Les Palestiniens ont obtenu un vote clair de la Conférence générale de l'UNESCO, qui réunit tous les Etats-membres: 107 voix pour, 52 abstentions (dont celle de la Suisse) et 14 voix contre.
"La Conférence générale décide de l'admission de la Palestine comme membre de l'UNESCO", dit le texte de la résolution. Les Palestiniens détenaient jusqu'à présent le statut d'observateurs au sein de l'agence de l'ONU chargée de la culture.
"L'entrée de la Palestine porte le nombre d'Etats membres de l'UNESCO à 195", a dit l'organisation dans un communiqué. Elle s'ajoute à celle du Soudan du Sud, votée vendredi dernier.
"C'est vraiment un moment historique qui rend à la Palestine certains de ses droits. La Palestine est le berceau des religions et des civilisations", s'est félicité devant les Etats-membres le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, Riyad al-Malki.
Le président de l'Autorité, Mahmoud Abbas, a qualifié le vote de l'UNESCO de "victoire du droit, de la justice et de la liberté".
"Nous sommes persuadés que le monde entier se tient aujourd'hui aux côtés du peuple palestinien et qu'il s'agit d'un vote en faveur de l'établissement de l'Etat de Palestine dès que possible, a ajouté Mahmoud Abbas, cité par son porte-parole Nabil Abou Roudeina.
Obstacle pour les négociations
A Gaza, un porte-parole du Hamas, au pouvoir dans ce territoire, a jugé la décision de l'UNESCO comme "une étape positive qui confirme les droits authentiques du peuple palestinien sur sa terre". Israël a immédiatement dénoncé "une manoeuvre palestinienne unilatérale qui ne changera rien sur le terrain, mais éloigne davantage la possibilité d'un accord de paix".
"Cette décision ne transformera pas l'Autorité palestinienne en un véritable Etat mais place des obstacles inutiles sur le chemin de la reprise des négociations", a ajouté le ministère israélien des affaires étrangères.
Washington annule le versement de novembre
Les Etats-Unis ont réagi en annonçant la suspension immédiate de leur contribution financière au budget de l'UNESCO. La législation américaine ne laissait pas d'autre possibilité, a souligné Victoria Nuland, porte-parole du département d'Etat.
Le versement de 60 millions de dollars prévu en novembre n'aura pas lieu, a-t-elle ajouté. Les Américains sont tenus par deux lois qui interdisent le financement d'une agence spécialisée des Nations unies qui accepterait les Palestiniens en tant qu'Etat membre à part entière.
La contribution financière américaine à l'organisation est de 70 millions de dollars, soit 22 % de son budget. Israël devrait suivre les Américains et retirer lui aussi sa dotation.
La Maison Blanche avait estimé plus tôt lundi que ce vote était "prématuré" et "contre-productif" dans la perspective d'une reprise désespérée des négociations au Proche-Orient.
La Suisse s'abstient
La quasi-totalité des pays arabes, africains et latino-américains se sont prononcés pour l'adhésion, tout comme la France, qui avait pourtant émis de sérieuses réserves ces derniers jours sur la démarche palestinienne.
Les Etats-Unis, l'Allemagne et le Canada ont voté contre, tandis que parmi les Européens, l'Italie et le Royaume-Uni se sont abstenus.
Beaucoup d'Occidentaux estiment que la candidature à l'UNESCO ne peut précéder l'aboutissement de la démarche entreprise par les Palestiniens auprès de l'ONU.
A l'instar de l'ambassadeur suisse Rodolphe Imhoof, qui s'est abstenu lors du vote, parce que la Suisse "considère que le débat n'a pas à être mené dans le cadre d'une organisation à vocation technique comme l'UNESCO", selon une déclaration écrite publiée lundi.
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