La plupart des victimes sont tombées dans les régions de Homs et de Hama, deux foyers de la contestation dans le centre du pays, selon des militants. "Douze civils ont été tués dans divers quartiers de la ville de Hama, 20 autres dans la ville de Homs et un civil à Qousseir, dans la région de Homs", théâtre depuis plusieurs semaines d'opérations de l'armée, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Deux civils ont également été tués et dix autres blessés par les tirs des forces de sécurité à Tsil, dans la province de Deraa (sud), tandis qu'un adolescent de 15 ans a péri dans la province d'Idleb (nord-ouest).
Des centaines d'arrestations
"Plus de cent personnes ont été blessées ce vendredi en Syrie. Et 500 autres ont été arrêtées à travers le pays", a affirmé le chef de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. Selon lui, "Homs a donné 40% des martyrs de la Révolution syrienne".
Depuis le 15 mars, la répression a fait plus de 3000 morts, selon l'ONU. Comme chaque vendredi depuis le début mi-mars de la contestation contre le régime du président Bachar al-Assad, de nombreuses manifestations ont eu lieu à la sortie des mosquées, après la grande prière de la mi-journée.
Plusieurs rassemblements ont ainsi eu lieu à Homs après la prière, en particulier dans le quartier de Deir Balaa, où près de 20'000 personnes ont défilé en réclamant la chute du régime, selon des militants.
Les pays arabes dénoncent
A Damas, des dizaines de jeunes ont défilé pour la liberté dans le quartier de Barzé, malgré un déploiement massif des forces de sécurité, qui ont procédé à plus d'une quarantaine d'arrestations, selon l'OSDH. Dans le quartier historique de Salhié, en plein coeur de la capitale, les mosquées étaient encerclées par des agents de sécurité pour empêcher les manifestations, selon les Comités de coordination locaux (LCC), qui chapeautent la mobilisation sur le terrain.
Les ministres arabes des Affaires étrangères ont dénoncé vendredi les "meurtres de civils" en Syrie, dans un message au président syrien Bachar al-Assad, appelant Damas à "prendre les mesures nécessaires" pour protéger la population civile. "Le comité ministériel arabe a exprimé son rejet des meurtres de civils qui se poursuivent en Syrie et a exprimé l'espoir que le gouvernement syrien prendra les mesures nécessaires pour les protéger", souligne le message rendu public dans un communiqué.
Mobilisation à l'ONU
L'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud, a déclaré jeudi que les 15 pays membres du Conseil de sécurité pourraient se retrouver pour une nouvelle action contre la Syrie. "Nous sommes tous horrifiés par ce qui se passe en Syrie. Toutes les promesses de réforme ne mènent à rien", a-t-il dit.
Début octobre, le veto de la Chine et de la Russie avait pourtant empêché une résolution menaçant Damas de "mesures ciblées". Mais jeudi, l'émissaire spécial chinois pour le Proche-Orient, Wu Sike, qui a effectué une visite à Damas, a appelé à "mettre fin à tous les actes de violence et à l'effusion de sang et à mener des réformes par le biais du dialogue et des voies pacifiques".
afp/sbo
Des réfugiés syriens en Suisse
L'association des Démocrates syriens, regroupant des Syriens de Suisse, a réuni vendredi plusieurs témoins touchés par les répressions afin de discréditer la thèse du complot évoquée par le pouvoir en place. Elle a appelé la communauté internationale à des mesures immédiates pour arrêter les violences en Syrie.
Une dizaine d'hommes, séjournant en Suisse depuis quelques jours pour les uns, plusieurs décennies pour les autres, ont apporté leurs témoignages. Le message s'adresse surtout aux partisans du président Bachar al-Assad "qui manifestent encore en sa faveur notamment en Suisse", a déclaré devant la presse à Lausanne le président de cette association créée en septembre, Tawfik Chamaa.
Un jeune homme de 25 ans originaire de la ville de Douma vient d'arriver en Suisse il y a trois jours après un voyage de trois semaines à travers la Turquie et l'Italie. Cet activiste, qui filmait les manifestations depuis le début des troubles afin de les poster sur internet, a l'intention de demander l'asile en Suisse. Il a quitté son pays suite aux pressions de sa famille.
Son frère, qui participait aux protestations, est resté handicapé après avoir reçu une balle dans la tête en avril. "La balle est toujours là, il n'ose pas aller se faire soigner de peur de se faire assassiner", dit-il sous couvert d'anonymat. Il craint des représailles pour ses proches.