Les deux capitales sont engagées depuis plusieurs jours dans un bras de fer sur le meilleur moyen d'accroître la force de frappe du Fonds (FESF), un instrument essentiel à l'Union monétaire pour espérer empêcher une contagion de la crise de la dette à des pays comme l'Espagne et l'Italie, dans le viseur des marchés.
La France continue de défendre des solutions impliquant la Banque centrale européenne (BCE), malgré l'opposition de l'Allemagne et de l'institut monétaire de Francfort lui-même, a affirmé vendredi un diplomate européen à l'AFP.
Selon Paris, la meilleure solution pour endiguer la propagation de la crise, surtout après une future restructuration de la dette grecque, consiste à faire en sorte que la BCE continue comme elle le fait depuis des mois à racheter des obligations d'Etats fragiles sur le marché secondaire, a expliqué cette source à l'AFP.
Création d'un établissement bancaire proposée
Or la BCE s'y refuse et cette compétence vient pour cette raison d'être transférée au Fonds européen de stabilité financière (FESF). Si in fine c'est bien le FESF qui devra racheter la dette des Etats fragiles, il faudra le renforcer et, là aussi, la France continue, selon cette source, de pousser des solutions impliquant la BCE: transformer le fonds de secours de la zone euro en établissement bancaire afin qu'il puisse emprunter auprès l'institut monétaire de Francfort.
A Berlin, l'opposition à ce scénario qui va à l'encontre des traités européens est vive. Plusieurs hauts responsables allemands ont même assuré, depuis jeudi, qu'elle n'était plus sur la table.
Opposition de l'Allemagne
"En aucun cas nous ne souhaitons qu'une licence bancaire soit donnée au FESF. C'est ce que veulent nos collègues, amis et partenaires en France. Mais c'est hors de question pour nous en tant que gouvernement, et pour la coalition (gouvernementale) tout entière", a affirmé le vice-chancelier allemand Philipp Rösler.
Ce clivage est l'une des raisons qui a contraint la zone euro à convoquer un sommet supplémentaire de ses dirigeants mercredi prochain au plus tard pour parvenir à un plan complet de réponse à la crise de la dette, après celui de dimanche initialement annoncé comme décisif.
afp/rber/pima
"Image désastreuse pour la zone euro"
La zone euro est en train de renvoyer à l'extérieur une image "désastreuse" du fait de ses difficultés à prendre des décisions pour régler la crise de la dette et ses divisions, a estimé vendredi le chef de file des ministres des Finances de l'Union monétaire, Jean-Claude Juncker.
"L'impact à l'extérieur est désastreux" pour l'Europe, a-t-il déclaré à la presse à son arrivée à une réunion de ce forum à Bruxelles. "Nous ne donnons pas vraiment l'exemple éclatant d'un leadership qui fonctionne bien". "Il va nous falloir nous mettre d'accord prochainement sur la manière dont nous pourrons améliorer le regard que les autres portent sur nous", a-t-il déclaré.
Sommet avec la Chine reporté
Le sommet annuel entre la Chine et l'Union européenne prévu mardi à Tianjin (nord) a été reporté en raison de la tenue d'un deuxième sommet européen, la semaine prochaine, sur la crise de la dette. Un sommet dont Pékin souhaite qu'il débouche sur une "réforme fondamentale" des finances des pays de l'UE.