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PJ de Lyon: une banque suisse au coeur de l'enquête

Photo d'archives de Michel Neyret, numéro 2 de la police judiciaire à Lyon [Philippe Merle]
Photo d'archives de Michel Neyret, numéro 2 de la police judiciaire à Lyon - [Philippe Merle]
Les enquêteurs accablent l'ex-commissaire lyonnais Michel Neyret, soupçonné d'accointances avec la pègre. Mis en examen notamment pour corruption et écroué depuis plus d'un mois à la prison de la Santé à Paris, l'ex-"super flic" ressemble de plus en plus à un ripou, selon un rapport de l'Inspection générale des services (IGS). La TSR est en mesure de révéler l'identité d'une banque suisse au coeur de l'enquête.

Des écoutes téléphoniques ont permis à ses enquêteurs d'entendre Stéphane Alzraa, présumé proche de la pègre cannoise, demander à son interlocuteur d'ouvrir "cinq comptes" en Suisse, a révélé Le Parisien cette semaine, afin d'y verser entre 1 et 7 millions d'euros au bénéfice de Neyret.

La TSR est en mesure de révéler le nom d'une banque suisse au centre de l'enquête. Selon nos sources, il s'agit de la banque privée CBH (compagnie banquaire helvétique) basée à Genève. Un banquier anciennement employé par la CBH a rencontré en septembre à Genève Nicole Neyret, l'épouse du commissaire, ainsi que Gilles Bénichou, présenté comme une figure du milieu lyonnais.

Contactée par la TSR, la banque a affirmé n'avoir connaissance de l'existence d'aucun de ces comptes.

Relevés bancaires embarrassants

Stéphane Alzraa, déjà condamné pour fraude fiscale dans une autre affaire, a été mis en examen pour trafic d'influence. Des perquisitions dans sa luxueuse villa cannoise auraient permis notamment de retrouver chez lui des relevés bancaires mentionnant la CBH. Sur ce point, la direction de la banque ne fait pas de commentaire.

Alzraa reconnaît avoir transmis des informations à Michel Neyret, dans des auditions publiées par Le Point, et ouvert un compte offshore depuis la Suisse, pour le compte du couple Neyret. Il leur a également prêté sa villa et de luxueuses voitures de sport.

L'ex numéro 2 de la police judiciaire lyonnaise s'est expliqué devant l'IGS lors d'auditions, publiées par Le Parisien. "Gilles avait l'idée d'ouvrir un compte en Suisse au moment où j'aurais quitté mes fonctions. Ce compte aurait, je pense, fonctionné pour Gilles et moi. Je ne sais pas par quoi il aurait été alimenté. Je ne sais pas pourquoi Gilles voulait ouvrir un compte en Suisse. Je n'étais pas au courant des sommes qui devaient y transiter. Pour moi, il n'y avait aucun problème. Je n'aurais jamais envoyé ma femme s'il y avait eu un problème."

Un récent "rapport de synthèse" de l'IGS évoque ces comptes bancaires. L'un d'eux au moins devait être "approvisionné" en "remerciement" des "services rendus par Neyret", affirme un membre du milieu inculpé, selon le rapport.

Blanchiment d'argent lié à des escroqueries?

A cet égard, a dit cette semaine une source proche de l'enquête, il n'est pas exclu que certains des inculpés aient voulu "blanchir" de l'argent issu des escroqueries, très juteuses, dites à la taxe carbone (trafic de quotas de CO2) en 2010. Sur ces comptes, peut être six au total, un responsable policier avait évoqué il y a quelques jours une "pure invention".

Michel Neyret est présumé avoir puisé dans les fiches de police afin de renseigner ses co-accusés, d'avoir effectué des voyages au Maroc, à Cannes et en Corse, payés par ceux-ci et au premier rang desquels figurent deux membres écroués du milieu.

L'épouse charge son mari

Il aurait bénéficié de "cadeaux", dont des remises d'argent en liquide et une montre de quelque 30'000 euros offerte à son épouse qui figure parmi les inculpés. Celle-ci le charge abondamment, le qualifiant au passage de "véreux" et de "corrompu".

L'examen des comptes bancaires de Michel Neyret montre qu'il n'a retiré que 500 euros en moins de six mois et très peu utilisé sa carte bancaire en 2011. L'ex-policier invoque pour sa défense des "gains au casino" ainsi qu'un héritage, explications mises à mal par son épouse.

Quatre magistrats ont été entendus sur de présumées largesses demandées par Michel Neyret pour ses amis du milieu dont l'un, souligne le rapport, est appelé "mon amour" par le policier.

Michel Neyret clame n'être ni "trafiquant" de drogue - au coeur de l'enquête pour rétribuer des indicateurs, selon le rapport - ni "corrompu". Durant sa garde à vue, où il "se prenait pour Alain Delon" selon un enquêteur, il a "martelé" avoir "voulu des résultats".

Huit personnes inculpées

Un cadre douanier à Nice a été suspendu après avoir été interrogé par l'IGS, notamment sur ses relations avec l'ancien commissaire. Huit personnes au total sont inculpées à ce jour, dont quatre collègues de Michel Neyret.

L'ex "super flic" a été mis en examen pour trafic d'influence, association de malfaiteurs, trafic de stupéfiants, violation du secret professionnel et détournement de biens. L'affaire "n'est pas terminée", ont précisé des sources proches de l'enquête de l'IGS, n'excluant pas des «rebondissements» à venir.

Marc Allgöwer et Laurent Burkhalter, avec les agences

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L'ex-no2 de la PJ nie avoir monnayé des fiches de police au milieu du banditisme

L'ancien commissaire Michel Neyret nie avoir monnayé des fiches de police au milieu du grand banditisme, a affirmé samedi l'avocat de l'ex-superflic dont la chute avait provoqué un séisme dans la police française.

Michel Neyret a reconnu avoir bénéficié de "faveurs" mais récuse avec force avoir reçu de l'argent en échange de services au milieu, notamment des fiches de police, a déclaré à l'AFP son avocat, Me Yves Sauvayre.

L'hebdomadaire Paris-Match affirme sur son site internet que certaines de ces fiches, évoquées dans un récent rapport d'enquête de l'IGS, "la police des polices", ont pu être monnayées jusqu'à 50'000 euros pièce. Si le rapport, que l'AFP a consulté, évoque une centaine de fiches "sorties" par Michel Neyret de la police judiciaire ainsi que sept de l'organisation policière internationale Interpol, il ne fait pas état pour l'heure de preuves sur des versements d'espèces dont aurait bénéficié en échange le policier.

"Que des fiches puissent avoir été monnayées 50'000 euros, je le démens avec force. On a toujours contesté qu'un quelconque service puisse avoir été monnayé contre des espèces sonnantes et trébuchantes", a déclaré Me Sauvayre. "Il y a eu des fiches sorties" et Michel Neyret "a reconnu avoir bénéficié de faveurs, une voiture, une villa dont il aurait joui, des voyages, mais jamais du moindre centime", a-t-il insisté, affirmant que son client n'avait "jamais été interrogé sur ces prétendus 50'000 euros".

Les enquêteurs soupçonnent Michel Neyret, mis en examen (inculpé) et écroué le 3 octobre notamment pour corruption et trafic d'influence, d'avoir fourni ces fiches à un homme soupçonné d'appartenir au milieu lyonnais, Gilles Bénichou, également écroué.