Amnesty International a publié mercredi un rapport évoquant des contrats d'armement conclus depuis 2005 avec Bahreïn, l'Egypte, la Libye, la Syrie et le Yémen, cinq pays qui ont connu des soulèvements populaires.
La Suisse apparaît à plusieurs reprises dans le rapport. Depuis 2005, elle a livré des armes de divers calibres et des munitions à l'Egypte et au Bahreïn. Amnesty note toutefois qu'il n'existe aucune preuve directe que des armes suisses ont été utilisées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Bahreïn, Egypte, Libye
Contrairement à la plupart des autres pays, la Suisse n'a pas abandonné ses livraisons à destination du Bahreïn après le début de protestations contre le régime dans cet Etat. Entre 2006 et 2010, elle y a livré pour 5,85 millions de francs de matériel de guerre.
Concernant l'Egypte, les livraisons effectuées entre 2005 et 2009 se chiffrent à 6,07 millions de francs. Dans ce dernier cas, l'essentiel du montant, à savoir 4,48 millions de francs, portaient sur des armes de poing. Le Conseil fédéral ne délivre plus de nouvelle autorisation d'exportation à destination de ce pays depuis le printemps 2009.
Le rapport relève encore que les rebelles libyens ont obtenu des munitions produites en Suisse par Ruag, l'entreprise en mains de la Confédération, et qui avaient été livrées au Qatar. La législation suisse interdit au pays qui reçoit du matériel de guerre de l'exporter à son tour sans avoir obtenu le feu vert des autorités helvétiques. La Suisse n'est donc ici pas directement responsable mais ce cas éclaire les limites de la loi, relève la section suisse d'Amnesty International.
De nombreux fournisseurs
Dans le rapport, l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, la Bulgarie, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, la République tchèque et la Russie sont désignés comme les principaux fournisseurs des cinq Etats concernés.
Selon Amnesty, la Russie est le premier fournisseur de la Syrie, qui absorbe 10% de ses exportations d'armes. Dix Etats, dont la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, l'Allemagne, l'Italie, la Russie et l'Espagne, ont par ailleurs fourni des armes à la Libye de Mouammar Kadhafi, écrivent les auteurs du rapport.
"Le printemps arabe est la réaction de gens qui ont été privés de leurs droits par (...) des gouvernements et des services de sécurité qui utilisent des outils provenant d'Europe, d'Amérique du Nord, de Russie et d'ailleurs", a commenté Brian Wood, chargé des questions liées à l'armement au sein d'Amnesty International
agences/boi
Un traité en discussion à l'ONU
Selon Amnesty, ce rapport doit servir à tirer des leçons en vue de l'adoption par les Nations Unies d'un traité sur le commerce des armes.
Il interdirait les ventes d'armes aux Etats dont les dirigeants pourraient en faire usage contre leur peuple.
Le texte devrait être adopté en juillet 2012.