Le ministre de l'Information Osama Haikel, cité par l'agence officielle égyptienne Mena, a ensuite déclaré que l'armée ne s'était pas encore prononcée, laissant planer l'incertitude sur cette vacance, à une semaine du premier scrutin législatif depuis le départ de Hosni Moubarak, chassé du pouvoir par une révolte populaire le 11 février dernier.
Démission en bloc du gouvernement
Un peu plus tôt lundi, le porte-parole du cabinet, Mohamed Hijazi, avait annoncé que le gouvernement avait présenté sa démission "au vu des circonstances difficiles que traverse actuellement le pays", selon des propos rapportés par l'agence officielle Mena.
Lundi matin, le ministre égyptien de la Culture, Emad Abou Ghazi, avait déjà annoncé sa démission pour protester contre la réaction du gouvernement face aux violences entre manifestants et forces de l'ordre.
Plus de 20 morts
Depuis samedi, des affrontements meurtriers opposent la police à des milliers de manifestants, notamment sur l'emblématique place Tahrir au Caire. Vingt-quatre personnes ont officiellement péri dans ces heurts qui touchent plusieurs villes du pays, où la révolte populaire a poussé Hosni Moubarak au départ le 11 février.
Un responsable de la morgue avait auparavant fait état de 33 décès, mais les autorités ont ensuite précisé que 11 personnes étaient décédées dans des circonstances sans aucun lien avec les affrontements.
Ces violences, qui ont également fait plusieurs centaines de blessés, interviennent à une semaine du début des premières élections législatives depuis la chute de Hosni Moubarak, prévues le 28 novembre et qui doivent s'étaler sur plusieurs mois.
Sur l'emblématique place Tahrir notamment, les manifestants réclament la fin du pouvoir militaire qui s'est installé au départ de Hosni Moubarak, qu'ils accusent de vouloir rester à la tête de l'Etat et de perpétuer le système répressif en place sous l'ancien président.
Essam Charaf, nommé à la tête du gouvernement en mars, était très populaire à son arrivée parmi les militants pro-démocratie, mais son image s'est ensuite ternie en raison du peu de pouvoir de son gouvernement face à la tutelle de l'armée et de la lenteur de la mise en oeuvre de réformes.
Violences dénoncées par des diplomates
Des dizaines de diplomates égyptiens ont condamné lundi les affrontements meurtriers de ces trois derniers jours, appelant à "la fin immédiate des attaques contre les manifestants pacifiques".
"Nous, un groupe de diplomates égyptiens qui nous sommes ralliés à la révolution honorable de janvier (qui a renversé Hosni Moubarak) avec notre coeur, notre esprit et notre corps, sommes témoins aujourd'hui d'une agression contre la dignité du peuple", ont affirmé dans un communiqué 140 diplomates rattachés au ministère égyptien des Affaires étrangères et à des missions à l'étranger.
afp/mej
Vives craintes pour les législatives
Le général Mohsen al-Fangari a assuré que les élections auraient lieu comme prévu: "Nous n'allons pas céder aux appels pour reporter le scrutin. Les forces armées et le ministère de l'Intérieur sont capables d'assurer la sécurité des bureaux de vote", a-t-il affirmé
Plusieurs personnalités politiques et des intellectuels, parmi lesquels l'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique Mohamed ElBaradei, ont réclamé un délai supplémentaire pour ces élections, dans le cadre d'une révision du calendrier politique.
Ils proposent d'élire d'abord une assemblée constituante, puis un président et enfin un Parlement.