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Le sommet européen s'est ouvert sous haute tension

L'inséparable couple politique franco-allemand souhaite un durcissement de la discipline budgétaire. [UIDO BERGMANN]
L'inséparable couple politique franco-allemand souhaite un durcissement de la discipline budgétaire. - [UIDO BERGMANN]
Un sommet de tous les dangers pour tenter de sauver l'euro s'est ouvert jeudi soir à Bruxelles dans un climat de divisions. Les dirigeants de l'Union européenne se déchirent sur la réponse immédiate à la crise de la dette et sur la révision des traités voulue à terme pour tenter de renforcer la discipline budgétaire, alors que la BCE a un peu refroidi jeudi les espoirs de soutien renforcé de sa part aux pays fragiles.

Les vingt-sept chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne se sont retrouvés peu avant 20H00 pour tenter de se mettre d'accord sur la réponse immédiate à la crise et sur la discipline budgétaire que veulent à tout prix accroître Berlin et Paris, en l'inscrivant dans le marbre d'un traité modifié.

Intransigeance de l'Allemagne sur toute implication de la Banque centrale européenne (BCE), conditions posées par la Grande-Bretagne à une révision de traité, les sujets de discorde ne manquent pas au sein de l'UE.

Le temps presse pourtant. L'agence de notation Standard & Poor's vient d'abaisser la perspective de l'ensemble de l'Union européenne et face à l'aggravation de la situation et les Etats-Unis s'inquiètent. (Lire: Crise de la dette). L'agence a enfoncé le clou en menaçant mercredi soir d'abaisser la note de plusieurs grands établissements bancaires de la zone euro, au premier chef des groupes français.

Le sommet de Bruxelles se présente sous des auspices très incertains après une réunion préparatoire mercredi soir de hauts fonctionnaires qui n'est guère parvenue à se rapprocher d'un compromis, selon une source proche des discussions.

Pessimisme ambiant

La dette publique grecque de plus de 350 milliards d'euros représente 162% du PIB du pays actuellement. [Keystone - Martin Ruetschi]
La dette publique grecque de plus de 350 milliards d'euros représente 162% du PIB du pays actuellement. [Keystone - Martin Ruetschi]

"Je suis plus pessimiste que la semaine dernière sur la possibilité d'avoir un accord total" lors du sommet de jeudi et vendredi à Bruxelles, car un "certain nombre de partenaires n'ont pas compris la gravité de la situation", avait auparavant dramatisé une source gouvernementale à Berlin.

Pour la chancelière allemande Angela Merkel, qui se fait prier pour sortir l'artillerie lourde face à la crise, l'euro doit regagner sa "crédibilité" via un durcissement de sa discipline budgétaire, a-t-elle souligné à son arrivée à Bruxelles.

Une réunion en petit comité s'est tenue peu avant le sommet avec les principaux acteurs: notamment le couple franco-allemand, la présidente du FMI, Christine Lagarde, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi.

Ce dernier joue un rôle pivot. Le renforcement de la discipline budgétaire doit dans l'esprit de beaucoup permettre à l'institut monétaire d'agir plus massivement pour aider les pays en difficulté comme l'Italie via le rachat de leur dette sur les marchés. Objectif: faire redescendre les taux d'intérêt.

Or, Mario Draghi a déçu les marchés jeudi en paraissant écarter une intervention de grande ampleur sur le marché de la dette. Il s'est aussi dit "surpris de l'interprétation" de certains de ses propos, la semaine dernière, qui avaient laissé entrevoir la possibilité d'une action forte de la BCE en échange d'un accord à Bruxelles sur une très stricte orthodoxie budgétaire.

Tensions autour d'un traité

Parmi les sujets épineux sur la table: le changement de traité voulu à tout prix par l'Allemagne, afin de graver dans le marbre une nouvelle discipline passant notamment par des "règles d'or" pour tous les pays sur l'équilibre budgétaire, des sanctions financières quasi-automatiques contre les Etats laxistes et un droit d'intrusion accru de l'UE sur les projets de budgets nationaux. (Lire: Crise de la zone euro)

Angela Markel et Nicolas Sarkozy veulent avancer "à marche forcée" [Ian Langsdon]
Angela Markel et Nicolas Sarkozy veulent avancer "à marche forcée" [Ian Langsdon]

La réforme se fera-t-elle en incluant les 27 pays de l'UE, et sous quelles modalités, ou avec les seuls 17 de la zone euro? Sur ces points, une réunion préparatoire mercredi soir de hauts fonctionnaires n'a guère permis de progrès.

