Juste après les prières de jeudi matin, Kadhafi, accompagné de quelques dizaines de gardes du corps et du chef de son armée Abou Bakr Younis Jabr, a tenté de fuir par l'ouest Syrte, assiégé depuis deux mois. Mais il n'a pas pu aller bien loin.
Selon l'OTAN, l'armée de l'air a touché des véhicules militaires appartenant aux kadhafistes à proximité de Syrte aux environs de 8h30 (locales et suisses). L'Alliance atlantique a dit ignorer si les frappes avaient tué Mouammar Kadhafi.
Jeeps détruites
Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a déclaré que l'unité aérienne, dans laquelle figurait au moins un avion français, n'avait pas "détruit" mais "stoppé" le convoi, qui aurait été selon lui intercepté par les combattants du CNT.
Quinze jeeps armées de mitrailleuses ont été détruites et gisaient fumantes à côté d'une usine d'électricité à une vingtaine de mètres de la route principale, à environ trois kilomètres à l'ouest de Syrte. Comme il n'y avait pas de "cratères" au sol causés par une bombe, on peut penser que la frappe a été l'oeuvre d'hélicoptères ou de chasseurs.
A l'intérieur des jeeps, on pouvait voir les corps des passagers et des conducteurs morts lors des attaques. D'autres corps reposaient mutilés sur le sol, une cinquantaine au total.
"Kadhafi est ici!"
Le dirigeant déchu et quelques-uns de ses proches ont réussi à sortir vivants de l'attaque. Il semble avoir couru à travers une rangée d'arbres vers la route principale pour se cacher dans deux conduits d'évacuation. Mais les soldats le poursuivaient.
"Un des hommes de Kadhafi a brandi son fusil en l'air en disant qu'il se rendait, mais dès qu'il a vu mon visage, il a tiré sur moi", a dit un de ces combattants, Salem Bakir. "Après, je pense que Kadhafi a dû lui dire d'arrêter. 'Mon chef est ici, mon chef est ici!', a dit l'homme, 'Mouammar Kadhafi est ici et il est blessé", a poursuivi Salem Bakir.
"Nous sommes alors entrés et nous avons sorti Kadhafi (du conduit d'évacuation). Il disait 'Qu'y a-t-il? Qu'y a-t-il? Que se passe-til ?', alors nous l'avons saisi et mis dans une voiture", explique-t-il.
Blessé
Au moment de sa capture, l'ancien chef d'Etat était déjà blessé par balles à la jambe et au dos, d'après Bakir. D'autres soldats progouvernementaux, présents lors de la capture de Kadhafi, ont confirmé la version des faits de Bakir lors de récits séparés.
Un homme a toutefois donné une autre version de la capture. "Un des gardes du corps de Mouammar Kadhafi a tiré sur lui à la poitrine", a dit Omran Djouma Shaouan.
D'après Bakir, le chef de l'armée kadhafiste Abou Bakr Younis Jabr a également été capturé vivant. Les autorités du CNT ont par la suite annoncé sa mort.
Transporté à Syrte
Des câbles électriques recouvraient l'entrée du conduit d'évacuation, où l'on pouvait voir trois corps à une entrée et quatre autres de l'autre côté. Tous étaient des noirs, et l'un se trouvait décapité.
De cet endroit, Kadhafi a été transporté à Syrte. Des images montraient Kadhafi étourdi et blessé, mais en vie, bougeant ses mains, tandis que les soldats le mettaient dans une jeep en le frappant et en lui tirant les cheveux. Ensuite, il semble être tombé par terre, entouré par la foule.
Les autorités du CNT libyen ont annoncé un peu plus tard que Mouammar Kadhafi avait succombé à ses blessures après sa capture.
ats/vkiss