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République démocratique du Congo: scrutin tendu

La seconde élection présidentielle de la République démocratique du Congo (RDC) depuis la guerre de 1998-2003 a eu lieu lundi dans de vives tensions et violences. Quatre bureaux de vote ont été attaqués, faisant entre sept et onze morts. Le dirigeant de l'opposition a lui eu des difficultés à voter.

Quelque 32 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour la présidentielle et des élections législatives (500 députés à élire). Selon les sources, entre 4 et huit rebelles, deux policiers et une civile venue voter ont été tués à Lubumbashi, dans la province du Katanga (sud-est)(voir carte ci-contre). Onze rebelles ont été arrêtés.

Trois autres bureaux de vote ont été incendiés par des habitants dans le Kasai occidental, province voisine où l'opposition au président Joseph Kabila est forte, a annoncé François Badibanga, porte-parole du Renosec, comité de surveillance des élections.

Une observatrice électorale a été grièvement blessée à la suite d'une émeute liée au scrutin et se trouve actuellement entre la vie et la mort, a-t-il ajouté.

Dans le reste du pays, le scrutin a eu lieu dans le calme. Même la capitale Kinshasa, théâtre de violents heurts entre camps rivaux qui ont fait au moins deux tués samedi, était calme.

Casse-tête logistique

Le président Kabila est favori à sa propre succession face à une opposition divisée et malgré des progrès économiques limités. Pas moins de 18'500 candidats briguent les 500 sièges du Parlement et Joseph Kabila, fils de feu Laurent-Désiré Kabila, a dix adversaires face à lui.

Les bureaux de vote ont ouvert à 6h00. Les résultats provisoires de la présidentielle sont attendus le 6 décembre au plus tard, ceux des législatives le 13 janvier. Le scrutin, dans ce pays vaste et par endroits instable, constitue un casse-tête logistique mais les autorités assurent que les difficultés seront surmontées.

Des hélicoptères venus d'Afrique du Sud et d'Angola ont continué cette semaine d'acheminer le matériel électoral dans des zones parfois accessibles uniquement par pirogue ou par la brousse.

A Kinshasa même, des électeurs se sont plaints de la confusion qui régnait, ne sachant pas où ils devront déposer leur bulletin. Nombre de spécialistes prédisaient un report ou un vote étalé sur plusieurs jours, à moins d'une participation très faible.

Kabila divise

Joseph Kabila a accédé au pouvoir après l'assassinat de son père en 2001 et remporté l'élection présidentielle de 2006. Il divise actuellement les 71 millions de Congolais. Certains lui savent gré d'avoir unifié le pays après la guerre et ses millions de tués mais d'autres jugent qu'il n'a pas fait reculer la corruption.

Il reste néanmoins le favori aux yeux de la plupart des observateurs. Discret et taciturne, âgé de 40 ans, il a réussi à conserver le soutien de puissances étrangères et à se réconcilier avec le Rwanda. Sur le plan intérieur, il a passé des alliances qui ont consolidé son pouvoir.

agences/lan

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L'opposition désunie

Les figures de l'opposition ne sont pas parvenues à s'entendre sur un candidat commun malgré de longues négociations.

Vital Kamerhe, ancien ministre de M. Kabila et grand artisan de sa victoire en 2006, est considéré comme l'opposant ayant mené la campagne la plus professionnelle.
Il est très populaire aux Nord et Sud-Kivu, d'où il est originaire et où la population en veut au président pour n'avoir pas ramené la paix.

Deux anciens ministres de l'ex-président Mobutu Sese Seko sont également candidats, à près de 80 ans.

L'un des fils du maréchal qui a régné durant 31 ans, François-Joseph Nzanga Mobutu, se présente pour la seconde fois. Âgé de 41 ans, il veut profiter de la nostalgie du Zaïre de Mobutu.

A 78 ans, Etienne Tshisekedi, opposant historique de M. Mobutu, brigue lui aussi la présidence. Il avait boycotté le précédent scrutin en dénonçant des fraudes. Sa campagne a démarré tard mais a gagné en puissance.

Lundi, après avoir été empêché de voter par la police dans un bureau de vote, il a finalement pu voter dans un autre bureau électoral de Kinshasa.