
Toute négociation est interrompue entre le gouvernement espagnol et le groupe armé depuis un attentat qui avait mis fin à une précédente trêve de neuf mois, le 30 décembre 2006. Ces derniers jours, les déclarations se sont multipliées pour réclamer la fin du groupe basque, à l'approche des élections législatives du 20 novembre en Espagne qui devraient voir la victoire de la droite.
Gestes d'ouverture
L'ETA de son côté a fait plusieurs gestes, dont l'annonce le 23 septembre par un collectif de 700 prisonniers de leur intention d'adhérer à un accord réclamant l'abandon des armes. Considérée comme une organisation terroriste par l'Union européenne et les Etats-Unis, l'ETA est tenue pour responsable de la mort de 829 personnes en plus de 40 ans de lutte armée pour l'indépendance des territoires français et espagnols du Pays basque, et de la Navarre.
afp/olhor