Valises dans les couloirs, ouvriers dévisseuses à la main démontant stands et panneaux, grand hall d'entrée presque déserté où joue, seul ou presque, un homme au piano : le Centre de conférence de Durban donnait un surprenant spectacle après 12 jours d'intense activité avec des délégués venus de 194 pays.
Nombre de ministres, négociateurs ou militants d'ONG quittaient les lieux pour attraper un avion, suscitant des interrogations sur la possibilité d'approuver - en séance plénière - un éventuel accord dans la soirée.
Blocage des grands pollueurs
"C'est le désordre le plus complet mais nous tentons toujours de conclure un accord", a indiqué un délégué occidental qui participe aux discussions dans la cité portuaire sud-africaine. Mais les principaux émetteurs de gaz à effet de serre - Etats-Unis, Chine et Inde - continuaient de bloquer tout accord.
Le dernier texte en cours de discussion propose de s'engager vers un accord incluant tous les pays qui serait adopté en 2015. La date de son entrée en vigueur et sa nature juridique ("protocole" ou "autre instrument légal") restaient cependant flous. L'objectif de la communauté internationale est de limiter la hausse de la température de la planète à 2 degrés pour éviter un emballement de la machine climatique.
"Nous sommes désormais, pour des questions de temps, dans une situation extrêmement critique", a estimé le ministre allemand de l'Environnement, Norbert Röttgen alors que la conférence devait initialement s'achever vendredi soir. "On risque l'échec", ajoutait en écho la ministre française de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet.
Sauver Kyoto
De nombreuses voix s'interrogeaient sur l'efficacité de la stratégie de la présidence sud-africaine de la conférence lui reprochant un manque un manque de cap et de tempo. Une réunion avec les principaux acteurs des négociations a débuté en début d'après-midi, mais aucun information ne filtrait, négociateurs chinois et américains notamment sortant sans faire de commentaires.
"L'essentiel est que les gens soient assis et discutent, c'est ce qui se passe", a estimé Tosi Mpanu-Mpanu, président du groupe Afrique (54 pays), en se frayant un passage au milieu des journalistes massés devant la salle.
Le lancement d'une "feuille de route" vers un accord global est la condition posée par les pays européens pour reprendre de nouveaux engagements dans le cadre du protocole de Kyoto et ainsi le maintenir en vie.
Suspension des négociations ?
Seul traité juridiquement contraignant sur le climat, dont la première période d'engagement s'achève fin 2012, Kyoto revêt une forte charge symbolique pour les pays en développement. Son effondrement serait un signal très négatif deux ans après le psychodrame du sommet de Copenhague.
Le projet de texte évoque par ailleurs, pour la première fois, la nécessité d'augmenter le niveau d'ambition des engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, insuffisants à ce jour. Selon une étude présentée cette semaine à Durban, le monde est engagé sur la voie d'une hausse de 3,5 degrés du thermomètre mondial, loin de l'objectif de 2 degrés.
Face à l'incertitude sur l'issue des ultimes tractations en cours, certains délégués évoquaient l'hypothèse d'une suspension des négociations comme ce fut le cas en 2000, lors de la Conférence climat de La Haye. Les discussions n'ayant pu aboutir, la Conférence climat avait été interrompue et avait repris quelques mois plus tard, à Bonn.
ats/dk