Le président Mahmoud Ahmadinejad a mis en garde lundi les Etats-Unis et Israël contre une attaque éventuelle des installations nucléaires du pays, affirmant dans une interview au quotidien égyptien Al-Akhbar que Téhéran était capable de leur tenir tête.
"Ils essaient d'obtenir un soutien international pour une opération militaire destinée à supprimer l'influence" iranienne dans la région, mais "l'Iran ne leur permettra pas d'agir", a-t-il insisté.
Frappes préventives
La presse israélienne évoque depuis une semaine un débat au sein du gouvernement sur l'opportunité de frappes préventives contre les installations nucléaires iraniennes. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) doit en effet remettre mardi un rapport qui, selon des sources diplomatiques occidentales, étaye les soupçons sur les ambitions militaires du programme nucléaire iranien.
Le président israélien Shimon Peres a lui-même prévenu que la possibilité d'une attaque militaire contre l'Iran était "plus proche que l'option diplomatique".
Interrogé sur cette éventualité, le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a affirmé la semaine dernière lors d'un déplacement en Libye que l'Iran était "préparé au pire", mettant en garde Washington contre un "affrontement avec l'Iran".
Menaces de représailles
Depuis des années, les dirigeants iraniens répètent que toute attaque israélienne contre l'Iran entraînera des représailles directes contre l'Etat hébreu mais aussi contre les Etats-Unis, et en particulier contre les forces américaines dans le Golfe.
Téhéran, qui donne une large publicité au développement de ses forces navales et missilières, a insisté ces derniers mois sur la "vulnérabilité" de bâtiments américains croisant au large de ses côtes. L'Iran "punira" Israël en cas d'attaque, a réaffirmé la semaine dernière le chef d'Etat-major des forces iraniennes, le général Hassan Firouzabadi.
"Mais les Etats-Unis savent que toute attaque du régime sioniste contre l'Iran leur causera aussi de sérieux dommages". Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a d'ailleurs répété lundi qu'une intervention armée contre l'Iran serait une "très grave erreur". Téhéran a en même temps balayé par avance les accusations attendues dans le rapport de l'AIEA: elles se basent sur de "faux documents" connus depuis longtemps et auxquels l'Iran a déjà répondu en détail dans le passé, a affirmé ce week-end Ali Akbar Salehi.
Démentis iraniens
Téhéran, dont la plupart des installations sont sous la supervision de l'AIEA, a toujours farouchement démenti chercher à se doter de l'arme atomique, contrairement à ce que soupçonne depuis des années la communauté internationale.
Washington et ses alliés occidentaux n'ont pas caché leur intention d'utiliser le futur rapport de l'agence onusienne pour durcir leurs sanctions unilatérales contre l'Iran, mais également pour essayer de convaincre Mocou et Pékin, jusqu'à présent réticents, de renforcer celles de l'ONU adoptées par quatre résolutions depuis 2007.
afp/pima
L'Iran au seuil de l'arme nucléaire
L'Iran a franchi des étapes essentielles pour construire une bombe nucléaire grâce à l'aide de scientifiques étrangers, affirme lundi le Washington Post, qui cite des diplomates et des experts ayant eu connaissance d'éléments du rapport que l'AIEA doit remettre mardi.
Selon les sources citées par le quotidien américain, un ex-expert soviétique a notamment appris aux Iraniens à construire des détonateurs de haute précision du type de ceux utilisés pour déclencher une réaction nucléaire. Le pays a également acquis des techniques essentielles le menant au seuil de l'arme nucléaire auprès de spécialistes pakistanais ou nord-coréens, ajoute le quotidien.
Juppé: "Eviter l'irréparable"
Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a affirmé lundi qu'il "fallait tout faire pour éviter l'irréparable, une intervention militaire" contre l'Iran, après les récentes menaces d'une attaque d'Israël contre ce pays.
"Nous considérons que l'Iran doit abandonner le programme nucléaire qu'elle développe à des fins très vraisemblablement militaire. Nous attendons le prochain rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique qui sera publié demain", a ajouté Alain Juppé