Seul candidat après l'invalidation de neuf autres candidatures et soutenu par une alliance tripartite majoritaire à l'assemblée, Moncef Marzouki était sûr d'être élu.
Il a obtenu 153 voix favorables, trois contre, deux abstentions et 44 bulletins blancs, sur les 217 que compte la Constituante.
Les autres dossiers ne remplissaient pas les conditions
Selon un responsable de la commission ad hoc chargée de l'examen des candidatures, Ali Houiji, huit dossiers ont été rejetés parce que ne remplissant pas la condition de parrainage par 15 élus exigée par une disposition réglementaire et le neuvième ne répondait pas à l'âge minimum exigé (35 ans).
La "Troïka" qui domine l'assemblée regroupe autour du mouvement islamiste Ennahdha, grand vainqueur des élections d'octobre dernier (89 sièges), le CPR (29 sièges) et Ettakatol ou Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL/21 sièges).
"Un moment historique"
Moncef Marzouki succède à Fouad Mébazzaâ qui a occupé cette haute fonction au lendemain de la chute en janvier dernier du régime Ben Ali. L'ancien président a fui en Arabie Saoudite, chassé par un soulèvement populaire après avoir dirigé le pays d'une main de fer pendant 23 ans.
"C'est un moment historique", s'est réjoui peu avant la séance de vote Mondher Fehri, analyste politique auprès de l'Union européenne en saluant le "climat démocratique" dans lequel se déroulait cette élection.
Plusieurs membres de la Constituante n'ont pas caché leur "bonheur" de voir "pour la première fois un président élu démocratiquement".
Boycott du parti progressiste
En revanche, une coalition regroupant des partis importants de l'opposition notamment le Parti démocratique progressiste (PDP), le Pôle démocratique moderniste (PDM) et "Afek Tounès" (Perspectives de Tunisie) a renoncé de présenter un candidat comme initialement prévu et décidé de boycotter le vote en remettant des bulletins blancs.
Ils protestaient ainsi contre la non délimitation de la durée du mandat présidentiel et le déséquilibre entre les prérogatives du chef de l'Etat et du chef du gouvernement, au profit de ce dernier, selon eux.
"On demandait une répartition équilibrée des pouvoirs pas leur concentration aux mains d'une seule personne, mais la loi (mini-Constitution adoptée le week-end dernier) a vidé les fonctions de président de la République de véritables prérogatives", a déploré Iyad Dahmani du PDP.
Le numéro 2 d'Ennahdha pressenti comme Premier ministre
Le chef du gouvernement pressenti est le numéro 2 d'Ennahdha, Hamadi Jebali. Chokri Yaïche du parti "Afek Tounès" a, lui, regretté que "cette fête de la démocratie soit tronquée par le déséquilibre entre les pouvoirs du président et du chef du gouvernement et par la durée indéterminée du mandat de la Constituante".
"De quelle démocratie peut-on parler en l'absence d'équilibre entre les pouvoirs et de compétition entre plusieurs candidats?", s'est interrogé Slaheddine Zahaf (indépendant).
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