La Ligue nationale pour la démocratie (LND), qui avait boycotté les élections de novembre 2010, est désormais en mesure de présenter des candidats, dont la lauréate du prix Nobel de la paix elle même, aux législatives partielles attendues d'ici quelques mois mais dont la date n'a pas été annoncée.
Un dossier "en accord avec la loi"
"La commission électorale de l'Union a autorisé la formation" de la LND "dès lors que le dossier d'enregistrement comme parti politique" déposé le 25 novembre à Naypyidaw est "en accord avec la loi", a indiqué le journal anglophone.
Le parti, au sein duquel l'opposante a fait toute sa carrière politique, avait été dissous en mai 2010 par la junte alors au pouvoir, suite à son annonce du boycott du scrutin de novembre suivant. Suu Kyi a longtemps défendu cette stratégie, refusant de cautionner un scrutin qualifié de "mascarade" par l'Occident.
Depuis, les militaires ont pourtant mis en place un régime "civil" certes toujours sous leur contrôle, mais à la tête duquel le président Thein Sein a multiplié les réformes, espérant sortir de l'isolement international qui épuise le pays.
La LND a indiqué mardi ne pas avoir encore reçu l'accord formel de la commission. Certains des 21 membres fondateurs officiels vont se rendre à Naypyidaw pour les dernières démarches, a précisé un porte-parole du parti. "Cette autorisation était ce que nous attendions", s'est réjoui Nyan Win.
Une nouvelle ère pour Aung San Suu Kyi
Aung San Suu Kyi, 66 ans, que les Birmans appellent respectueusement la "Dame" de Rangoun, va donc pouvoir entrer elle-même dans le combat électoral pour la première fois de sa vie. Au début du mois, lors d'une visite historique de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, l'opposante s'était déclarée "confiante" dans le fait que son pays était sur "la voie vers la démocratie".
En 1990, la LND avait humilié le régime militaire en remportant 392 des 485 sièges à pourvoir. Mais les généraux avaient refusé de s'incliner. En passe de devenir une icône mondiale de la démocratie, Suu Kyi était alors déjà privée de liberté et l'est restée pendant 15 des 21 années suivantes. Elle a été libérée le 13 novembre 2010.
La LND, désormais tournée vers un nouvel avenir sur l'échiquier politique officiel, s'est dotée d'un nouveau logo électoral diffusé lundi dans la presse locale. Autrefois identifiable à un chapeau de bambou, elle sera désormais reconnaissable dans les bureaux de vote par une image sur laquelle figure un paon de combat qui tend le cou vers une étoile, symbole de la révolution.
afp/hof