La tenue d'un procès suppose toutefois que Behring Breivik, 32 ans, soit reconnu pénalement responsable par deux experts-psychiatres qui doivent rendre leurs conclusions d'ici au 30 novembre. La durée d'un procès est actuellement estimée à environ 10 semaines, a indiqué lors d'un point de presse Geir Engebretsen, greffier du tribunal d'Oslo, précisant que les dates avaient été arrêtées en accord avec la défense et l'accusation.
Le procès devrait avoir lieu dans les murs du tribunal d'Oslo, tout en étant retransmis dans plusieurs autres tribunaux du pays pour permettre aux familles des victimes originaires de toutes les régions de le suivre.
Première apparition publique
Il s'agissait de la première apparition publique de Breivik depuis la tuerie. Il est apparu en costume sombre, chemise blanche et cravate bleu clair, collier de barbe et mèche blonde plaquée sur le côté. Son maintien en détention provisoire a été assorti d'un contrôle sur ses visites et sa correspondance pendant huit semaines, ainsi que d'une interdiction d'accéder à des médias pendant les quatre premières semaines, a annoncé le juge Torkjel Nesheim.
Parole refusée
Pendant l'audience, Behring Breivik a demandé la permission de s'adresser aux familles des victimes et aux survivants qui avaient pris place dans la salle du tribunal d'Oslo aux côtés de journalistes et de membres du public, mais sa demande a été refusée par le juge.
Après l'audience, son avocat, Geir Lippestad, a confié que son client avait préparé une petite note, mais a dit ne pas savoir ce qu'elle contenait. Saisissant la première occasion de prendre la parole, Behring Breivik avait auparavant essayé de faire un laïus. "Je suis un commandeur militaire dans le mouvement de résistance et chevalier templier en Norvège", a-t-il dit d'une voix calme, avant de remettre une nouvelle fois en cause la légitimité de la cour.
"Tu as été mandaté par ceux qui soutiennent le multiculturalisme. C'est une idéologie de haine qui veut la déconstruction de la société norvégienne", a ajouté l'extrémiste à l'intention du juge qui l'a rapidement interrompu. Le magistrat a ensuite expliqué sa décision par le souhait de ne pas donner à Behring Breivik "une tribune ou l'occasion de (chercher à) justifier ses gestes".
Aveux sans responsabilité pénale
Apparemment serein et semblant même parfois esquisser un sourire, l'extrémiste s'est tourné à plusieurs reprises vers le public, resté silencieux. Se disant en guerre contre l'"invasion musulmane" et le multiculturalisme en Europe, il a reconnu être l'auteur de l'attentat à la bombe contre le siège du gouvernement norvégien, puis de la fusillade contre un rassemblement de jeunes sur l'île d'Utoeya, près d'Oslo.
"Je reconnais les faits, mais je ne reconnais pas de responsabilité pénale", a-t-il dit, restant fidèle à la position qu'il défend depuis son arrestation. Comme dans le passé, il a comparé ses conditions carcérales, qui équivalent de facto à un placement en isolement total, à une "méthode de torture irrationnelle".
agences/olhor