"Les règles doivent être respectées", a-t-elle martelé, "leur respect doit être contrôlé, leur non-respect doit être suivi d'effet". Angela Merkel a répété sa ferme intention de convaincre ses partenaires de la nécessité de changer les traités européens pour y ancrer plus de discipline budgétaire. C'est avec cette idée en tête qu'Angela Merkel ira à Bruxelles la semaine prochaine, a-t-elle redit. Avant cela, elle se rendra à Paris lundi pour préparer des propositions avec le président français Nicolas Sarkozy. Celui-ci a promis "plus de discipline, plus de solidarité, (...), un véritable gouvernement économique" en Europe, dans un discours prononcé jeudi dans le sud-est de la France (lire: Crise de la zone euro).
Tous les espoirs sont dorénavant tournés vers la réunion des dirigeants européens les 8 et 9 décembre dans la capitale européenne, prochaine étape dans la succession de sommets présentés comme "décisifs" mais impuissants pour le moment à contenir l'embrasement de la crise de la dette. D'ailleurs analystes et économistes se font peu d'illusions. "Cette fois-ci non plus il n'y aura pas le grand pas vers la délivrance espérée", commentaient vendredi ceux de Commerzbank.
"Ca va prendre des années"
Angela Merkel elle-même l'a redit: "le grand coup, le coup de massue" solution de tous les problèmes n'existe pas. Remédier aux causes du mal - les dérapages des finances publiques, la faible compétitivité de certains pays - "va prendre des années". Sans compter qu'il se fera certainement sur fond de tensions sociales: des dizaines de milliers de personnes manifestaient ainsi vendredi matin à Bruxelles pour protester contre les mesures d'austérité que va mettre en oeuvre le nouveau gouvernement.
Les marchés semblaient pourtant vouloir croire à un sursaut vendredi: Francfort prenait 1,55%, Paris 1,51%, Madrid 1,69% à 11H10 GMT. Les investisseurs n'ont pas été refroidis par des déclarations en provenance de la Chine, sur laquelle beaucoup en zone euro comptent pour venir les renflouer. "L'argument que la Chine devrait venir en sauvetage à l'Europe ne tient pas", a déclaré la vice-ministre chinoise des Affaires étrangères, Fu Ying. "Nous ne pouvons pas utiliser les réserves de change (...) pour venir au secours de pays étrangers", a-t-elle ajouté. La chancelière allemande a de son côté reconnu qu'il y avait "encore des difficultés à surmonter" pour sortir la zone euro de l'ornière.
afp/ps
La BCE divise Paris et Berlin
La question du rôle de la Banque centrale européenne (BCE) dans la lutte contre la crise continue de diviser profondément Paris et Berlin. Angela Merkel n'a pas dévié de son refus à laisser la BCE intervenir en faveur des Etats. "C'est gravé dans les traités, le devoir (de la BCE) est d'assurer la stabilité de la monnaie", a-t-elle dit, recueillant les applaudissements de son auditoire. Mais l'indépendance de l'institution est "le bien suprême de nos démocraties", a-t-elle ajouté, signalant qu'elle ne pourrait pas s'opposer à une décision venue de Francfort (ouest), siège de la BCE.
Le président de la BCE, Mario Draghi, ne semble toutefois pas prêt à ouvrir les vannes pour le moment. Il a exigé jeudi que les pays de la zone euro prennent des engagements forts pour la création d'une union budgétaire. Dans les faits, la BCE en fait déjà beaucoup pour soutenir un secteur bancaire européen quasi-paralysé. Les dépôts au jour le jour des banques de la zone euro auprès d'elle ont affiché vendredi leur deuxième record annuel d'affilée, signe qu'elles répugnent toujours autant à se prêter entre elles.
Un autre point de friction est l'introduction d'"euro-obligations" communes à tous les pays de la zone euro. Une telle mutualisation de la dette ne pourra intervenir qu'une fois la zone euro dotée "de possibilités d'intervention crédibles" face aux dérapages budgétaires des uns et des autres, a dit Mme Merkel. Tant que les institutions européennes n'exercent pas de contrôle sur les dépenses et recettes des membres de la zone euro, "une mutualisation de la dette est exclue", a-t-elle dit.