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La Grèce reste engluée dans une crise politique

Papandréou négocie pour un gouvernement de coalition.
Georges Papandréou s'est entretenu avec le chef de l'Etat, Carolos Papoulias, sur la formation d'un exécutif de transition et de consensus.
La Grèce est restée samedi engluée dans une crise politique menaçant son maintien dans la zone euro, après le refus du leader de la droite d'oeuvrer à un gouvernement de coalition aux conditions posées par le Premier ministre pourtant prêt à passer la main.

Après avoir arraché dans la nuit la confiance au Parlement, avec le seul soutien de 153 députés socialistes, soit huit voix d'avance, à l'issue d'une semaine de psychodrame dans la zone euro (lire: Crise grecque), le Premier ministre Georges Papandréou s'est entretenu avec le chef de l'Etat, Carolos Papoulias, sur la formation d'un exécutif de transition et de consensus.

Georges Papandréou reçu par le président grec Carolos Papoulias (à droite). [REUTERS - Panayiotis Tzamaros]
Georges Papandréou reçu par le président grec Carolos Papoulias (à droite). [REUTERS - Panayiotis Tzamaros]

A l'issue de cette rencontre, il a annoncé des "contacts et entretiens très prochainement" pour la formation "d'un gouvernement de coopération", apte à mettre en oeuvre d'ici au début 2012 le plan européen de désendettement adopté fin octobre à Bruxelles, "condition pour que nous restions dans l'euro".

"L'absence d'un consensus risquerait d'inquiéter nos partenaires européens sur notre volonté de rester dans l'euro", a-t-il mis en garde, réitérant comme il l'avait fait dans la nuit qu'il était prêt à passer la main.

Réunion dimanche

Mais les espoirs d'une issue rapide ont été vite été douchés par son rival du parti conservateur de la Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras, qui a répondu en réaffirmant son exigence d'"élections immédiates" début décembre, même s'il n'a pas explicitement rejeté des discussions.

Prenant la suite de Georges Papandréou, Antonis Samaras sera reçu dimanche par le Carolos Papoulias, qui peut par ailleurs, selon la Constitution, convoquer une réunion des chefs des partis si l'impasse se confirmait.

"Nous maintenons notre proposition sur la table (...) personne ne peut donner un chèque en blanc", a déclaré Antonis Samaras qui avait pour la première fois accepté mercredi de voter pour le plan de désendettement décidé à Bruxelles, mais en échange de la démission de Georges Papandréou et d'un scrutin anticipé.

Antonis Samaras exige des élections [Panayiotis Tzamaros]
Antonis Samaras exige des élections [Panayiotis Tzamaros]

Encadré de l'ancien commissaire européen conservateur à l'environnement, Stavros Dimas, et du numéro deux libéral du parti, Dimitris Avramopoulos, Antonis Samaras s'est voulu ainsi le garant d'un "retour du pays à la normale", affirmant vouloir "lancer un message pour apaiser les inquiétudes en Grèce et à l'étranger".

Mais en soulignant que le point de crispation résidait dans l'exigence de Georges Papandréou qu'il soutienne "avec le plan de Bruxelles, les nouvelles mesures d'austérité" induites par cet accord, il risque au contraire d'accroître les craintes européennes.

Pas d'élections anticipées

Georges Papandréou avait pour sa part rejeté des élections précipitées, en tentant de calmer la panique déclenchée en Grèce et dans la zone euro par son projet, entre-temps retiré, d'un référendum sur le plan européen.

Réclamant une renégociation de la rigueur dictée par les bailleurs de fonds, qu'il juge fatale pour l'économie, Antonis Samaras s'est jusque là refusé à prêter main-forte aux socialistes pour sa mise en oeuvre, qui fait gronder la rue et les syndicats et qui est aussi honnie par l'opposition de gauche.

Mais après s'être laborieusement entendu sur une formule permettant à la Grèce d'effacer un tiers de sa dette et de lui débloquer de nouveaux soutiens de 130 milliards d'euros en sus des prêts de 110 milliards consentis en mai 2010, la zone euro attend d'Athènes un strict respect de ses engagements.

D'autant que la Grèce négocie pour garder la tête hors de l'eau le déblocage d'ici fin février d'un premier soutien massif de 80 milliards dans le cadre de l'accord de Bruxelles, comme l'a rappelé le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos qui doit participer au conseil de l'Eurogroupe prévu lundi à Bruxelles.

Feuille de route

A sa sortie du bureau de Antonis Papoulias, Georges Papandréou s'est d'ailleurs entretenu avec ce ministre-clé et ex-rival malheureux, que des médias grecs citent comme un candidat possible à la direction d'un nouvel exécutif. Il a également convoqué une réunion ministérielle pour dimanche.

Selon la feuille de route qu'il a fixée, la nouvelle équipe qui prendrait le relais devrait sauver le pays de la faillite et l'ancrer dans l'euro en sécurisant d'ici au 15 décembre le versement d'une tranche vitale (8 milliards d'euros) des premiers prêts européens, puis en assurant le lancement du deuxième plan.

Samedi, seules deux petites formations de droite dissidentes de la Nouvelle Démocratie -le parti d'extrême droite Laos de Georges Karatzaferis et l'Alliance démocratique de la libérale Dora Bakoyanni- s'affirmaient prêtes à jouer le jeu, avec un renfort potentiel d'une vingtaine de députés mais un capital de légitimation politique réduit. "Je veux croire qu'il y a encore des marges de discussion, mais la crise s'aggrave", s'est inquiété le chef du groupe parlementaire socialiste, Christos Protopapas, tandis que les Grecs semblaient plus préoccupés par les sacrifices qui leur sont imposés que par la crise gouvernementale.

"Prenez Papandreou, prenez Samaras ce sera pareil", estimait dans la matinée le retraité Takis Haralambos, en train de faire ses courses aux halles d'Athènes. Selon lui, Antonis Samaras ferait mieux d'ignorer le consensus, car "ce n'est pas lui qui a signé les accords avec Merkel et Sarkozy".

afp/pima

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Les chefs de parti vont être convoqués

Le chef de l'Etat grec va "convoquer sans attendre" les chefs des partis politiques pour qu'ils discutent "des possibilités de collaboration" à la demande du Premier ministre Georges Papandréou qui cherche à former un gouvernement de coalition, a annoncé samedi le gouvernement.

La convocation de cette réunion, dont le moment exact n'a pas encore été précisé, a été demandée à Carolos Papoulias par Georges Papandréou, a ajouté dans un communiqué le porte-parole officiel Ilias Mossialos.

Le leader de l'opposition de droite grecque, Antonis Samaras, venait de décliner à nouveau l'invitation du chef de l'Etat à former un gouvernement de coalition avec les socialistes.

Plan de désendettement ratifié avant fin 2011

La Grèce est dans l'obligation de ratifier au parlement "avant fin 2011" son plan de désendettement conclu fin octobre à Bruxelles par la zone euro, et ses partenaires "ne l'attendront pas" davantage, a affirmé samedi le porte-parole officiel grec Ilias Mossialos.

"Selon le calendrier non-négociable de la décision du Conseil européen, le nouvel accord de prêt doit avoir été approuvé par un vote au parlement avant fin 2011, nos partenaires européens ne nous attendront pas (...), nous ne pouvons pas perdre un jour", a affirmé I. Mossialos, justifiant ainsi l'insistance du Premier ministre Georges Papandréou à former un gouvernement transitoire de coalition plutôt qu'à accepter des élections anticipées pour sortir le pays de sa crise.