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Le hacker de Charlie Hebdo se fait menaçant

Charliehebdo [MEHDI FEDOUACH]
L'équipe de "Charlie Hebdo" a trouvé refuge dans les locaux de Liberation après l'incendie de sa rédaction. Le quotidien français est à son tour menacé par un hacker turc. - [MEHDI FEDOUACH]
L'un des membres du groupe de hackers turcs ayant revendiqué le piratage mercredi du site internet de l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo a affirmé dans un entretien au Journal du Dimanche, "défendre son pays" et a menacé le quotidien français Libération.

Les locaux de Charlie Hebdo ont été détruits par un incendie criminel mercredi, le jour où paraissait un numéro dont la Une représentait le prophète Mahomet, "rédacteur en chef" d'un journal rebaptisé "Charia Hebdo". Le site internet du journal a en outre été victime d'un piratage informatique (A lire: Attaque contre Charlie Hebdo).

"Si Libération (qui a hébergé l'équipe de Charlie Hebdo après l'incendie) continue à publier ces dessins, nous nous occuperons d'eux aussi", déclare Ekber, un jeune homme de 20 ans, rencontré par Le Journal du Dimanche à Istanbul. "Nous défendons notre pays et nos institutions", justifie Ekber auprès du JDD.

Pirates turcs

L'intérieur de la rédaction de Charlie Hebdo, à Paris, après l'explosion, le 2 novembre. [Julien Muget - Keystone EPA MaxPPP]
L'intérieur de la rédaction de Charlie Hebdo, à Paris, après l'explosion, le 2 novembre. [Julien Muget - Keystone EPA MaxPPP]

Ekber, membre du groupe de pirates turcs Akincilar et surnommé "Black Apple", explique: "Nous ne pensons pas avoir fait quelque chose de mal, ce n'est pas comme si nous avions siphonné des comptes bancaires. C'est une protestation contre une insulte à nos valeurs et nos croyances."

Cependant, selon le JDD, Ekber a tenu à se désolidariser de l'attaque au cocktail Molotov qui a ravagé le journal. "Nous ne soutenons pas la violence. L'islam est une religion de paix. Ces actes sont le fait de gens qui se servent de la religion", affirme le jeune homme, étudiant à l'université Isik et futur ingénieur informatique.

Ekber explique qu'il n'avait jamais entendu parler de Charlie Hebdo auparavant. Mais, après avoir lu sur internet des articles de journaux parlant de la sortie du numéro spécial baptisé "Charia Hebdo", raconte-t-il, le groupe Akincilar a décidé de réagir. A la suite du piratage du site du journal satirique, la société Bluevision, qui assure son hébergement, l'avait mis hors service après avoir "reçu des menaces de mort".

"Cybers-guerriers"

Les Akincilar se présentent comme des "cybers-guerriers", défendant les valeurs de l'islam. Reprenant le nom des redoutables guerriers de la cavalerie ottomane, les Akincilar avaient déjà attaqué au début de cette année le site d'un magazine satirique turc, Penguen (le Pingouin).

Le groupe proclame sur sa page sur Facebook être "le premier groupe de hackers turcs", avec à l'appui un drapeau turc. Les Akincilar ont aussi revendiqué de très nombreuses attaques contre des sites israéliens après la brouille entre la Turquie et Israël, en mai 2010, lorsqu'un commando israélien a tué neuf activistes turcs sur un ferry turc en route pour tenter de briser le blocus de la Bande de Gaza.

Des sites arméniens, des médias et sites kurdes favorables à la rébellion du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une lutte armée contre les forces d'Ankara, ainsi que la plate-forme de réseau social pour Anonymous, eux-même des pirates informatiques, ont également subi leurs attaques. Sur le site spécialisé Zone-H, les hackers turcs affichent plus de 6000 attaques de sites web au nom de la défense de l'islam et des valeurs turques.

afp/pima

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Manifestation de soutien à Charlie Hebdo

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dimanche après-midi à Paris pour défendre "le droit au blasphème" et le rire comme "pulsion démocratique" en soutien au journal satirique Charlie Hebdo dont les locaux ont été détruits mercredi par un incendie criminel.

Sur le parvis de l'Hôtel de Ville, plusieurs personnes brandissaient la Une de Charlie Hebdo présentant le prophète Mahomet, "rédacteur en chef" d'un journal rebaptisé "Charia Hebdo", dont la parution, mercredi, a coïncidé avec l'incendie des locaux de l'hebdomadaire, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Le droit au blasphème est en démocratie un droit absolu", a souligné Dominique Sopo, président de SOS Racisme, lors d'un rassemblement où la rédaction du journal satirique est arrivée derrière une simple banderole "Charlie Hebdo".

"Il faut une égalité de traitement" entre les différentes religions, a plaidé pour sa part Charb, directeur de la publication du journal. "Il n'y a pas de raison de prendre plus de gants avec les musulmans qu'avec les catholiques ou les juifs" dans le traitement de l'actualité, a-t-il ajouté.