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Kim Jong-Il, dictateur d'un pays exsangue

Kim Jong-il, ici durant une visite d'un site industriel nord-coréen, devrait rencontrer le président russe Dmitri Medvedev. [REUTERS/KCNA]
Kim Jong-il, ici durant une visite d'un site industriel nord-coréen, a utilisé la propagande et le culte de la personnalité pour maintenir son pouvoir. - [REUTERS/KCNA]
Kim Jong-Il, dont le décès samedi a été annoncé lundi, a dirigé la Corée du Nord d'une main de fer depuis 1994 et laisse à son fils -- successeur d'ores et déjà désigné -- une économie moribonde dans un pays marqué par une famine meurtrière et de graves pénuries alimentaires à répétition.

Kim Jong-Il, âgé de 69 ou 70 ans et dont la santé était chancelante, a utilisé la propagande, un culte exacerbé de la personnalité, une armée docile et les camps de travail pour maintenir son pouvoir, comme l'avait fait son père avant lui. Il a donné tort à ceux qui prévoyaient un effondrement du régime après l'assèchement de l'aide soviétique au début des années 90.

A la fin de cette décennie, une famine a tué jusqu'à un million de personnes. Mais il est resté "le Cher Leader" et a continué un programme de fabrication d'armes nucléaires, marqué par deux essais, en octobre 2006 et mai 2009. La Corée du Nord connaît régulièrement des pénuries alimentaires sérieuses.

L'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a relevé le mois dernier une amélioration des récoltes, mais a souligné que de graves problèmes nutritionnels persistaient, estimant que près de 3 millions de personnes continueraient à avoir besoin d'une aide alimentaire en 2012.

Attaque cérébrale

Kim Jong-Il avait été victime d'une attaque cérébrale en août 2008. Il aurait également souffert de problèmes rénaux, de diabète et d'une tension élevée. Il "a succombé à un grand épuisement mental et physique", selon l'Agence centrale de presse coréenne (KCNA), agence officielle nord-coréenne (lire: Corée du Nord).

Il est décédé d'un "infarctus du myocarde sévère et d'une crise cardiaque" dans son train au cours d'un de ses traditionnels déplacements sur le terrain, a-t-elle ajouté, soulignant qu'une autopsie avait été réalisée dimanche.

Le leader nord-coréen Kim Jong-Il a rencontré ses chefs militaires. [AFP - KNS]
Le leader nord-coréen Kim Jong-Il a rencontré ses chefs militaires. [AFP - KNS]

Les analystes estimaient depuis plus quelques années que ses décisions étaient de plus en plus erratiques, telles celle de torpiller en mars 2010 une corvette sud-coréenne, causant la mort de 46 marins et entraînant une volée de sanctions. Malgré une enquête internationale, la Corée du Nord avait démenti toute responsabilité.

Certains analystes voyaient dans ces actes le fruit des effets secondaires de l'attaque cérébrale. D'autres évoquaient sa volonté d'asseoir à tout prix son plus jeune fils sur le trône du prétendant. Son état de santé a toujours relevé du secret d'Etat, tout comme sa biographie, qui s'inscrit dans la légende.

La propagande le fait naître le 16 février 1942. Une étoile et un double arc-en-ciel seraient apparus ce jour-là. Certains rapports le font naître en 1941. La montagne où il serait né, le Mont Paekdu, le plus haut sommet du pays (2744 mètres), à la frontière chinoise, est sacrée. C'est là, dit-on, qu'est née la Corée.

Nomenklatura communiste

En réalité, la plupart des historiens considèrent que Kim est né en Russie, dans un camp d'entraînement des partisans communistes d'où son père Kim Il-Sung a dirigé la guerre de résistance contre l'envahisseur japonais jusqu'en 1945. Diplômé en économie politique, le jeune homme grimpe les échelons de la nomenklatura du Parti des Travailleurs de Corée (PTC) au pouvoir. Il s'occupe notamment de propagande.

Désigné comme successeur à son père, il prend officiellement les rênes du pouvoir, trois ans après la mort de Kim Il-Sung en 1994. Il a été accusé d'avoir organisé l'attentat qui a tué 17 Coréens du Sud à Rangoun, en Birmanie, en 1983, et la destruction en vol d'un avion de la Korean Airlines (KAL) en 1987 (115 morts), quelques mois avant les jeux Olympiques de Séoul.

Kim Jong-il lors de son précédent voyage en Chine, en 2006.
Kim Jong-il lors de son précédent voyage en Chine, en 2006.

Le "Cher Leader" savait aussi très bien faire monter les enchères dans les négociations internationales entamées en 2003 pour convaincre Pyongyang de renoncer à ses ambitions atomiques. Il a régulièrement claqué la porte de ces discussions à six pays (Corées, Chine, Etats-Unis, Japon, Russie) et nargué la communauté internationale en procédant à son premier essai nucléaire le 9 octobre 2006.

Dans cette partie de poker, Kim Jong-Il savait bien que l'arme suprême est une inestimable monnaie d'échange. A l'extérieur comme à l'intérieur, où la propagande se fait une loi de glorifier les capacités de défense nationales. Le dossier est désormais entre les mains de son fils.

afp/nr

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Essais de missiles

La Corée du Nord a réalisé lundi deux essais de missile à courte portée au large de ses côtes orientales, a rapporté l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, citant un responsable gouvernemental sud-coréen non identifié.

"Ces missiles ont une portée estimée à environ 120 kilomètres", a ajouté cette source. "Nous pensons que la Corée du Nord a mené ces tests de missiles pour en améliorer l'efficacité et la portée. Nous n'y voyons rien de plus que des essais". Le ministère de la Défense sud-coréen a refusé de confirmer.

La Corée du Sud a placé son armée en état d'alerte et renforcé la surveillance de sa frontière ultra-sécurisée avec la Corée du Nord après l'annonce lundi du décès du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il.