La Grande-Bretagne semble vouloir des contreparties difficilement acceptables par ses partenaires pour accepter un changement de traité. Paris et Berlin semblent du coup prêts à un accord au sein uniquement de la zone euro, au risque d'élargir le fossé en Europe.

L'idée au final est de donner des gages à l'Allemagne et à la BCE pour que cette dernière accepte d'en faire plus dans la résolution de la crise de la dette. (Lire: La BCE baisse son taux clé et soutient les banques).

Question clé des pare-feux financiers

Autre sujet de friction: certains pays veulent accoucher de mesures à plus court terme, en renforçant les pare-feux financiers de la zone euro. Le Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de secours permanent de l'Union monétaire initialement prévu pour mi-2013, pourrait ainsi voir le jour un an plus tôt.

Parallèlement, Herman Van Rompuy avance d'autres pistes controversées qui visent toutes à accroître les capacités d'intervention du fonds de secours pour venir en aide, si besoin, à de grandes économies comme l'Italie ou l'Espagne.

Parmi ces solutions, figure la possibilité de considérer le MES comme un établissement bancaire pouvant se financer au guichet "illimité" de la BCE, une idée longtemps défendue par Paris mais rejetée par Berlin. Le gouvernement allemand a d'ailleurs rapidement balayé les options envisagées à Bruxelles.

Un porte-parole du gouvernement allemand s'attend à des "discussions très exigeantes et difficiles", tandis que le ministre français des Finances François Baroin a prévenu: "ni Angela Merkel ni Nicolas Sarkozy ne quitteront la table sans qu'un accord fort ne soit signé".

Le chancelier autrichien Werner Faymann a aussi fait part de son scepticisme, déclarant que ce sommet "n'atteindra pas l'objectif de créer un pare-feu complet pour la zone euro pour les trois à cinq prochaines années".

Finlande et Suède opposées au traité

La commission constitutionnelle du Parlement finlandais a par ailleurs rejeté jeudi comme étant "inconstitutionnelle" la proposition franco-allemande de recourir à un vote majoritaire pour réviser le traité de l'Union européenne.

La commission parlementaire finlandaise a souligné qu'il était "essentiel que des sujets touchant aux nouveaux mécanismes de soutien soient décidés par consensus". Selon la commission, si une procédure par vote majoritaire était adoptée, tout changement au traité constitutionnel européen devrait être approuvé par le Parlement finlandais à la majorité qualifiée des deux tiers.

Le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt a de son côté prévenu jeudi soir qu'il n'avait "pas de soutien" dans son pays pour le changement de traité de l'UE réclamé par l'Allemagne et la France afin de durcir la discipline budgétaire de la zone euro.

agences/mre/olhor

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Obama inquiet face à la crise européenne

Le président des Etats-Unis Barack Obama a appelé jeudi l'Union européenne à rassembler sa "volonté politique" face à la crise de la dette, se disant une nouvelle fois "très inquiet" de ses conséquences, avant un sommet crucial à Bruxelles. "Je suis évidemment très inquiet de ce qui se passe en Europe", a affirmé Obama lors d'une conférence de presse impromptue à la Maison Blanche, en soulignant toutefois que les Européens "reconnaissent désormais qu'il est urgent de faire quelque chose d'important et d'audacieux" dans ce dossier.

"Il n'y a aucune raison qu'ils ne puissent pas résoudre ce problème", a ajouté Barack Obama, en rappelant le statut de puissance économique majeure de l'UE. Il a estimé que les Européens "avaient la capacité" de lutter contre cette crise, "s'ils rassemblent la volonté politique" nécessaire. Ces nouvelles déclarations d'Obama, qui a récemment exprimé sa préoccupation vis-à-vis des effets négatifs d'une crise économique européenne sur la croissance mondiale et la reprise américaine, ont eu lieu quelques heures avant l'ouverture à Bruxelles d'un nouveau sommet décisif de l'UE.

Le président américain et la chancelière allemande Angela Merkel s'étaient par ailleurs entretenus mercredi soir par téléphone au sujet de la crise de la dette dans la zone euro et lui avait exprimé son soutien aux efforts déployés en Europe pour endiguer la crise de la dette.

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