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L'armée égyptienne fait quelques concessions

Ces manifestants, réunis place Tahrir, réclament encore et toujours le départ de l'armée. [Mohamed Abd El-Ghany]
Ces manifestants, réunis place Tahrir, réclament encore et toujours le départ de l'armée. - [Mohamed Abd El-Ghany]
Le pouvoir militaire égyptien a fait mardi des concessions aux dizaines de milliers de manifestants qui réclament depuis trois jours son départ. Il a conclu avec les partis politiques un accord pour la formation d'un gouvernement de "salut national" et accepté d'avancer la date de la présidentielle.

Dans une allocution télévisée, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, qui dirige le Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir, a annoncé que l'élection présidentielle devrait avoir lieu avant la fin juin.

Les affrontements ne s'arrêtent plus depuis quatre jours au Caire. [REUTERS - Mohamed Abd El Ghany]
Les affrontements ne s'arrêtent plus depuis quatre jours au Caire. [REUTERS - Mohamed Abd El Ghany]

Jusqu'à présent, le calendrier des militaires ne prévoyait pas de présidentielle avant la fin 2012 ou le début 2013. Ce retard dans le transfert du pouvoir est au coeur des revendications des manifestants qui s'opposent depuis samedi aux forces de l'ordre sur la place Tahrir au Caire.

Les affrontements ont fait 36 morts, selon le chef du Conseil suprême des forces armées, et la contestation a gagné la ville d'Alexandrie, où des milliers de personnes se sont massées devant le QG local de l'armée.

Mohamed Hussein Tantaoui a également assuré que l'armée était prête à rentrer immédiatement dans ses casernes si la population exprime un tel souhait par référendum. Et il a confirmé que les législatives, dont la première phase doit débuter lundi, auraient lieu dans les délais prévus.

Démission du gouvernement acceptée

Le chef du CSFA, qui a rencontré dans la journée les représentants de cinq formations politiques, dont l'influente confrérie islamiste des Frères musulmans, a par ailleurs annoncé qu'il acceptait la démission du gouvernement intérimaire d'Essam Charaf, intervenue lundi à la suite des manifestations et de violences.

Selon des responsables politiques qui ont participé aux entretiens, l'armée a en outre accepté de former "dans les jours qui viennent" un gouvernement de salut national, que les manifestants appellent de leurs voeux.

Mohamed ElBaradei Premier ministre?

Selon une source militaire, le CSFA a également évoqué durant cette réunion la possibilité de nommer l'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei, au poste de Premier ministre. Des incertitudes continuent de planer sur l'ampleur du remaniement auquel sont prêts à procéder les militaires. Une solution pourrait être de remplacer les ministres de l'Intérieur et de l'Information, particulièrement impopulaires.

Lundi, le CSFA avait reconnu pour la première fois depuis le début des violences que le pays était en "crise", huit mois après avoir nommé le gouvernement de Essam Charaf pour gérer les affaires courantes. Pour l'heure, l'armée dit qu'elle n'interviendra pas dans les manifestations.

Selon Amnesty international, le CSFA "a étouffé la révolution" et certaines violations des droits de l'Homme commises depuis qu'il est au pouvoir sont pires que sous le régime Moubarak.

Trois jeunes Américains arrêtés

Les Etats-Unis ont eux condamné "l'usage excessif de la force" par la police et demandé au gouvernement de protéger le droit de manifester. Trois Américains ont été arrêtés "en relation avec les manifestations", a annoncé par ailleurs sans autre détail le département d'Etat.

Selon des médias américains notamment, trois étudiants américains qui étaient en échange académique à l'université américaine du Caire ont été arrêtés lundi parmi d'autres manifestants au Caire.

agences/mej/mre

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