"La Syrie demande la tenue d'un sommet arabe urgent pour remédier à la crise et à ses conséquences négatives sur la conjoncture arabe", a précisé la télévision.
Selon un communiqué officiel reproduit par l'agence Sana, Damas invite également les pays arabes à envoyer des ministres en Syrie pour s'enquérir de la situation sur le terrain et superviser l'application du plan de sortie de crise proposé par la Ligue arabe.
La Syrie "accueille favorablement une visite d'un comité ministériel arabe avant le 16 novembre", date à laquelle la décision de la Ligue arabe doit entrer en vigueur, affirme le texte. Cette délégation "serait accompagnée d'observateurs, d'experts civils et militaires et de médias arabes afin de s'informer directement de ce qui se passe sur le terrain, et de superviser, en coordination avec le gouvernement syrien, l'application du plan arabe".
Plan de sortie de crise non honoré
La Ligue arabe a décidé samedi de suspendre la Syrie de ses travaux à compter de mercredi, jusqu'à ce qu'elle honore son engagement d'appliquer un plan arabe de sortie de crise prévoyant en premier lieu la fin des violences qui ont déjà fait, selon l'ONU, plus de 3500 morts depuis la mi-mars. (Lire: La Ligue arabe suspend la Syrie, sanctions exigées).
"La Syrie, qui a accepté le 2 novembre ce plan, y voit toujours un cadre adéquat pour remédier à la crise, loin de toute ingérence étrangère", selon le communiqué officiel de Damas qui avait dénoncé la décision de la Ligue arabe de suspendre la Syrie de ses travaux. La Syrie demande enfin au secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi d'"agir rapidement pour appliquer ces propositions".
Selon des organisations de défense des droits de l'Homme, les violences ont fait des dizaines de morts en Syrie, dont plus de 120 pour la seule région de Homs (centre), depuis le 2 novembre.
La Ligue arabe persiste
De son côté, la Ligue arabe "étudie la mise en place d'un mécanisme pour protéger les civils en Syrie", a déclaré dimanche le secrétaire général de l'organisation panarabe, Nabil al-Arabi, lors d'une visite à Tripoli. "Ce qui est demandé maintenant à la Ligue arabe, c'est de mettre en place un mécanisme pour protéger les civils", a ajouté, sans plus de précisions, Nabil al-Arabi au cours d'une conférence de presse commune avec le chef du Conseil national de transition libyen, Moustapha Abdeljalil.
Appelant de nouveau le régime syrien à appliquer le plan arabe, Nabil al-Arabi a rappelé les mesures adoptées par la Ligue concernant le conflit en Libye, qu'il a qualifiées de "tournant historique". Il faisait allusion à la décision de la Ligue arabe de suspendre la participation de la Libye à ses réunions peu après le début de la révolte et sa violente répression, puis de demander le 12 mars au Conseil de sécurité de l'ONU de protéger la population civile libyenne.
Cinq jours après cette demande, le Conseil de sécurité a adopté une résolution instaurant une zone d'exclusion aérienne et autorisant l'usage de la force pour protéger les civils, ce qui a permis 48 h plus tard l'intervention militaire internationale dont l'OTAN a pris les commandes fin mars.
L'ONU salue le courage de la Ligue arabe
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a salué la décision "forte et courageuse" de la Ligue arabe de suspendre la Syrie de l'organisation jusqu'à ce qu'elle honore son engagement d'appliquer un plan arabe de sortie de crise.
Il appelle les autorités syriennes "à entendre l'appel de la Ligue lui demandant d'arrêter immédiatement la violence exercée par l'armée contre les civils et de mettre en oeuvre entièrement et rapidement le programme de travail" présenté par des pays arabes et prévoyant en premier lieu la fin des violences.
Le secrétaire général de l'ONU salue également "l'intention de la Ligue des Etats arabes de fournir une protection aux civils et se dit prêt à fournir l'appui adéquat s'il est requis", poursuit le communiqué.
Réunion extraordinaire le 16 novembre
Une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe se tiendra le 16 novembre à Rabat, en marge du Forum Turquie-pays arabes, a annoncé dimanche le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères Amar Belani.
agences/olhor
L'OPPOSITION SYRIENNE REUNIE A VIENNE
Environ 80 opposants syriens venant de 27 pays se sont réunis ce week-end à Vienne sous l'égide de l'Union des Syriens à l'étranger, en présence de plusieurs représentants du Conseil national syrien (CNS) qui regroupe la plupart des courants de l'opposition, a indiqué dimanche un porte-parole du mouvement.
Trois représentants du CNS, Mahmoud Kelani, Badr Jamous et Abdel Baset Sida, étaient présents à Vienne. selon ce porte-parole, Amer Alkhatib, un représentant de la communauté syrienne en Autriche.
L'Union des Syriens à l'étranger a pour objectif "la chute du régime syrien et l'établissement d'une démocratie multipartisane", selon la déclaration adoptée lors de la création du mouvement, le 10 septembre à Vienne.
Le mouvement prend le parti de la non-violence et s'oppose à une intervention militaire dans le pays. Les participants à la réunion ont lancé un appel aux "régents et dirigeants du monde arabe pour qu'ils se rangent aux côtés du peuple syrien" et ont souligné leur soutien au Conseil national syrien, qualifié de "seul représentant légitime du peuple syrien".
La France visée en Syrie
Le consulat honoraire de France à Lattaquié, dans le nord-ouest de la Syrie, et la chancellerie détachée à Alep (dans le nord) ont été la cible d'attaques samedi soir et dans la nuit de samedi à dimanche, a annoncé le Quai d'Orsay qui a convoqué l'ambassadrice de Syrie en France.
"Les tentatives d'agression contre le consulat honoraire de France à Lattaquié et la chancellerie détachée française d'Alep par des groupes de manifestants organisés et sans réaction des forces de sécurité sont inacceptables et la France les dénonce avec la plus grande vigueur", indique un porte-parole du ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
"L'ambassadeur de Syrie en France (Lamia Shakkour) est convoquée au Quai d'Orsay pour un rappel des obligations internationales de la Syrie", ajoute le communiqué du Quai d'Orsay. La France essaye depuis des mois d'obtenir une ferme condamnation de la Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU.
La Turquie, visée aussi, évacue les familles de ses diplomates
La Turquie a décidé dimanche d'évacuer de Syrie les familles de ses diplomates et ses personnels non-essentiels, après des attaques contre ses missions diplomatiques, a annoncé l'agence de presse officielle turque Anatolie. Un avion de Turkish Airlines est parti pour Damas dimanche matin pour effectuer cette évacuation, selon l'agence.
L'ambassadeur turc, Omer Onhon, et les principaux diplomates continueront à travailler en Syrie, a précisé Anatolie. Cette décision a été prise pour des raisons de sécurité, suite à des manifestations violentes qui ont visé plusieurs bâtiments diplomatiques turcs en Syrie, samedi, pour protester contre le soutien apporté par Ankara à la décision de la Ligue arabe de suspendre la participation de la Syrie.
Ankara a "convoqué le chargé d'affaires syrien" suite aux attaques de ses missions diplomatiques en Syrie, a annoncé dimanche le ministère turc des affaires étrangères.