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Paris rappelle son ambassadeur en Syrie

Alain Juppé a affiché sa fermeté envers Damas en rappelant ses diplomates en place. [KEYSTONE - Ian Langsdon]
Alain Juppé a affiché sa fermeté envers Damas en rappelant ses diplomates en place. - [KEYSTONE - Ian Langsdon]
La France a rappelé mercredi son ambassadeur en Syrie, rompant par là une partie de son lien officiel avec Damas et suivant une position déjà adoptée par les Etats-Unis et plusieurs pays arabes. Un centre des services secrets syriens a par ailleurs été attaqué.

"Le régime s'entête, de nouvelles violences ont eu lieu en Syrie, ce qui m'a amené à fermer nos agences consulaires d'Alep (nord) et de Lattaquié (nord-ouest), nos instituts culturels et à rappeler notre ambassadeur à Paris", Eric Chevallier, a annoncé à l'Assemblée nationale le chef de la diplomatie française Alain Juppé.

Samedi soir, le consulat honoraire de France à Lattaquié et la chancellerie détachée à Alep avaient été la cible d'attaques, avait annoncé dimanche le Quai d'Orsay. Le ministère avait aussitôt convoqué l'ambassadeur de Syrie en France. Ce rappel entre "dans le cadre d'un tableau d'ensemble" qui ne cesse de voir la liste des victimes s'allonger en Syrie, a précisé l'entourage d'Alain Juppé.

Les services secrets attaqués

Syrie2, manifestation [KEYSTONE - Mohammed Abu Zaid]
Syrie2, manifestation [KEYSTONE - Mohammed Abu Zaid]

Un centre des services secrets syriens a par ailleurs été attaqué près de Damas par des militaires dissidents, la première attaque de ce type en huit mois de contestation contre le régime. Cette assaut a été mené par "l'Armée syrienne libre", une force d'opposition armée dont la création a été annoncée en juillet par le colonel Riad al-Assad, qui a déserté et s'est réfugié en Turquie.

"L'Armée libre a frappé avec des roquettes et des grenades RPG le quartier général des services de renseignements aériens situé à l'entrée de Damas", ont expliqué dans un communiqué les Comités locaux de coordination (LCC), une organisation de l'opposition qui coordonne les manifestations sur le terrain contre le régime de Bachar al-Assad.

Les militants, qui ont joint au texte un plan de l'attaque, ont indiqué que les prisonniers détenus par les services secrets "allaient bien", mais que leur opération n'avait pas permis leur libération.

Des sanctions de la Ligue arabe

Le plan de la Ligue arabe prévoit un "arrêt immédiat" de la violence et le "retrait des chars". [KHALED ELFIQI]
Le plan de la Ligue arabe prévoit un "arrêt immédiat" de la violence et le "retrait des chars". [KHALED ELFIQI]

Dans le même temps, les chefs de la diplomatie de la Ligue arabe se sont retrouvés à Rabat (Maroc), afin de confirmer officiellement leur décision de suspendre la Syrie, à cause de la poursuite de la répression des manifestations contre le régime de Damas. Une réunion boycottée par le ministre syrien Walid al-Mouallem.

La décision de suspendre la Syrie, geste inédit et très lourd de signification de la part de l'organisation panarabe, a été prise ce week-end, alors que la répression continuait d'atteindre des sommets.

Et ce malgré l'adoption, le 2 novembre, d'un plan arabe de sortie de crise, prévoyant notamment le retrait des chars de l'armée syrienne des villes, la libération des prisonniers politiques et l'arrêt de la répression sanglante du soulèvement déclenché à la mi-mars. Damas avait fait mine d'accepter ce plan, mais sans le mettre en application, hormis la libération d'un millier de détenus. La Ligue arabe a donné donné trois jours à la Syrie, à compter de ce mercredi pour accepter son plan.

Avant la réunion, des manifestants syriens ont attaqué l'ambassade du Maroc à Damas à coups de pierres et ils ont abaissé le drapeau, a précisé l'ambassadeur, qui a dit avoir "rencontré un groupe de protestataires, écouté leurs doléances" et leur a "expliqué le contexte dans lequel se tient la réunion de Rabat".

agences/boi

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Plus de 3500 morts en huit mois

La Syrie est secouée depuis la mi-mars par un mouvement de contestation sans précédent, qui tend à dégénérer en conflit armé.

Les défections et les affrontements entre soldats de l'armée régulière et déserteurs se sont multipliés ces dernières semaines dans le pays, où la répression de la contestation a fait plus de 3500 morts, selon l'ONU.

Lundi, 34 soldats et 12 déserteurs avaient ainsi péri dans la province de Deraa (sud) lors d'affrontements armés, selon l'OSDH. Le nombre de victimes a atteint 90 pour la seule journée de mardi