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La Syrie se dirige vers une guerre civile

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Selon plusieurs pays, la militarisation de la révolte pourrait faire plonger la Syrie dans une guerre civile. - [Ugarit]
Malgré la répression, les Syriens manifestent par milliers vendredi pour appeler à l'expulsion des ambassadeurs syriens à l'étranger, au moment où les craintes d'une guerre civile s'amplifient avec la multiplication des attaques de militaires dissidents.

Sur leur page facebook, les militants pro-démocratie ont placé la journée sous le slogan "l'expulsion des ambassadeurs". "Hommes libres, chassez ces ambassadeurs du crime", écrivent-ils en appelant à des manifestations massives qui, comme tous les vendredis, ont commencé après la prière hebdomadaire de midi.

Les forces de sécurité ont tiré pour disperser la foule dans de nombreuses villes, faisant au moins cinq morts, dont un enfant, et une vingtaine de blessés, ont rapporté des militants syriens.

Jeudi, au moins 16 civils dont des enfants ont péri dans les opérations sécuritaires des troupes selon une ONG syrienne, le régime restant inflexible face aux pressions croissantes internationales et arabes pour un arrêt des violences et un départ du président Bachar al-Assad.

Mais Bachar al-Assad peut encore se targuer des soutiens de ses alliés chinois et russe qui continuent de refuser toute ingérence étrangère en Syrie et de croire à un dialogue entre le pouvoir et l'opposition en dépit des violences qui ont fait plus de 3500 morts en huit mois de révolte selon l'ONU.

Une révolte armée

La révolte populaire, qui s'exprimait jusqu'ici à travers des manifestations contre le régime, devient de plus en plus militarisée avec l'intensification des opérations de l'Armée Libre de Syrie (ASL) regroupant des soldats insoumis qui ont mené des attaques inédites aux roquettes RPG contre des centres des services secrets et du parti Baas au pouvoir.

"Il y a un risque d'évolution vers la guerre civile", a dit le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu, dont le pays a coupé les ponts avec son voisin syrien. Mais il a souligné qu'on en était pas encore là car pour l'instant "ce sont la plupart du temps des civils qui sont attaqués" par les troupes.

La veille, son homologue russe Sergueï Lavrov avait accusé l'opposition syrienne de pousser le pays "à une véritable guerre civile". Et l'ONU avait déjà, en octobre, dit craindre qu'une "lutte armée" ne dégénère en guerre civile. Mais les Etats-Unis ont refusé de parler de guerre civile en rappelant la "campagne de répression (...) contre des manifestants innocents".

Alain Juppé a affiché sa fermeté envers Damas en rappelant ses diplomates en place. [KEYSTONE - Ian Langsdon]
Alain Juppé a affiché sa fermeté envers Damas en rappelant ses diplomates en place. [KEYSTONE - Ian Langsdon]

Alain Juppé durcit le ton

Après les déclarations de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, disant qu'il était "temps pour le président Assad de démissionner", le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a jugé qu'"il est maintenant trop tard" pour le régime, faute d'avoir engagé les réformes démocratiques réclamées au début du mouvement de contestation lancé le 15 mars.

Alain Juppé a estimé que "le moment est venu d'accentuer les sanctions" contre le régime. La journée de vendredi sera un test pour le régime syrien après l'ultimatum de la Ligue arabe qui lui a donné jusqu'à samedi pour cesser les violences contre les civils sous peine de sanctions économiques, alors que tous les vendredis les troupes tirent pour disperser les manifestants.

L'intransigeance des Arabes vient du fait que Damas ne respecte pas, contrairement à sa promesse, le plan de sortie de crise arabe qui prévoyait la fin des violences, le retrait des troupes des villes, la libération de milliers de détenus et l'envoi d'observateurs arabes.

agences/vkiss

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