Les journalistes autorisés à entrer ont été promenés à bord d'un bus pendant l'essentiel de la visite, et n'ont pas pu approcher des bâtiments des réacteurs. Ils ont dû revêtir des combinaisons de protection et des gants et se protéger les cheveux avec des sortes de foulards en plastique. De plus, ils ont dû porter des masques pour respirer et des appareils de détection de la radioactivité.
Après avoir traversé les villes fantômes situées dans la zone interdite des 20 kilomètres, vidées de leurs habitants après l'accident, les reporters ont constaté que le niveau de radioactivité était déjà de 20 microsieverts par heure aux portes de la centrale.
A mesure que les véhicules s'approchaient des réacteurs, le niveau est monté rapidement, atteignant même au coeur d'une forêt de pins le record de 1000 microsieverts, soit un millisievert par heure, ce qui correspond à la dose annuelle maximale imposée en temps normal au Japon et dans la plupart des pays.
Un journaliste a raconté que le bâtiment abritant le réacteur numéro 3 était le plus endommagé, avec tout autour des carcasses de camions, des barrières métalliques tordues et des réservoirs d'eau éventrés.
Trente ans au moins de démantèlement
Le 11 mars, le tsunami géant, provoqué par un séisme de magnitude 9 près des côtes du nord-est du Japon, a submergé la centrale, interrompant les circuits de refroidissement et noyant les générateurs de secours. Le combustible stocké dans trois des six réacteurs et dans la piscine de refroidissement du réacteur numéro 4 a alors commencé à chauffer dangereusement, au point de fusionner, en provoquant des explosions.
L'opérateur du site, Tokyo Electric Power (Tepco) espère parvenir à "l'arrêt à froid" des réacteurs, c'est-à-dire au maintien du combustible sous les 100°C d'ici le mois prochain. Le ministre de l'Environnement, chargé de la gestion de l'accident de Fukushima, Goshi Hosono, vêtu d'un bleu de travail, s'est dit confiant samedi, mais a souligné que le démantèlement de toutes les installations prendrait encore au moins trente ans.
3200 personnes travaillent sur le site
Parlant devant les ouvriers, il a rappelé qu'il s'agissait de sa quatrième visite à la centrale depuis mai. "A chaque fois que je reviens, je sens que les conditions se sont améliorées. C'est grâce à votre dur labeur", a-t-il dit. Tepco a expliqué aux journalistes que quelque 3200 personnes travaillent en semaine à la centrale, la moitié pendant le week-end.
Le séisme et le tsunami ont fait près de 20'000 morts et disparus sur la côte, mais l'accident de Fukushima, la plus grave catastrophe nucléaire depuis celle de Tchernobyl il y a 25 ans, n'a fait jusqu'à présent aucun mort. Il a en revanche entraîné l'évacuation de plusieurs dizaines de milliers d'habitants et gravement pollué l'air, le sol et l'océan, avec des conséquences à long terme sur la chaîne alimentaire. (Lire: Catastrophe nucléaire)
Les réacteurs sont stabilisés
Le directeur de Fukushima Daiichi, Masao Yoshida, a affirmé que la situation était désormais sous contrôle. "D'après les relevés à la centrale que j'ai vus, il n'y a aucun doute que les réacteurs sont stabilisés", a-t-il dit aux journalistes. Le responsable de la centrale a toutefois reconnu qu'il y avait encore du danger. "C'est encore dangereux d'y travailler. On est parvenu au niveau où on peut aller sur place, mais on n'est pas encore dans la situation où n'importe qui peut y aller."
agences/mre/olhor