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Egypte: onze morts lors de heurts sur la place Tahrir

Les forces de l'ordre ont tenté dimanche de déloger els manifestants de la place Tahrir, mais ont été contraintes de refluer. [KEYSTONE - KHALED ELFIQI]
Les forces de l'ordre ont violemment tenté dimanche de déloger les manifestants de la place Tahrir, mais ont été contraintes de refluer. - [KEYSTONE - KHALED ELFIQI]
Les nouveaux heurts qui se sont produits dimanche sur l'emblématique place Tahrir au Caire ont fait onze morts, à seulement huit jours du premier scrutin législatif depuis le départ d'Hosni Moubarak. Les manifestants reproche à l'armée de bloquer le processus révolutionnaire.

Au moins onze personnes ont péri dimanche sur la place Tahrir au Caire, dont au moins quatre par balles réelles, dans des affrontements entre la police et des manifestants réclamant la fin du pouvoir militaire, a constaté un correspondant de l'AFP.

Auparavant, Mohammed Fattouh, qui dirige un hôpital de campagne, avait affirmé à l'AFP avoir reçu trois nouveaux corps portant des traces de balles réelles, après que des médecins avaient rapporté la mort de quatre autres personnes, dont une par balle réelle et trois par asphyxie.

La police anti-émeutes et la police militaire sont brièvement entrées dimanche sur cette place emblématique du centre-ville, avant de refluer dans les rues adjacentes face à une vive résistance de quelques milliers de manifestants présents.

Deux protestataires avaient déjà été tués au Caire et à Alexandrie samedi, première journée d'affrontements meurtriers qui ont fait monter la tension en Egypte, où le premier scrutin législatif depuis la chute Moubarak doit se tenir dans huit jours.

Quelque 750 personnes ont également été blessées dans la nuit sur la place Tahrir, selon le ministère de la Santé. Les heurts qui avaient commencé samedi matin se sont poursuivis dans la nuit avant de reprendre dimanche matin et s'intensifier dans l'après-midi, notamment aux abords du ministère de l'Intérieur, proche de Tahrir, rappelant les scènes de la révolte anti-régime du début de l'année, avec toutefois une moindre ampleur.

Pouvoir militaire contesté

Sur la place, des groupes de manifestants ont scandé des slogans hostiles au pouvoir militaire, réclamant la chute du maréchal Hussein Tantaoui, à la tête du Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui dirige le pays depuis le départ du président Moubarak, chassé par une révolte populaire en février.

Les heurts entre police et manifestants ont fait deux morts samedi, dont un sur la place Tahrir. [Stringer]
Les heurts entre police et manifestants ont fait deux morts samedi, dont un sur la place Tahrir. [Stringer]

"Le Conseil des forces armées poursuit la politique de Moubarak, rien n'a changé après la révolution", a déclaré à l'AFP Khaled, 29 ans, alors qu'il installait une tente au centre de la place Tahrir.

"A bas Tantaoui", ont scandé également des manifestants hostiles à ce militaire septuagénaire, qui fut pendant vingt ans le ministre de la Défense de Hosni Moubarak et l'un de ses plus proches collaborateurs.

De nombreuses personnes brandissaient des grenades lacrymogènes et des balles de fusils de chasse, alors que d'autres balayaient la place jonchée de détritus calcinés. Dans la nuit, des affrontements ont fait deux morts, un au Caire et l'autre à Alexandrie.

Craintes pour les prochaines élections

Ces troubles ont relancé les craintes que les législatives qui doivent débuter le 28 novembre et s'étaler sur plusieurs mois ne soient marquées par des incidents et des violences. Un membre du CSFA, le général Mohsen al-Fangari, a assuré que ces élections se tiendraient comme prévu et que les autorités étaient en mesure d'assurer la sécurité.

"Nous n'allons pas céder aux appels pour reporter le scrutin. Les forces armées et le ministère de l'Intérieur sont capables d'assurer la sécurité des bureaux de vote", a-t-il déclaré sur la chaîne satellitaire égyptienne Al-Hayat.

Le gouvernement de transition égyptien a annoncé samedi qu'ils se réunirait dimanche pour examiner les derniers événements survenus à Tahrir et ailleurs dans le pays.

"Nous sommes à une période charnière et à la veille des élections législatives (...) ce qui implique de faire appel à la raison et de faire passer l'intérêt du pays et de la révolution en premier", a déclaré le gouvernement dans un communiqué lu dans la nuit à la télévision.

afp/ats/mre

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Demande de délai pour les législatives

Plusieurs personnalités politiques et intellectuels, parmi lesquels l'ancien chef de Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Mohamed ElBaradei, ont publié un document demandant un délai supplémentaire pour ces élections, dans le cadre d'une révision du calendrier politique du pays.

Ils proposent d'avoir d'abord une assemblée constituante, puis des présidentielles et enfin des législatives.

Les militaires quant à eux ont décidé de mettre la présidentielle -à une date non encore décidée- à la fin de ce processus politique, et de ne rendre le pouvoir aux civils qu'une fois élu un nouveau chef de l'Etat.