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Syrie: l'ONU condamne la répression

La Haut Commissaire de l'ONU Navi Pillay a averti que la répression brutale et continue des autorités syriennes pourrait conduire le pays dans une situation de guerre civile. [Laurent Gillieron]
La Haut Commissaire de l'ONU Navi Pillay a averti que la répression brutale et continue des autorités syriennes pourrait conduire le pays dans une situation de guerre civile. - [Laurent Gillieron]
Le Conseil des droits de l'homme a condamné vendredi par 37 voix contre quatre et six abstentions la poursuite des violations graves et systématiques des droits de l'homme en Syrie. Il a décidé de créer un mandat de rapporteur spécial pour suivre la situation en Syrie.

La résolution adoptée endosse les recommandations de la commission internationale d'enquête et transmet son rapport au secrétaire général de l'ONU et à tous les organes pertinents de l'ONU pour prendre les mesures appropriées. La Suisse a voté pour en même temps que tous les pays occidentaux.

Hostilité de la Russie

La Russie, la Chine et Cuba ont demandé le vote et ont voté contre. La Russie a dénoncé un texte "unilatéral et politisé" qui "sort du mandat du Conseil". Son représentant a estimé que la résolution est "partiale", car "elle impute la faute uniquement au gouvernement syrien" et "ignore les crimes graves commis par les forces antigouvernementales". Le délégué de Moscou a aussi rejeté la mention dans la résolution de "crimes contre l'humanité". Il a déploré un "appel clair à l'ingérence dans les affaires intérieures" de la Syrie qui "enflamme le conflit" et "attise l'antagonisme".

Cuba a accusé de son côté les Occidentaux de vouloir "refaire en Syrie ce qu'ils ont fait en Libye". La Chine s'est aussi opposée à l'adoption de la résolution, présentée par la Pologne au nom de l'Union européenne.

Plus de 4000 morts

"La répression brutale et continue des autorités syriennes, si elle n'est pas stoppée maintenant, pourrait conduire le pays dans une situation de guerre civile", a averti la Haut Commissaire Navi Pillay.

Elle a affirmé que plus de 4000 personnes sont mortes dans les violences depuis le mois de mars, dont 307 enfants, des dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées et que plus de 14'000 personnes sont détenues en relation avec la répression. Au moins 12'400 personnes ont trouvé refuge dans les pays voisins.

Paulo Pinheiro dénonce les violences envers les enfants. [KEYSTONE - LAURENT GILLIERON]
Paulo Pinheiro dénonce les violences envers les enfants. [KEYSTONE - LAURENT GILLIERON]

"Au vu de l'échec patent des autorités syriennes de protéger leurs citoyens, la communauté internationale doit prendre des mesures urgentes et efficaces pour protéger la population syrienne", a affirmé Navi Pillay. "Le rapport de la commission d'enquête renforce la nécessité et l'urgence de traduire les responsables en justice", a déclaré la Haut Commissaire.

Projet de résolution

Les pays membres du Conseil sont appelés à se prononcer sur un projet de résolution présenté par l'Union européenne (UE) endossant les conclusions du rapport de la commission internationale chargée d'enquêter en Syrie, publié lundi. Le rapport avait conclu que des crimes contre l'humanité ont été commis par les autorités de Damas.

Le texte recommande que le rapport de la commission d'enquête soit transmis à l'Assemblée générale de l'ONU et au Conseil de sécurité de l'ONU afin que ces organes "prennent l'action appropriée". Il demande la création d'un poste de rapporteur spécial de l'ONU pour la Syrie et le déploiement d'observateurs des droits de l'homme en Syrie.

Novembre mortel

"Les enfants ne sont pas épargnés, Selon des sources fiables, jusqu'à aujourd'hui, 307 enfants ont été tués par les forces de sécurité. Novembre a été le mois le plus sanglant jusqu'ici avec 56 enfants tués", a déclaré le président de la commission d'enquête internationale Paulo Pinheiro en présentant les conclusions du rapport de la commission d'enquête. "D'autres enfants ont été détenus et torturés. Nous avons été informés de deux garçons qui sont morts sous la torture."

Il a demandé que les autorités de Damas mettent un terme immédiatement aux souffrances de la population civile. Des observateurs des droits de l'homme doivent être déployés immédiatement en Syrie pour prévenir de nouvelles violations, a-t-il dit, en exprimant son soutien à la demande de la Ligue arabe.

ats/vkiss

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La Suisse veut saisir la CPI

La Suisse a condamné vendredi devant le Conseil des droits de l'homme les violations commises par les forces de sécurité syriennes. Elle s'est déclarée en faveur de la saisie de la Cour pénale internationale (CPI). "La Suisse salue le rapport de la commission d'enquête internationale et soutient ses recommandations", a affirmé l'ambassadeur de Suisse à l'ONU Dante Martinelli devant le Conseil des droits de l'homme.

"Selon ce rapport, les forces de sécurité syriennes auraient commis des crimes contre l'humanité", a-t-il souligné. "La Suisse souhaite que le Conseil de sécurité de l'ONU défère la situation en Syrie au procureur de la Cour pénale internationale" (CPI), a déclaré le représentant du Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE).