En début de soirée, plusieurs milliers de manifestants, selon des journalistes de l'AFP, défilaient sur le pont de Brooklyn à New York, deux jours après le démantèlement du campement d'Occupy Wall Street du square Zuccotti, près de la Bourse. Le cortège empruntait la voie piétonne du pont, qui relie les quartiers de Brooklyn et Manhattan, dans une ambiance festive, et la circulation des véhicules n'était pas interrompue.
Tour de force
"On ne peut pas nous arrêter, un autre monde est possible!", chantait la foule sur le pont, un édifice emblématique de New York très prisé des touristes, tandis que des automobilistes klaxonnaient en signe de solidarité. Les manifestants étaient 30'000, selon le mouvement Occupy Wall Street, la police refusant de donner une estimation. Parmi eux se trouvaient de nombreux syndicalistes et des étudiants protestant contre le coût de l'éducation.
Dans un véritable tour de force, les manifestants ont réussi à projeter à l'entrée du pont, sur la façade d'un gratte-ciel, la liste des villes où le mouvement a essaimé, comme Oakland ou Seattle, et des slogans tels que "N'ayez pas peur !", "Occupez le monde" ou "Joyeux anniversaire", pour célébrer les deux mois du mouvement, né le 17 septembre à New York.
Dans la matinée, plusieurs escarmouches ont éclaté entre les manifestants et la police, dans le quartier de Wall Street, dont la police avait barricadé de nombreuses rues pour empêcher les manifestants de se rapprocher de la Bourse. Un journaliste de l'AFP a vu un manifestant battu par un policier. Un autre manifestant a été blessé au visage sur le square Zuccotti, lorsque des protestataires ont tenté de pousser des barrières métalliques, repoussés à leur tour par la police.
Une voix indépendante
Au total, selon la police, au moins 250 manifestants ont été arrêtés, sept policiers et dix manifestants blessés. D'autres manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes américaines pour cette journée d'action. Le cortège new-yorkais était parti tôt jeudi du square Zuccotti, berceau du mouvement, dont les tentes avaient été démontées par la police dans la nuit de lundi à mardi.
Les New-Yorkais cherchant à se rendre à leur travail ne pouvaient passer qu'en présentant leur badge à la police. "Wall Street est fermée !", criaient les manifestants, dont certains scandaient également le désormais fameux "nous sommes les 99%". Ce mouvement sans leader ni revendications précises, qui explique vouloir être une voix indépendante pour susciter un changement, s'est propagé dans au moins une vingtaine de villes américaines, et s'est installé sur quelques campus.
Sur la côte ouest, la police a évacué un camp anti-Wall Street et 73 personnes ont été interpellées à Los Angeles. Sur le campus de la prestigieuse université de Berkeley, près de San Francisco, une vingtaine de tentes ont été enlevées par les forces de l'ordre et plus au nord, dans l'Etat de l'Oregon, 34 personnes ont été arrêtées. A Chicago (nord), des milliers de manifestants ont bloqué le trafic à l'heure de pointe. La police a verbalisé 46 personnes. Dans la capitale Washington (est), plus de 300 personnes ont manifesté sans incident.
afp/dk
Des locaux d'UBS occupés à Londres
Une dizaine de militants anticapitalistes parmi ceux qui campent dans la "City" à Londres occupaient vendredi des bureaux vides d'UBS dans la capitale britannique, a annoncé le mouvement "Occupy London Stock Exchange". La police a indiqué "surveiller la situation", tandis qu'UBS a dit "prendre les mesures adaptées".
Ces militants, qui protestent contre les excès du monde de la finance, sont entrés pendant la nuit de jeudi à vendredi dans ces locaux situés à Hackney, un quartier de l'est de Londres, et comptent les utiliser pour une "banque d'idées".
Les protestataires londoniens, inspirés par les militants new-yorkais du mouvement "Occupy Wall Street", campent depuis le 15 octobre autour de la cathédrale Saint-Paul, dans le quartier de la City, où ils sont menacés d'expulsion par la municipalité. Ils sont aussi installés dans le square Finsbury, également dans la capitale britannique. "
Un porte-parole de la police a confirmé que les forces de l'ordre avaient été appelées vendredi matin dans l'est de la capitale en raison de la présence de manifestants, mais qu'"aucune infraction n'avait été constatée". "Nous surveillons la situation", a ajouté le porte-parole. "Nous sommes au courant de la situation et nous prenons les mesures adaptées", s'est quant à elle contentée d'indiquer la banque UBS dans un communiqué.
Jeudi soir, les militants installés devant Saint-Paul ont refusé de se soumettre à un ultimatum des autorités municipales, qui leur avaient donné jusqu'à 19h00 pour plier leurs tentes, ouvrant la voie à une bataille judiciaire, qui pourrait durer des semaines.