Modifié

Tunisie: les islamistes d'Ennahda se disent en tête

En raison de la très forte affluence au scrutin de dimanche, le dépouillement des bulletins durera plus long que prévu. [AP - Amine Landoulsi]
En raison de la très forte affluence au scrutin de dimanche, le dépouillement sera plus long que prévu. - [AP - Amine Landoulsi]
Le visage de la future assemblée constituante tunisienne s'esquissait lundi, au fur et à mesure des résultats annoncés par les partis. En attendant la proclamation des résultats officiels, prévue pour mardi, beaucoup saluent le taux de participation, qui s'élève à plus de 90%.

Les premières tendances et déclarations confirmaient lundi l'avancée d'Ennahda, attendue. La surprise est venue en revanche de la défaite du Parti démocrate progressiste (PDP, centre gauche), formation historique tunisienne qui s'est posée pendant toute la campagne comme principale force alternative à Ennahda.

Au lendemain d'un scrutin historique marqué par une forte mobilisation des Tunisiens, les islamistes ont été les premiers à annoncer leurs propres estimations: "environ 40% des voix", a déclaré à l'AFP Samir Dilou, membre du bureau politique du mouvement. Soit au moins 60 sièges sur les 217 que comptera la future assemblée constituante, a précisé un autre dirigeant du mouvement.

Des alliances seront nécessaires

Ennahda, qui devra nouer des alliances, sera en position de force dans la constituante, chargée de rédiger une nouvelle constitution et de former un nouvel exécutif. Les islamistes, qui ont voulu présenter tout au long de la campagne un visage modéré et conciliant, ont répété qu'ils souhaitaient un gouvernement de large union nationale.

Derrière Ennahda, deux partis de gauche se disputent la deuxième place. Ettakatol, emmené par le médecin et ancien opposant Mustapha Ben Jaffar, "arrivera en deuxième ou troisième position", avec "autour de 15% des suffrages", selon des dirigeants du parti. L'autre parti de gauche en lice pour la deuxième place, le Congrès pour la république (CPR) de Moncef Marzouki, a réalisé une percée surprise, obtenant entre 15 et 16% des voix, selon des estimations.

Laminé avec entre 8 et 10% des voix selon les estimations non officielles, le Parti démocrate progressiste (PDP) fondé par Ahmed Néjib Chebbi a pris acte de sa défaite.

Un scrutin très suivi à l'étranger

La communauté internationale suit aussi attentivement ces élections, qui pourraient fournir une indication des développements à attendre dans les bouleversements en cours dans le monde arabe. Barack Obama a déclaré que la révolution tunisienne avait "changé le cours de l'Histoire".

Le secrétaire général de l'ONU Ban ki-Moon a salué le déroulement pacifique des élections et appelé "les parties prenantes à rester attachées aux principes de transparence durant les prochaines phases de la transition". La cheffe de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton déclaré que le scrutin marquent "le commencement d'une nouvelle ère".

Si elle était confirmée, la victoire d'Ennhada serait le premier succès enregistré par une formation islamiste dans le monde arabe depuis la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes de 2006. En décembre 1991, le Front islamique du Salut (FIS) avait remporté le premier tour des élections législatives algériennes mais le scrutin avait été finalement annulé par l'armée.

agences/pbug

Publié Modifié