"Ces chiffres m'impressionnent et je suis infiniment reconnaissante", a dit la présidente en s'adressant aux Argentins. "Si j'avais parlé de ces chiffres-là il y a à peine deux ans, on nous aurait traités de fous!", a-t-elle affirmé. Cristina Kirchner a obtenu 53,42 % des voix contre 17,18 % des voix à son principal rival, le socialiste Hermes Binner, et 11,43 % au radical Ricardo Alfonsin, selon les résultats officiels, alors que 80,08 % des bulletins étaient dépouillées.
Soutien "sans appel"
En plein milieu de la place centrale de la capitale, elle s'est adressée aux jeunes, avant de danser pendant un long moment aux côtés de son colistier, le ministre de l'Economie Amado Boudou. "Je veux remercier cette foule de jeunes argentins qui ont à nouveau récupéré la Place de Mai", a dit la présidente, qui devrait être en mesure de retrouver la majorité perdue en 2009 à la Chambre des députés et au Sénat.
Les Argentins renouvelaient en même temps la moitié des sièges de la chambre basse et un tiers de ceux de la chambre haute. Hermes Binner a reconnu sa défaite en félicitant "Madame la présidente". Toutefois, il a fait valoir que sa formation était "une nouveauté" dans le paysage politique. "Cette force est la deuxième du pays!", a-t-il lancé, rappelant qu'un socialiste venait de dépasser un radical, du jamais vu en Argentine.
La présidente a souligné que plusieurs homologues d'Amérique latine l'avaient appelée pour la féliciter, dont la présidente du Brésil Dilma Rousseff qui a eu "des mots très affectueux". Le président vénézuélien Hugo Chavez a pour sa part salué "le soutien sans appel" que les Argentins ont apporté à Cristina Kirchner. Pour être élue au premier tour, celle-ci devait obtenir soit plus de 45% des voix, soit plus de 40% avec une avance de plus de 10 points sur son principal rival.
Écart de voix historique
"Cette différence est historique", a dit l'analyste Rosendo Fraga, de l'institut Nueva Mayoria. De son côté, Mariel Fornoni, de Management & Fit, a dit qu'à l'exception de la province de San Luis (centre), Cristina Kirchner "gagne partout dans le pays". Les classes populaires, électorat traditionnel du péronisme, lui étaient acquises, mais aussi une bonne partie des classes moyennes, voire des cadres supérieurs qui misaient sur la stabilité économique. Dès les primaires du 14 août, que Cristina Kirchner a emportées avec plus de 50% des voix, la différence était apparue insurmontable pour ses rivaux.
La consommation est en plein boom, avec 4% d'augmentation par an, et le taux de chômage dépasse à peine 7%. La croissance a été de 8% en moyenne depuis 2003 à l'exception de 2009. L'Argentine bénéficie en outre de l'envolée des prix des matières premières, notamment du soja, dont elle est le troisième exportateur mondial.
Cristina Kirchner a fait aussi la paix avec les classes moyennes, que son mari avait effrayées lors du conflit avec les agriculteurs, en 2008, refusant jusqu'au bout toute négociation. La mort de son mari lui a permis en outre de donner d'elle une tout autre image, moins autoritaire et plus consensuelle.
afp/bkel