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Charlie Hebdo: direction sous protection policière

La rédaction du journal satirique a été totalement détruite. La rédaction s'est vue proposer de rejoindre les locaux du quotidien Libération. [KEYSTONE - Julien Muguet]
La rédaction du journal satirique a été totalement détruite. La rédaction s'est vue proposer de rejoindre les locaux du quotidien Libération. - [KEYSTONE - Julien Muguet]
Près de 48 heures après l'incendie criminel ayant ravagé les locaux de l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo, qui a publié en Une une caricature de Mahomet, son site internet restait jeudi la cible d'attaques alors que sa direction est placée sous protection policière.

Le directeur de la publication Charb, le dessinateur Luz et le directeur de la rédaction Riss ont été placés sous protection policière en raison des menaces proférées à leur encontre après l'incendie dont a été victime Charlie Hebdo qui sortait mercredi un numéro rebaptisé "Charia hebdo". (Lire: Journal satirique attaqué)

Le site du journal, piraté mercredi matin avant d'être mis hors service, était jeudi inaccessible en raison d'attaques extérieures qui vont en s'amplifiant, a expliqué à l'AFP sa responsable, la journaliste Valérie Manteau.

A la suite du piratage, la société Bluevision, qui gère son hébergement et dont le siège est en Belgique, l'avait mis hors service. Depuis, cette société ne parvient pas à le remettre en ligne. Pour ne rien arranger, elle a a "reçu des menaces de morts", a précisé Valérie Manteau.

Groupe de hackers turcs

Selon le site nouvelobs.com, le piratage a été revendiqué par un groupe de hackers turcs, Akincilar, qui a expliqué qu'il s'agissait d'"une lutte contre une publication qui attaque (ses) croyances et (ses) valeurs morales".

L'hebdomadaire, connu pour son humour transgressif, a expliqué qu'il avait voulu par son numéro spécial, "fêter" à sa façon la victoire électorale du parti islamiste Ennahda en Tunisie et l'annonce selon laquelle "la charia serait la principale source de législation de la Libye".

De son côté, la page Facebook de Charlie Hebdo était envahie depuis mercredi de milliers de commentaires, parfois très hostiles, en français ou en arabe, d'internautes se disant indignés par la Une du journal.

Charlie Hebdo chez Libé

Les auteurs de certains des commentaires se réjouissent ouvertement de l'incendie, tandis que d'autres messages constituent des menaces de mort à peine cachées, a indiqué Valérie Manteau. "La police est en train de récupérer des données sur ceux qui ont posté des menaces de mort. Dès qu'ils auront fini, on fermera la page aux commentaires", a-t-elle ajouté.

Après ces actes qui ont provoqué l'indignation générale en France, la rédaction de Charlie Hebdo a été hébergée par le quotidien de gauche Libération qui lui a laissé quatre pages pour s'exprimer jeudi avec cette fois-ci une caricature du président Nicolas Sarkozy en Une.

agences/pbug/mre

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Aucune hypothèse exclue

Côté investigations, des sources proches de l'enquête ont affirmé qu'"aucune hypothèse, à ce stade, n'était exclue", incitant à la "prudence sur le ou les auteurs qui ont jeté "au moins un engin explosif de type cocktail molotov" dans les locaux du journal.

La police dispose d'"au moins un témoignage direct" pouvant mettre en cause deux hommes aperçus sur les lieux, a-t-on appris de même source. Les policiers ont également décidé de "se saisir des données informatiques" du journal afin d'"examiner dans le détail les menaces dont il a fait l'objet récemment".

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant avait estimé mercredi qu'il ne fallait "pas négliger" la piste de musulmans intégristes.

"Je ne pense pas, à titre personnel, que les menaces qu'on a reçues sur internet, que le piratage du site internet et que l'incendie soient forcément liés, que ce soit coordonné", a déclaré pour sa part le directeur de la publication Charb.