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Les derniers soldats américains ont quitté l'Irak

Lucas Jackson
Les derniers soldats américains quittent l'Irak, près de neuf ans après le début de la guerre.
L'armée américaine a quitté dimanche à l'aube l'Irak, près de neuf ans après l'avoir envahi et renversé le dictateur Saddam Hussein. Ce retrait intervient alors que ce pays riche en pétrole est plongé dans une grave crise politique.

Le dernier convoi composé de 110 véhicules transportant environ 500 soldats appartenant en grande majorité à la 3ème brigade de la 1ère division de cavalerie a traversé la frontière koweïtienne à 07h30 (04h30 GMT). Le dernier véhicule est passé huit minutes plus tard.

Il y a huit ans et neuf mois, les forces américaines l'avaient franchie dans l'autre sens lors de l'opération "Iraqi Freedom", une guerre qui allait bien vite devenir la plus controversée depuis celle du Vietnam, un demi-siècle plus tôt.

Dernière base abandonnée

L'armée américaine, qui a compté jusqu'à 170'000 hommes en Irak au plus fort de la lutte contre l'insurrection, a abandonné 505 bases. Il ne restera plus que 157 soldats américains chargés d'entraîner les forces irakiennes et un contingent de Marines pour protéger l'ambassade.

"Nous avons pris en main la base Imam Ali", le nom donné par les Irakiens au Camp Adder, qui était la dernière base américaine en Irak, a déclaré fièrement le général irakien Sattar Jabbar al-Ghizi, en charge de la protection du camp.

Face au refus de l'Irak d'accorder l'immunité à des milliers de soldats américains chargés de poursuivre la formation de l'armée irakienne, le président américain Barack Obama avait décidé, le 21 octobre dernier, le retrait total des troupes.

Risque d'éclatement du pays

Les Américains laissent un pays plongé dans une crise politique, avec la décision du bloc laïque Iraqiya de l'ancien Premier ministre Iyad Allaoui de suspendre à partir de samedi sa participation aux travaux du Parlement.

Second groupe parlementaire avec 82 députés contre 159 à l'Alliance nationale, coalition des partis religieux chiites, il a dressé un réquisitoire contre "l'exercice solitaire du pouvoir" du Premier ministre Nouri al-Maliki.

"Cette manière d'agir pousse les gens à vouloir se débarrasser de la main de fer du pouvoir central d'autant que la Constitution les y autorise", faisant allusion aux récents votes en faveur de l'autonomie des provinces à majorité sunnite d'al-Anbar, Salaheddine et Diyala.

S'estimant lésés par le gouvernement à majorité chiite, les sunnites, jadis partisans d'un Etat centralisé, sont aujourd'hui portés par un mouvement centrifuge à vouloir gérer leurs régions de manière autonome, comme les Kurdes, ce qui comporte un risque d'éclatement du pays.

Le défi de la sécurité

Si l'Irak exporte environ 2,2 millions de barils de pétrole par jour, ce qui lui rapporte 7 milliards de dollars par mois, les services de base comme la distribution d'électricité et l'eau potable sont toujours défectueux. Les Irakiens interrogés étaient néanmoins satisfaits du départ des troupes américaines.

Désormais, les 900'000 éléments des forces irakiennes auront la lourde tâche d'assumer seuls la sécurité alors que les insurgés, notamment Al-Qaïda, bien qu'affaiblis, peuvent encore faire couler le sang. Ils devront aussi empêcher la résurgence des milices et une réédition d'une guerre confessionnelle entre chiites et sunnites qui avait fait des dizaines de milliers de morts en 2006 et 2007.

afp/dk

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Une guerre longue, chère et meurtrière

Ainsi s'achève une invasion lancée sans l'aval de l'ONU pour trouver des armes de destruction massives que Saddam Hussein aurait cachées. Il s'est avéré depuis que celles-ci n'existaient pas.

Cette occupation en 2003, qui deviendra à partir de 2005 une "présence étrangère requise par le gouvernement irakien", aura été fort onéreuse.

Le Pentagone a alloué près de 770 milliards de dollars en neuf ans alors que 4474 soldats américains sont morts, dont 3518 tués au combat. Plus de 32'000 militaires américains ont été blessés.

Par ailleurs, depuis mars 2003, les pertes civiles s'étaleraient entre 104'035 et 113'680, selon l'organisation britannique IraqBodyCount.org.

A cela, il faut ajouter 20'000 soldats et policiers irakiens et plus de 19'000 insurgés tués.