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L'opposition à nouveau dans les rues de Moscou

La perspective Sakharov était noir de monde samedi après-midi à Moscou. [Denis Sinyakov]
La perspective Sakharov était noir de monde samedi après-midi à Moscou. - [Denis Sinyakov]
Une foule immense d'opposants russes - entre 25'000 et 150'000 personnes selon les sources - a participé à la plus importante manifestation contre le régime de Vladimir Poutine depuis son arrivée au pouvoir il y a douze ans. L'ancien président Mikhaïl Gorbatchev estime que Vladimir Poutine devrait quitter le pouvoir.

L'opposition a revendiqué quelque 120'000 manifestants, tandis que la police parle de 29.000 protestataires dans un communiqué. Aucun chiffre indépendant n'était cependant disponible à 12H00 GMT.

La perspective Sakharov, au centre de Moscou, était noire de monde. Elle peut contenir quelque 55'000 à 60'000 personnes. Mais de nombreux manifestants continuaient d'affluer, en remplaçant ceux qui quittaient cette vaste avenue.

Le 10 décembre, lors de la première manifestation, la police avait estimé que 25'000 personnes avaient manifesté, tandis que les médias et l'opposition évoquaient entre 50'000 et 80'000.

L'un des leaders du mouvement de contestation des législatives, Alexeï Navalny a dès lors promis "un million" de manifestants à Moscou contre le régime de Vladimir Poutine, lors du prochain rassemblement, dont la date n'a pas encore été fixée.

Rassemblements dans plusieurs villes

"La prochaine fois, nous allons faire descendre un million de personnes dans les rues de Moscou", a déclaré le célèbre blogueur anti-corruption, qui vient de sortir de prison après 15 jours de détention pour avoir participé à une manifestation interdite au lendemain des législatives.

Le résultat du scrutin du 4 décembre a déclenché un mouvement de contestation en Russie. [REUTERS - Sergei Karpukhin]
Le résultat du scrutin du 4 décembre a déclenché un mouvement de contestation en Russie. [REUTERS - Sergei Karpukhin]

La mairie de Moscou avait autorisé cette manifestation. Des rassemblements moins importants étaient aussi prévus dans des dizaines de villes de Russie. Le premier a eu lieu à Vladivostok, sur les rives de l'océan Pacifique, réunissant une centaine de personnes.

Vladimir Poutine, qui a rejeté les accusations de fraudes aux législatives, s'est moqué des manifestants lors d'une émission télévisée la semaine dernière et les a accusés d'être à la solde de l'Occident. (Lire: Législatives russes)

Appel de Gorbatchev

Les manifestants ont par ailleurs reçu samedi le soutien de plusieurs personnalités, dont l'ex-ministre des Finances, Alexeï Koudrine, que Vladimir Poutine décrivait la semaine dernière comme "un ami". Il s'est rendu à la manifestation et a réclamé des "législatives anticipées". L'ex-ministre a ensuite appelé à un dialogue entre le pouvoir et l'opposition pour éviter une révolution. "Il faut une plateforme de dialogue sinon ce sera la révolution, sinon nous perdons la chance qui est devant nous pour un changement pacifique" en Russie, a-t-il dit.

De son côté, l'ex-président soviétique Mikhaïl Gorbatchev a appelé Vladimir Poutine à immédiatement quitter le pouvoir, face à cette contestation sans précédent. "Il a déjà fait trois mandats: deux en tant que président (2000-2008), un en tant que premier ministre - trois mandats, ça suffit", a souligné Mikhaïl Gorbatchev.

Les opposants ont d'ailleurs reçu le soutien du Conseil consultatif pour les droits de l'Homme auprès du Kremlin. (Lire encadré). Le régime russe n'a fait aucun commentaire sur le rassemblement de samedi. Enfin, les jeunesses pro-Poutine Nachi (les Nôtres) ont demandé au Parquet russe d'ouvrir une enquête sur le financement du rassemblement d'opposition, estimant qu'il existait des soupçons de "blanchiment d'argent".

agences/mre

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Un conseil consultatif du Kremlin veut des législatives anticipées

Le Conseil consultatif pour les droits de l'Homme auprès du Kremlin a vivement critiqué samedi les fraudes lors des législatives du 4 décembre et réclamé un scrutin anticipé.

Le Conseil a indiqué dans un communiqué "juger nécessaire d'adopter une nouvelle législation électorale dans le but d'organiser sur cette base des élections législatives anticipées".

Selon cette instance qui n'a qu'un pouvoir de recommandation, "les nombreuses informations faisant état de bourrages d'urnes, de falsifications des procès-verbaux de résultat (...) ont conduit à une méfiance massive des citoyens concernant les résultats".

"Cela discrédite, moralement et politiquement, le système électoral et la chambre basse du Parlement qui en est issue, et ceci créé une vraie menace pour l'Etat russe", poursuit le Conseil.