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Premiers pas des observateurs à Homs en Syrie

Les observateurs ont pu accéder au quartier rebelle de Baba Amro à Homs après en avoir été empêchés par des habitants
Les observateurs ont pu accéder au quartier rebelle de Baba Amro à Homs après en avoir été empêchés par des habitants
Les observateurs de la Ligue arabe ont visité mercredi des quartiers rebelles de Homs, dans le centre de la Syrie, sur fond de craintes occidentales de voir leur mission escamotée par manque de temps ou de liberté de mouvement. La Syrie a annoncé la libération de 755 détenus "impliqués" dans le soulèvement contre le régime.

La mission des observateurs fait partie d'un plan de sortie de crise de la Ligue arabe, prévoyant également la libération des manifestants arrêtés. Ils devaient se rendre mercredi à Deraa (sud), Hama (centre), Idleb (nord-ouest) et près de Damas, des foyers de la révolte.

Ils ont aussi pu visiter des quartiers de Homs, un des bastions de la contestation et troisième ville de Syrie à 160 km au nord de Damas, où ils ont rencontré des habitants, a annoncé la télévision syrienne.

Parallèlement à cette visite, les autorités syriennes ont annoncé la libération de 755 détenus "impliqués" dans le soulèvement populaire contre le régime de Bachar al-Assad qui secoue le pays depuis bientôt neuf mois.

Mission des observateurs critiquée

Selon des militants sur place, cités par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), des observateurs ont accédé finalement au quartier rebelle de Baba Amro après en avoir été empêchés par des habitants en raison de la présence avec eux d'un officier de l'armée syrienne. Des habitants de Baba Amro reprochent aux observateurs de ne pas avoir été attentifs à leurs doléances.

Le comité des observateurs s'est rendu ensuite dans un autre quartier rebelle, Bab Sebaa, où le régime avait préparé un défilé de partisans du président Assad. L'OSDH a dit "craindre que (...) les observateurs arabes ne deviennent les faux témoins" de la situation en Syrie et quittent le pays sans avoir pu voir la réalité.

Mêmes remarques à l'étranger

Les mêmes craintes ont été soulevées par Paris. "La brièveté de leur séjour n'a pu leur permettre d'apprécier la réalité de la situation prévalant à Homs", a estimé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dont le pays est un fidèle allié du régime syrien, a indiqué que Moscou demandait de son côté à Damas de faciliter le travail des observateurs. Les mêmes craintes ont été soulevées par Washington. "Il est important qu'ils aient accès à toutes les zones afin de pouvoir mener une enquête complète", a souligné le porte-parole du département d'Etat américain, Mark Toner.

Le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi, chef de la mission des observateurs, a de son côté qualifié de "bonne" leur première visite à Homs mardi, jour où plus de 70 000 manifestants ont défilé dans un quartier de cette ville contestataire, l'une des principales cibles de la répression. "La situation semble rassurante jusqu'à présent", a-t-il affirmé. "Nous avons 20 personnes qui resteront longtemps sur place", a conclu le chef de la mission.

Il a annoncé l'arrivée de 16 observateurs arabes supplémentaires, qui ont rejoint les cinquante déjà présents depuis lundi soir pour surveiller la situation en Syrie, où un soulèvement contre le régime est réprimé dans le sang et a fait depuis mars plus de 5000 tués, selon l'ONU.

De nouveaux morts sur le terrain

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, la répression a fait 4 nouvelles victimes mercredi.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, la répression a fait 4 nouvelles victimes mercredi.

D'après l'OSDH, la répression a fait quatre nouveaux tués mercredi tandis que quatre soldats ont été tués à Deraa, berceau de la contestation. Deux civils, dont un enfant, auraient été tués par les forces de sécurité dans le quartier de Baba Amro à Homs.

A Hama, plus au nord, un manifestant aurait été abattu et plusieurs autres blessés par les forces de sécurité qui ont tiré à balles réelles et lancé des gaz lacrymogènes sur des manifestants.

Dans la province d'Alep (nord), un civil aurait perdu la vie par des tirs des les forces de sécurité dans la localité de Mareh alors qu'il rentrait d'une manifestation à Andane, où des milliers de personnes se sont rassemblées, coupant notamment la route internationale menant à la Turquie.

Dans la province de Damas, sept civils auraient par ailleurs été blessés, dont trois grièvement, dans le village al-Abada près de Douma lors d'un assaut mené par les forces syriennes.

ats/pbug

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