La réunion des dix pays du bloc régional s'élargira samedi au sommet de l'Asie orientale (EAS, East Asia Summit) qui regroupe 18 Etats, dont pour la première fois la Russie et les Etats-Unis, avec la présence annoncée du président américain Barack Obama.
Jeudi, au premier jour du sommet, l'ASEAN a officiellement accepté la candidature de la Birmanie pour prendre la présidence tournante du bloc en 2014, consacrant le retour de l'ancien régime militaire sur la scène diplomatique régionale, après une année de gestes d'ouverture en direction de l'opposition et notamment la libération de la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi.
La présidence birmane, qui avait déjà été recommandée mercredi par les ministres des Affaires étrangères de l'ASEAN, était jugée prématurée par Washington et plusieurs organisations des droits de l'homme. Elle devrait être conditionnée à "la libération immédiate de tous les prisonniers politiques", estime l'organisation Human Rights Watch dans un communiqué diffusé jeudi.
Deux cents dissidents ont été relâchés le mois dernier par le nouveau régime birman, qui se présente comme "civil" mais est soutenu par l'armée. Près de 600 personnes restent cependant derrière les barreaux pour leurs opinions politiques, selon La Ligue nationale pour la démocratie de Aung San Suu Kyi.
Washington vs Pékin
Les tensions en mer de Chine méridionale, où les revendications territoriales de Pékin s'opposent à plusieurs autres pays de la région, devraient également s'inviter aux débats des sommets de l'Asean et de l'Asie orientale, les Etats-Unis ayant fait part de leur intention d'évoquer le dossier.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a ainsi lancé un avertissement mercredi, lors d'un déplacement aux Philippines: "Tout pays a le droit de faire une revendication mais il n'a pas le droit de le faire par l'intimidation ou la coercition", a-t-elle déclaré.
Les Philippines, un des pays qui a le plus maille à partir avec Pékin à ce sujet, ont proposé d'instaurer une zone "de coopération" multilatérale. Mais l'idée, catégoriquement rejetée par la Chine, a été reçue très froidement au sein de l'ASEAN.
"Nous devons assurer la stabilité et la sécurité dans la région", a dit le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono dans son discours d'ouverture du sommet, dans une apparente référence aux différends maritimes. "L'ASEAN doit continuer à jouer un rôle proactif dans la résolution des problèmes", a-t-il ajouté.
Eviter la contagion de la crise
L'ASEAN, qui réunit environ 600 millions de consommateurs, devrait par ailleurs tenter d'accélérer son projet d'instaurer entre ses membres une zone de libre-échange en 2015, pour dresser un rempart à une possible contagion à la région de la crise de la dette européenne.
L'ASEAN regroupe la Thaïlande, la Malaisie, Singapour, l'Indonésie, les Philippines, Brunei, le Vietnam, le Laos, la Birmanie et le Cambodge. Le Sommet de l'Asie orientale réunit de plus les Etats-Unis, la Russie, la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l'Inde, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Cette dernière réunion sera ouverte samedi pour s'achever le même jour, en même temps que le sommet de l'ASEAN.
afp/dk
La Birmanie veut la levée des sanctions
Le gouvernement birman a appelé l'Occident à soutenir ses efforts d'ouverture en levant les sanctions retenues à son encontre depuis la fin des années 90, dans un entretien publié jeudi par le Wall Street Journal.
"Nous sommes sur le chemin vers la démocratie", a déclaré le ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement Kyaw Hsan. "C'est un processus de réformes irréversible".
"Si nous bénéficions de la coopération internationale pendant cette période, nous serons capables d'avancer bien plus vite dans notre processus de développement et bien sûr ce sera dans l'intérêt des deux parties", a estimé le ministre.
Dans ce contexte, les sanctions économiques et politiques imposées en particulier par les Etats-Unis et l'Union européenne vont "entraver notre processus de réformes et de développement", a-t-il insisté, estimant que son pays avait été contraint de se tourner vers la Chine, aujourd'hui un des principaux investisseurs en Birmanie.
Après les élections de novembre 2010, les premières en 20 ans, et la libération de l'opposante Aung San Suu Kyi, la junte s'est auto-dissoute en mars et a transmis ses pouvoirs à un gouvernement dit "civil" mais encore contrôlé par les militaires.
Ce gouvernement a notamment engagé le dialogue avec Aung San Suu Kyi et libéré en octobre environ 200 prisonniers politiques. Mais Washington et Bruxelles réclament toujours la libération des plusieurs centaines d'autres prisonniers pour envisager la levée de leurs sanctions.