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Témoignage: les dernières semaines de Kadhafi

Pour Mansour Daou, ex-chef des services de sécurité intérieure, la fuite de Syrte, qui précipitera la chute de Kadhafi, a été "une erreur monumentale". [KEYSTONE - Sergey Ponomarev]
Pour Mansour Daou, ex-chef des services de sécurité intérieure, la fuite de Syrte, qui précipitera la chute de Kadhafi, a été "une erreur monumentale". - [KEYSTONE - Sergey Ponomarev]
Depuis sa prison, un proche de Mouammar Kadhafi raconte les dernières semaines du "Guide", sous les bombes jusqu'à sa mort le 20 octobre. Un homme "déprimé, inquiet" qui préférait "mourir en Libye qu'être jugé" par la Cour pénale internationale (CPI).

Le 27 juin, la CPI avait émis un mandat d'arrêt pour crimes contre l'humanité contre Mouammar Kadhafi, son fils Seif Al-Islam et Abdallah Al-Senoussi, l'ancien chef des services secrets militaires de Libye.

La mesure aurait aggravé les choses, assure Mansour Daou, ex-chef des services de sécurité intérieure, emprisonné à Misrata: "Le mandat d'arrêt de la CPI les a décidés, lui et ses fils, à rester en Libye (...) Kadhafi disait "je préfère mourir en Libye plutôt qu'être jugé par (le procureur de la CPI Luis) Moreno-Ocampo"".

Seif Al-Islam et un autre fils, Mouatassim, "voulaient que Kadhafi reste, surtout Seif", considéré comme son dauphin, tandis que "Senoussi le mettait sous pression pour qu'il parte", en vain.

Le 19 août, les forces du Conseil national de transition (CNT) étant aux portes de Tripoli, Mouammar Kadhafi file à Syrte, sa région natale, s'y sachant populaire. Les pro-CNT entrent dans Bab al-Aziziya, sa résidence, le 23.

Abandonné par ses "amis"

"Kadhafi savait que c'était fini (...) depuis que ses troupes avaient été repoussées de Misrata", un des fiefs de l'insurrection, le 25 avril, et devenait depuis "de plus en plus nerveux", se rappelle Mansour Daou.

"Il était aussi sous pression parce que ses amis l'avaient abandonné, Berlusconi, Sarkozy, Erdogan , Tony Blair. Ca l'a miné, il les considérait comme des amis proches", ajoute-t-il.

Seif al-Islam Kadhafi. [Paul Hackett]
Les autorités libyennes ont assuré que Seif al-Islam bénéficierait d'un procès équitable. [Paul Hackett]

Au début, l'ex-dictateur vit dans un hôtel de Syrte. Mais les pro-CNT atteignant les faubourgs mi-septembre, il change ensuite de logement quasi quotidiennement par mesure de sécurité. Ses approvisionnements se réduisent, les bombes commencent à pleuvoir, les combats s'intensifient, dévastant la cité.

L'électricité et l'eau courante sont coupées, la nourriture se fait rare. Celui qui veillait sur sa sécurité décrit un homme "déprimé, très inquiet". "C'était très inhabituel de le voir comme ça", dit-il.

Mouatassim, aujourd'hui mort, mène le combat à Syrte, tandis que Seif, actuellement en fuite, n'y viendra jamais: "à partir du 27 août, il est resté à Bani Walid", autre bastion pro-Kadhafi qui tombera peu avant Syrte, et "je ne l'ai jamais revu depuis", raconte Mansour Daou.

Les combattants professionnels tombant les uns après les autres sous le déluge de feu des pro-CNT, des volontaires de Syrte peu expérimentés viennent les appuyer.

La fuite, "une erreur monumentale"

"Kadhafi lisait des livres, prenait beaucoup de notes, faisait des siestes. C'est Mouatassim qui commandait les combattants. Kadhafi ne s'est jamais battu. Il était vieux", explique l'ex-dignitaire.

Le 19 octobre, la situation est désespérée: le dernier carré est encerclé dans le quartier n°2 de Syrte, pilonné par les bombes du CNT et de l'Otan. Décision est alors prise de partir vers le sud, vers le Wadi Djaref, près du village natal de Kadhafi.

"Une erreur monumentale", pour Mansour Daou: "C'était une idée de Mouatassim. Il y avait environ 45 véhicules, 160 à 180 hommes, certains blessés. Le départ devait se faire vers 3h30 du matin (le 20 octobre), mais on a traîné trois ou quatre heures avant de partir (...), parce que les volontaires de Mouatassim étaient mal organisés", raconte-t-il.

Le convoi s'ébranle après l'aube, et est rapidement repéré par l'Otan qui déclenche une frappe aérienne. Les pro-CNT viennent finir le travail, tuant ou capturant les survivants. Blessé, Kadhafi est retrouvé caché dans un tuyau d'écoulement des eaux passant sous la route où son dernier convoi a été intercepté.

Il est pris par les combattants de Misrata qui tiennent alors leur revanche: il est roué de coups, insulté, humilié. Deux heures plus tard, il est mort, une balle dans la tête, une autre dans la poitrine.

afp/mre

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Un universitaire élu Premier ministre intérimaire

L'universitaire Abdel Rahim al-Kib a été élu lundi soir Premier ministre du gouvernement de transition en Libye

Abdel Rahim al-Kib, originaire de Tripoli, a été élu au premier tour parmi cinq candidats après avoir recueilli 26 voix sur 51 votants du Conseil national de transition (CNT). Le chef de l'exécutif précédent, Mahmoud Jibril, n'avait pas souhaité se présenter.

Selon la feuille de route annoncée par le CNT, Abdel Rahim al-Kib doit former un gouvernement intérimaire au plus tard un mois après l'annonce de la libération du pays, dont la proclamation officielle a eu lieu le 23 octobre.

Des élections constituantes doivent avoir lieu parallèlement dans un délai de huit mois maximum, suivies d'élections générales un an après au plus tard.