A la tête d'un gouvernement déchiré et sur le point de tomber, le premier ministre grec, aux prises depuis des mois avec la tentaculaire crise de la dette en zone euro, a fait une concession de taille. Il s'est dit prêt à retirer son projet de référendum, qui a créé la stupeur en Europe et au delà en début de semaine. (Lire: Crise de la dette)
Les grandes puissances du G20 ont quant à elles tenté jeudi à Cannes d'afficher un front uni face à la crise de la dette et aux soubresauts grecs qui risquent de déclencher une "réaction en chaîne" pour l'économie mondiale. (Lire: Crise de la dette et G20)
Mais les moyens de sortir de la crise politique dans laquelle s'enfonce la Grèce sont encore loin d'être identifiés. Aucun accord de gouvernement n'a en effet été trouvé avec l'opposition de droite pour pouvoir ensemble approuver le plan européen de désendettement de la Grèce, adopté dans la nuit du 26 au 27 octobre à Bruxelles.
Le leader de la Nouvelle Démocratie (droite) Antonis Samaras a pourtant lui aussi fait une concession. Il a laissé entendre pour la première fois depuis le début de cette crise que sa formation était prête, devant la gravité de la situation, à envisager de participer à un gouvernement de transition.
Démission exigée
"Là où on en est arrivé avec la politique du gouvernement, le nouvel accord sur la poursuite de l'aide à la Grèce est inévitable et il faut le garantir", a déclaré Antonis Samaras. Mais à peine les deux camps avaient-ils fait un pas l'un vers l'autre dans la journée que les vieux démons ont repris le dessus.
Et le débat parlementaire censé aboutir vendredi à un vote de confiance sur la politique menée par le gouvernement s'est traduit par une reprise des hostilités. Antonis Samaras a notamment exigé la démission du premier ministre en réitérant ses exigences de la tenue d'élections anticipées.
"J'ai dit à Georges Papandréou de démissionner et d'aller vers la formation d'un gouvernement temporaire de transition (...) afin d'avancer vers des élections (anticipées)", a-t-il lancé au cours d'un débat parlementaire de trois jours en vue d'un vote de confiance réclamé par le gouvernement socialiste sur sa politique. Antonis Samaras a accusé Georges Papandréou de "faire du chantage, de mentir et de s'accrocher à son siège" au pouvoir.
Mais Georges Papandréou a répondu qu'"un gouvernement responsable ne peut pas démissionner". Il a appelé en revanche tous les partis politiques "à la formation d'un gouvernement de coalition dans l'immédiat afin de rétablir la stabilité" et assurer l'aide européenne au pays.
Le 15 décembre, date butoir
Dans un climat de grande fébrilité, traversé de rumeurs en tous sens, le ministre des Finances Evangélos Vénizélos, numéro deux du gouvernement et poids lourd de la majorité socialiste, a gardé la tête froide en annonçant publiquement pour la première fois l'échéance fatidique à laquelle est confrontée le pays: le 15 décembre.
Il a clairement fait comprendre qu'à cette date, la Grèce serait en situation de défaut de paiement si elle ne recevait pas la sixième tranche du premier prêt accordé à Athènes en 2010 par l'UE et le FMI, soit 8 milliards d'euros. (Lire: Crise de la dette)
Il a également réclamé officiellement à Georges Papandréou d'annoncer l'abandon de son projet de référendum pour qu'un processus de validation puisse être entamé. L'heure de vérité devait sonner dans la nuit de vendredi à samedi, à la fin du débat parlementaire, où un vote de confiance était prévu.
agences/mre