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La taupe présumée de WikiLeaks comparaît

La photo sur Facebook, le 29 novembre 2010, du soldat américain Bradley Manning, suspecté d'avoir fourni des documents à Wikileaks
La photo sur Facebook, le 29 novembre 2010, du soldat Bradley Manning, suspecté d'avoir fourni des documents à Wikileaks.
Le jeune soldat américain Bradley Manning a comparu vendredi pour la première fois devant la justice militaire depuis les fuites sur le site WikiLeaks qui ont ébranlé la diplomatie mondiale. Sa défense a accusé d'emblée le tribunal de partialité.

Après 18 mois de détention, le jeune homme, qui aura 24 ans samedi et dont on ne connaissait que le sourire figé sur des photos publiées dans le monde entier, a fait sa première apparition publique, les yeux cachés par d'épaisses lunettes noires, sur la base de Fort Meade, près de Washington.

Vêtu d'un uniforme vert de camouflage, cet ancien analyste de renseignements en Irak a calmement répondu au procureur militaire, le lieutenant-colonel Paul Almanza, qu'il comprenait les charges qui pèsent contre lui.

Il est accusé d'avoir transmis au site Internet Wikileaks, entre novembre 2009 et mai 2010, des documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan, ainsi que 260'000 dépêches diplomatiques du Département d'Etat.

Accusé notamment de "collusion avec l'ennemi" et "diffusion de renseignements militaires", il risque la prison à vie.

Récusation exigée

Mais dès l'ouverture des débats, son avocat civil, épaulé par deux avocats militaires, a exigé que l'officier chargé de l'enquête, un procureur militaire de carrière, se récuse, estimant que l'accusation risquait d'être partiale. L'accusation a soumis une liste de 20 témoins et "ils ont tous reçu l'autorisation de déposer", a déclaré l'avocat.

En revanche, la défense a, selon lui, demandé à 48 personnes de témoigner, dont 10 étaient aussi dans la liste de l'accusation, "mais seuls deux témoins sur 38 ont été acceptés". "Un observateur extérieur, une personne raisonnable, estimerait sans aucun doute qu'il y a là partialité", a estimé David Coombs.

Clinton, Gates et Obama

Parmi les témoins cités par la défense, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, l'ancien chef du Pentagone, Robert Gates et le président Barack Obama en personne. Leurs noms étaient cachés sur la liste consultée par les journalistes mais leurs identités son reconnaissables par les explications qui les accompagnent.

L'audience a immédiatement été suspendue pour que soit examinée cette demande de récusation, jugée "plutôt rare" par un expert en justice militaire interrogé par l'AFP.

Au cours de cette audience préliminaire qui doit durer cinq jours, il ne s'agit pas de déterminer si le soldat est coupable ou innocent. La cour va uniquement passer en revue les accusations qui le visent. Les enquêteurs devront ensuite dire s'ils se prononcent pour qu'une cour martiale se saisisse de l'affaire. Le procès ne devrait pas se tenir avant le printemps 2012.

agences/pym

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