"Et maintenant notre or", titrait la Frankfurter Allgemeine Zeitung tandis que Die Welt s'alarmait d'une "attaque contre la Bundesbank", la banque centrale allemande qui veille jalousement à son indépendance.
"Les réserves d'or et de devises de la Bundesbank n'ont jamais été l'objet de discussions pendant le G20 à Cannes", avait déclaré dès samedi soir le porte-parole du gouvernement Steffen Seibert. "Certains participants du sommet à Cannes ont posé la question de savoir si les DTS (droits de tirage spéciaux, une simili-monnaie émise par le FMI) ne devaient pas être utilisés pour augmenter l'efficacité du fonds de sauvetage de la zone euro (FESF)", a-t-il expliqué.
Une idée émise lors du G20
"Côté allemand, cette mesure a été rejetée", a-t-il ajouté. Cela n'a pas empêché des responsables politiques de prendre dimanche la défense de la Bundesbank. "Celui qui fait cela pèche contre l'indépendance de la Bundesbank et foule aux pieds la confiance dans l'euro", a déclaré le député libéral (FDP, membre de la coalition au pouvoir) Frank Schäffler, opposant notoire aux plans de sauvetage européens.
Selon des sources proches des négociations du G20 à Cannes, les gouvernements allemand et français voulaient contraindre la Bundesbank à mettre à disposition du FESF ses réserves, affirme la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le Welt Am Sonntag citant le même type de sources affirme que la proposition a été faite par les présidents français et américain Nicolas Sarkozy et Barack Obama, ainsi que par le Premier ministre britannique David Cameron.
Seule l'opposition du président de la Bundesbank Jens Weidmann, isolé parmi ses confrères des autres banques centrales nationales et face à la Banque centrale européenne (BCE), a fait capoter le projet qui serait revenu à augmenter la participation de l'Allemagne au FESF de 15 milliards d'euros en contournant le Parlement allemand, selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung.
L'idée pourrait toutefois revenir sur la table des négociations lundi lors de la réunion des ministres de Finances de l'Eurogroupe, selon le journal, ce que le porte-parole du gouvernement a aussi démenti.
agences/hof
Pour les Allemands, la Grèce n'a pas d'avenir dans la zone euro
Deux Allemands sur trois (68%) pensent que la Grèce n'a pas d'avenir dans la zone euro, selon un sondage publié dimanche par l'hebdomadaire Focus. Seuls 27% des personnes interrogées estiment le contraire.
Ce sondage a été réalisé mercredi et jeudi, au lendemain de l'annonce à la stupeur générale par le premier ministre grec Georges Papandréou de la tenue d'un référendum dans son pays, et avant qu'il ne revienne sur cette idée. L'incertitude politique était alors à son comble, et les dirigeants européens évoquaient de plus en plus ouvertement une sortie de la Grèce de l'euro.
Par ailleurs, 71% des Allemands désirent être consultés en cas de nouvelle décision importante pour la zone euro impliquant l'Allemagne, selon un autre sondage publié par Bild dimanche.
Depuis le début de la crise grecque, l'opinion publique allemande est réticente à aider ce pays, s'estimant flouée.