Avec 123 civils tués selon des militants, la journée de mardi a été l'une des plus meurtrières depuis le début mi-mars de la révolte contre le régime du président Bachar al-Assad, dont la répression a fait, selon une estimation de l'ONU, plus de 5000 morts en neuf mois. La France a dénoncé une "tuerie d'ampleur sans précédent". "
A la lumière des massacres horribles" perpétrés par le régime du président Bachar al-Assad contre des "civils non armés en particulier dans les montagnes de Zaouia, à Idleb (nord) et à Homs (centre)", le CNS appelle à une réunion d'urgence de la Ligue arabe et du Conseil de sécurité, selon un communiqué.
Les autorités accusent l’opposition
Le CNS demande en particulier au Conseil de sécurité de déclarer les villes attaquées "zones de sécurité" afin qu'elles bénéficient d'une protection internationale, et d'obliger les forces du régime à se retirer de ces zones. L'opposition parle encore d'un "génocide à grande échelle" dans les montagnes de Zaouia, à Idleb et Homs et exhorte la Croix-Rouge et les autres agences humanitaires à "fournir une aide humanitaire urgente".
Les autorités syriennes ont aussitôt accusé l'opposition de vouloir saboter la mission d'observation de la Ligue arabe, qui doit débuter jeudi. "Depuis que la Syrie a signé le protocole, elle est pleinement engagée à faciliter la mission de la Ligue arabe à venir voir la réalité de la crise", a affirmé le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères. "Malheureusement, l'opposition syrienne tente sans cesse de saboter le protocole et de chercher à pousser à une intervention étrangère au lieu d'accepter l'appel à un dialogue", a-t-il ajouté.
Le CNS fait état de 250 personnes tuées ces dernières 48 heures, sans préciser s'il s'agit seulement de civils. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a parlé mercredi d'un "massacre" commis la veille à Kafroueid, où 111 civils ont été tués par les forces de sécurité alors qu'ils tentaient de fuir ce village situé dans la région de Jabal al-Zaouia, à 330 km au nord de Damas.
Ce nouveau bilan porte à 123 le nombre de civils tués pour la journée de mardi en Syrie, 12 autres ayant péri sous les balles des forces de sécurité à Homs (centre), un haut lieu de la contestation, selon l'OSDH. De violents combats entre l'armée régulière et des déserteurs ont en outre fait une centaine de morts et de blessés mardi parmi les militaires dissidents dans cette même province d'Idleb, proche de la frontière turque.
Damas sous pression
Sur le plan diplomatique, le numéro 2 de la Ligue arabe, Ahmed Ben Helli, a annoncé mardi qu'une équipe se rendrait à Damas jeudi. Alors que le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, avait expliqué lundi que les observateurs pourraient "accéder aux points chauds mais pas aux points militaires sensibles", l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a appelé Damas à leur garantir "un accès total".
A Ryad, le Conseil de coopération de Golfe qui regroupe les six monarchies de la péninsule arabique, a demandé au gouvernement syrien de stopper immédiatement "la machine à tuer" et de libérer les détenus, "comme premier pas pour entamer l'application du protocole" sur l'envoi d'observateurs. Ces observateurs doivent en effet être envoyés pour suivre l'application d'un plan de sortie de crise qui prévoit l'arrêt de la répression, la libération de personnes emprisonnées lors de manifestations et le retrait de l'armée des villes.
L'assemblée générale de l'ONU a adopté lundi une résolution condamnant les violations des droits de l'Homme en Syrie et les 15 pays du Conseil de sécurité ont entamé des négociations sur un projet de résolution proposé par la Russie, qui condamne les violences "commises par toutes les parties". Alors que la pression internationale contre Damas ne cesse de croître, l'armée syrienne a procédé mardi à des manoeuvres militaires maritimes et aériennes à tirs réels, les deuxièmes depuis le début du mois, pour tester ses capacités de combat face à "toute agression qui viserait le sol de la patrie", a affirmé l'agence officielle Sana.
afp/bkel