Le site a été placé sous très haute sécurité. Le service de protection présidentielle contrôlait les accès au campus et de nombreux policiers étaient déployés. Seuls les délégués sont autorisés à pénétrer dans le bâtiment où se tient la réunion, que les insurgés talibans ont menacé de frapper.
Hamid Karzaï a convoqué cette Loya Jirga pour qu'elle discute du futur partenariat stratégique que Kaboul négocie avec Washington après la fin 2014, date prévue du retrait total des troupes de combat de la coalition. Il l'a aussi chargée de définir une nouvelle stratégie pour tenter d'ouvrir des pourparlers de paix avec les insurgés, après l'assassinat, le 20 septembre, du négociateur en chef, l'ex-président Burhanuddin Rabbani, par un kamikaze se présentant comme un émissaire taliban. Dans le cadre de cette assemblée, Hamid Karzaï doit annoncer mercredi la liste des zones dont la sécurité sera transférée par la coalition aux forces afghanes, dans le cadre de la deuxième tranche du processus de "transition", censé s'achever fin 2014, selon la présidence afghane.
Les talibans menacent
Les observateurs soulignent néanmoins le flou général entourant notamment le déroulement de cette Loya Jirga, son ordre du jour précis et la portée de ses décisions. Il semble néanmoins probable que, tant sur le "partenariat stratégique", dont les négociations sont loin d'être terminées, que sur la stratégie de réconciliation, elle ne débouche que sur quelques principes généraux, notent-ils.
Les talibans, qui ont toujours publiquement conditionné toute négociation au départ préalable de tous les soldats étrangers, ont dénoncé cette Loya Jirga et menacé les participants "de sévères représailles". Trois hommes, munis d'explosifs placés dans un sac, ont tenté en vain d'entrer lundi sur le campus qui accueillera l'assemblée.
La majorité des plus de 2000 délégués des 34 provinces attendus sont présents, permettant au chef de l'Etat de paraître moins isolé politiquement, ce malgré le boycott de plusieurs figures politiques qui accusent Hamid Karzaï de chercher à contourner l'Assemblée nationale qui lui est réputée peu favorable. Face aux critiques, il a été annoncé que les décisions de la Loya Jirga ne seraient "pas contraignantes" et seraient ensuite soumises aux députés.
afp/dk
L'Afghanistan veut sa souveraineté
L'Afghanistan veut sa "souveraineté nationale" et la veut "aujourd'hui", a affirmé Hamid Karzaï mercredi devant la Loya Jirga. Les relations entre l'Afghanistan et les Etats-Unis doivent être celles "de deux pays indépendants", a ajouté le président afghan. Si les Etats-Unis "veulent des bases militaires, nous leur permettrons. C'est à notre avantage, nous recevrons de l'argent et nos forces seront formées", a-t-il ajouté.
Kaboul négocie actuellement un partenariat stratégique avec Washington, censé définir la présence américaine à l'issue du retrait, fin 2014, de l'ensemble des quelque 140'000 combattants de la force internationale de l'OTAN, et notamment l'éventuelle maintien de bases américaines sur le sol afghan.
Parmi les conditions à ce partenariat stratégique, Hamid Karzaï a notamment exigé que les forces internationales cessent les fouilles de domiciles afghans et leurs opérations nocturnes, deux sujets qui irritent fortement la population afghane, très traditionnelle et religieuse. Il a également rassuré les pays voisins, inquiets d'une présence à long terme de troupes américaines à leurs frontières.